Justine
Ca a commencé par un rendez-vous, "Le rendez-vous", celui d'une jeune fille qui attend sa mère dans un café, et qui au fil des heures se remémore les bons et les mauvais moments de cette enfance chahutée, peu protégée par une mère fantasque.
Cette auto-fiction, inspirée de l'enfance de l'auteur, m'a beaucoup plue. On s'émeut pour cette jeune fille, on attend sa mère avec elle, en découvrant la difficile relation mère-fille où la cette dernière bien souvent joue le rôle de la mère, une fille qui attend sa mère comme elle l'a attendue toute sa vie.
Du coup, quand 9 ans après est sorti "Rien de grave", j'ai plongé une nouvelle fois, bien avant que la "méchante" de l'histoire ne devienne notre Première Dame et que le livre ne revête une dimension "people". Là encore, Justine Lévy parle de sa vie sous forme de fiction, mais on se laisse emporter par cette histoire, on souffre avec elle, on maudit avec elle ceux qui l'ont détruite, on l'encourage à reconstruire, à se reconstruire...
L'étape suivante, c'est "Mauvaise fille", où de nouveau la mère est au centre de l'histoire. Dans ce livre, elle met en parallèle sa grossesse et l'agonie de sa mère, elle revient sur cette mère tant aimée et si difficile à aimer pourtant. Poignant, émouvant, je me suis laissée emporter une nouvelle fois par sa prose.
On peut ne pas apprécier son style, on peut considérer que ce ne sont que des plaintes d'enfant gâtée, mais pour ma part je les ai aimés, je les relis avec plaisir et toujours autant d'émotion.
Voilà les présentations éditeur pour les 3:
Présentation de l'éditeur: "Le rendez-vous"
Dans un café, place de la Sorbonne, Louise attend Alice, sa jolie maman. Fantasque, désarmante, excessive, Alice se soucie du temps comme d'une guigne et n'a pas donné signe de vie à sa fille depuis plus d'un an. Louise songe à ce qu'elle lui dira ou ne lui dira pas : ses dix-huit ans, " l'amant délicieux qui flatte son orgueil ", son cœur à prendre... Au fil de l'attente, les souvenirs affluent ; heureux, douloureux. Des souvenirs attendris se mêlent à la colère, à la rancœur. Jamais la belle absente n'aura été autant présente... Alors, qu'importe maintenant, qu'elle vienne ! La petite fille trop souvent oubliée a laissé place à une jeune femme décidée, qui ne souffrira plus pour un rendez-vous manqué. " Si vous rejoignez Justine à son Rendez-vous, eh bien, vous ne perdrez pas votre temps. ", Jean-François Josselin, Le Nouvel Observateur. " Le rendez-vous de Justine Lévy est un très beau premier roman, une "perle" littéraire comme l'on en découvre parfois avec ravissement. ", Maurice Szafran, L'Evénement du Jeudi.
Présentation de l'éditeur: "Rien de grave"
" Tu t'attendais à quoi ? je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J'ai lancé le cadre par terre, le verre s'est brisé mais comme c'était pas assez j'ai bondi du lit et j'ai déchiré la photo, celle qu'il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu'on ne connaissait pas à notre mariage qu'on est partis avant la fin. Il a eu l'air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu'il n'aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c'est le contraire, rien ne me fait plus peur qu'une photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu'elle promet, qu'elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c'était la meilleure chose qui puisse m'arriver, qu'il me quitte. Comment j'aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n'existais pas.
Présentation de l'éditeur: "Mauvaise fille"
" Maman est morte, je suis maman, voilà, c'est simple, c'est aussi simple que ça, c'est notre histoire à toutes les trois. Tu en mets du temps à raconter les histoires, je me disais quand elle me racontait une histoire dans mon lit. Là c'est allé vite, si vite, le regard de maman dans le regard de ma fille, c'est là qu'elle est, c'est là que je la retrouve, et dans ses gestes aussi, dans les gestes impatients, un peu brusques, de ma petite fille doublement aimée. Maman vit en Angèle qui court sur une pelouse interdite. Maman me parle et me sourit quand Angèle lance son regard de défi aux adultes qui la rattrapent et la grondent. Maman est là quand Angèle tombe et se relève aussitôt, les dents serrées, pour ne pas pleurer. Elle est dans le cri qu'elle ne pousse pas, dans sa petite grimace d'enfant crâne qui ne compose pas. Partout, dans mon enfant, ma mère a laissé son empreinte. "