La fin de l'année 2016 a été très compliquée pour moi, je n'ai pas eu ni le temps ni le courage de chroniquer les livres lus fin novembre, et je ne vous parle pas des billets dans mes brouillons qui attendent que je les écrive....
Je vais donc rattraper un peu le temps perdu avec 3 chroniques en une, je m'en excuse, d'autant que ma mémoire flanche un peu sur ces lectures découvertes juste avant l'accident de mon père qui a bouleversé notre mois de décembre.
La jeune fille et la guerre (Sara Novic)
Résumé: Ana mène une existence heureuse à Zagreb avec ses parents, sa petite sœur Rahela et son meilleur ami Luka lorsque la guerre avec les Serbes éclate. Bientôt, ce sont les premiers raids aériens, la peur au quotidien, l'afflux de réfugiés. Mais le pire reste à venir: au cours d'une expédition en Bosnie pour tente de faire signer Rahela, Ana et ses parents tombent dans une embuscade. Seule survivante, Ana va apprendre le maniement des armes dans un village rebelle avant de quitter le paus et de trouver refuge aux Etats-Unis.
En Amérique, Ana tente de reconstruire sa vie et de tirer un trait sur le passé. Mais devenue jeune femme, et alors que la guerre fait de nouveau irruption dans son pays d'adoption avec le 11-septembre, elle découvre qu'il faut parfois se confronter à ses démons pour reprendre le cours de son existence.
Ce livre m'a interpelé parce que ma belle-soeur est croate, d'un père serbe et d'une mère croate, et que cette guerre elle l'a vécu, et de ce que j'ai compris (c'est difficile de poser des questions de but en blanc sur une partie sombre de son histoire), ils ont dû fuir en Italie, la guerre a divisé leur famille....
L'héroïne de ce roman est une petite fille comme elle, quasiment du même âge, qui mène une vie heureuse entre sa famille et ses amis dans Zagreb ravagée par la guerre. Mais la maladie de sa soeur les contraint à sortir du pays pour l'emmener se faire soigner, et la vie d'Ana bascule. Ses parents meurent à côté d'elle, tout en tentant de la protéger, elle se retrouve seule et va devenir un enfant soldat, prenant les armes pour défendre le village qui l'a recueillie.
Adoptée avec sa soeur aux Etats-Unis, Ana enfouit son histoire, la dissimulant même à son petit ami, jusqu'à ce que son témoignage au Nations Unies la pousse à retourner en Croatie sur les traces de son passé.
Pour son premier roman, Sara Novic nous offre une histoire émouvante, mais aussi un rappel que les enfants soldats n'existent pas qu'à l'autre bout du monde, qu'à notre porte il n'y a pas si longtemps des enfants comme nous ont vu leur pays basculer dans l'horreur, et qu'ils ont dû affronter ce qu'on ne souhaite à aucun enfant dans le monde! Une belle découverte!
Des hommes de peu de foi (Nickolas Butler)
Résumé: Nelson a 13 ans en 1962 et passe l'été avec son père dans le Wisconsin, dans un camp scout dont il est le clairon. Cette histoire raconte le tournant qu'a été pour lui cet été-là et le suit dans différentes étapes de sa vie, notamment en 1996 et en 2019, et évoque les difficultés de l'âge adulte, d'être un bon père, un bon mari, un patriote...
Après "Retour à Little Wing", j'étais impatiente de découvrir le nouveau roman de Nickolas Butler, d'autant qu'Eva en a fait une critique qui m'a donné envie de le lire. Je dois avouer que je suis mitigée sur cette lecture. Je n'ai pas réussi à accrocher avec les personnages, et camp scout à l'américaine ne me parle pas, je ne me suis pas sentie emportée. Pourtant l'idée de ces trois générations avec leurs valeurs, leurs faiblesses est intéressante, mais je n'ai pas accroché. Je vous encourage à aller lire le billet d'Eva qui est bien plus argumenté que le mien, et donne une opinion plus positive de ce roman à côté duquel je suis passée.
The girls (Emma Cline)
Résumé: Nord de la Californie, fin des années 1960. Evie Boyd, quatorze ans, vit seule avec sa mère. Fille unique et mal dans sa peau, elle n'a que Connie, son amie d'enfance. Lorsqu'une dispute les sépare au début de l'été, Evie se tourne vers un groupe de filles dont a liberté, les tenues débraillées et l'atmosphère d'abandon qui les entoure la fascinent. Elle tombe sous la coupe de Suzanne, l'aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans le cercle d'une secte et de son leader charismatique, Russel. Caché dans les collines, leur ranch est aussi étrange que délabré, mais, aux yeux de l'adolescente, il est exotique, électrique, et elle veut à tout prix s'y faire accepter. Tandis qu'elle passe de moins en moins de temps chez sa mère et que son obsession pour Suzanne va en grandissant, Evie ne s'aperçoit pas qu'elle s'approche inéluctablement d'une violence impensable. Dense et rythmé, le premier roman d'Emma Cline est saisissant de perspicacité psychologique. Raconté par une Evie adulte mais toujours cabossée, il est un portrait remarquable des filles comme des femmes qu'elles deviennent.
Encore une lecture sur les recommandations d'Eva, pour qui ce roman a été un coup de coeur. Si ce n'est pas le cas pour moi, cette lecture a été une très belle découverte. Evie adulte revient sur ce qu'elle a vécu adolescente. Parents séparés, perte de repère, Evie est attirée par un groupe de jeunes filles qui vivent sans contraintes, dans une communauté dirigée par un "gourou". Mais plus que Russel, ce gourou, c'est Suzanne qui attire Evie. Celle-ci s'intègre progressivement dans le groupe tout en conservant un semblant d'existence normale en continuant de vivre chez sa mère. J'ai beaucoup aimé l'ambiguité des sentiments et relations de Suzanne et Evie, mélange d'amour, de jalousie. On peut se demander si l'exclusion d'Evie des évènements dramatiques qui scellèrent le destin de Suzanne sont dus à de la jalousie, un besoin de contrôle ou un besoin de protection de la part de Suzanne vis-à-vis d'Evie. Dans ce roman on voit comment une jeune fille perdue peut être embarquée par une secte: Evie n'a plus de repères, elle est animée par un esprit de rébellion qui la conduit à suivre une voie dangereuse, à laquelle elle n'échappera que par hasard et par chance, et qui la poursuivra toute sa vie.
Là encore, une jolie découverte de la rentrée littéraire!
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samedi 21 janvier 2017
mercredi 25 novembre 2015
Lecture: Retour à Little Wing
Ce roman, je l'ai offert à ma mère pour son anniversaire, parce que je l'avais trouvé dans les non-pépites de 2014-2015 de Galéa, et qu'il était recommandé par la librairie où je cherchais mon bonheur (enfin surtout à ne pas acheter tous les rayons, puisque Mr Souris ne veut pas que j'achète de livres...)
Et comme d'habitude, j'ai profité de ce cadeau pour découvrir un nouveau roman, puisque j'ai pu l'emprunter derrière (bien plus vite qu'à la bibliothèque!). Dans ce cas, je vais même pouvoir le garder, mon père ayant décidé de faire le tri par le vide dans les bibliothèques de ma mère, et que j'ai sauvé de la poubelle 2 énormes sacs de livres, dont certains seront donnés à des associations, et d'autres resteront pour mon plus grand plaisir dans mes étagères ;-)
Résumé: « Ces hommes qui sont tous nés dans le même hôpital, qui ont grandi ensemble, fréquenté les mêmes filles, respiré le même air. Ils ont développé une langue à eux, comme des bêtes sauvages. » Ils étaient quatre. Inséparables, du moins le pensaient-ils. Arrivés à l’âge adulte, ils ont pris des chemins différents. Certains sont partis loin, d’autres sont restés. Ils sont devenus fermier, rock star, courtier et champion de rodéo. Une chose les unit encore : l’attachement indéfectible à leur ville natale, Little Wing, et à sa communauté. Aujourd’hui, l’heure des retrouvailles a sonné. Pour ces jeunes trentenaires, c’est aussi celle des bilans, de la nostalgie, du doute…
Sur la forme d'abord, j'ai beaucoup aimé l'alternance des narrateurs, permettant l'alternance des points de vue sur une histoire commune, en fonction des histoires personnelles, des sensibilités des personnages. Cette histoire à plusieurs voix parfois accordées, et parfois dissonantes, renforce l'impact de l'histoire en elle-même en lui donnant corps.
Sur le fond, ce roman parle d'amitié, et de l'attachement de ces hommes et ces femmes à leur terre natale, attachement viscéral qui les ramène tous vers cette ville où ils ont grandi.
L'amitié, c'est un sujet qui me touche, peut-être parce que j'ai un rapport compliqué avec ça: je n'ai pas d'amis d'enfance, je n'en ai gardé aucun, il me reste une amie de la période collège/lycée, que je vois de temps en temps, et des années prépas et école, des groupes d'amis souvent loin avec qui je communique par mail, par téléphone de temps en temps, et que je suis contente de retrouver malgré nos chemins qui s'écartent avec le temps. J'ai aussi des amis au boulot, ou que je me suis fait dans le quartier avec les enfants, mais ce n'est pas la même chose, c'est une amitié plus superficielle, une amitié de circonstance, de celles qui ne dureront pas toute une vie. Et puis enfin il y a mes amies bloggueuses, celles que je ne connais pas, mais qui me connaissent peut-être mieux que ceux qui m'entourent, celles que j'espère un jour croiser, tout en appréhendant que la rencontre ne soit pas à la hauteur de ce qu'on en attendait...
Vous comprendrez que pour quelqu'un comme moi, qui vit ses amitiés par mail interposé, une histoire d'amitié véritable, forte, de celles qui dépassent les trahisons et les aléas du destin, ça ne pouvait que me plaire. D'autant que cette amitié n'est pas sans faille: au fur et à mesure du récit, on découvre les tensions, les jalousies, les trahisons. Cette amitié se fissure, les liens se distendent presque à se rompre, mais au final, elle tient. Et j'ai aimé justement que les personnages s'en veuillent pour des faits vieux de 10 ans, qu'ils se fâchent pour des non-dits, et se réconcilient dans les galères, parce qu'on ne reste pas dans le monde des bisounours (même si ça finit bien), mais dans une amitié vraie, une qui n'est pas exempte d'obstacles, mais qui les surmonte.
A la base de ce roman, il y a les quatre amis d'enfance, Hank, Lee, Kip et Ronny, et Beth, la fille du groupe, qui a épousé Hank, mais qui dans sa jeunesse avait craqué sur Lee. Et je dois avouer que ça m'a un peu fait penser à mon groupe de copains d'école d'ingé: beaucoup de garçons à la base, peu de filles, toutes des "pièces rapportées", d'abord de l'école (comme Beth est du coin), puis celles qui sont arrivées au fur et à mesure, d'horizons différents, et qui ont dû toutes, chacune à leur tour, faire face au groupe, à sa cohésion et à son "jugement". Un peu comme Félicia,, la femme de Kip, celle qui vient de la ville, l'étrangère, mais qui va finalement trouver une véritable place dans le groupe, en devenant une véritable amie pour Beth.
Ce roman fait donc un peu écho à ce que j'ai vécu, ça me le rend peut-être plus réel.
Mais le roman ne parle pas que de l'amitié, il nous parle aussi de l'attachement à sa terre natale: Little Wing, c'est l'Amérique profonde, celle des grands espaces, des petites villes, celle où la terre est la base de tout, et à travers son roman, Butler m'a donné envie de la découvrir. Et cette terre exerce un pouvoir sur ceux qui en viennent, comme l'illustrent Lee et Kip, partis pour faire carrière, mais qui reviennent vivre là d'où ils viennent, avec même pour Kip l'ambition de lui redonner de la vie, en y créant de l'activité.
Ce roman, en le lisant, m'a vraiment fait penser à un film. Nickolas Butler m'a transporté dans cette Amérique profonde, loin de l'agitation et de la modernité des villes. Les lieux, l'ambiance, les personnages, pour moi tout était aussi clair qu'une image sur grand écran (et je suis sure qu'il y a moyen de faire une superbe adaptation).
Au final, une jolie lecture simple et optimiste, une lecture qui fait du bien!
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