mardi 26 avril 2016

Lecture: Le chagrin des vivants


Glané sur les présentoirs de la bibliothèque, ce premier roman est une belle trouvaille.

Résumé: Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l'Angleterre attend l'arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d'hommes ont disparu, cette cérémonie d'hommage est bien plus qu'un simple symbole, elle recueille la peine d'une nation entière. A Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l'armée ; Ada, qui ne cesse d'apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d'hommes incapables de retrouver leur place au sein d'une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l'équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les coeurs s'apaisent.

Trois femmes, trois destins bouleversés par la guerre, chacun à leur façon. Ada, qui a perdu son fils, ne peut accepter sa mort, et perd progressivement l'autre homme de sa vie, son mari. Elle se raccroche à une lettre qu'elle n'a pas reçue pour espérer encore, pour tenter de repousser l'insurmontable.
Evelyn, la fille de bonne famille, a perdu son fiancé. Elle s'est engagée à son tour après sa mort, dans une usine de munitions, et ensuite au bureau des pensions, au contact des soldats rentrés au pays.
Hettie enfin, dont le frère est rentré, mais qui n'est plus vraiment là. Elle devient alors d'une certaine façon soutien de famille, obligée de donner sa paye à sa mère pour entretenir ce frère qui ne vit plus, alors qu'elle voudrait juste pouvoir s'acheter de jolies robes pour aller danser.
Trois femmes, dont les destins vont se croiser sans qu'elles n'en sachent rien, unies par ce qui s'est passé au front, loin d'elles, et qui pourtant pèse si lourd dans leur vie.

En parallèle du retour du Soldat Inconnu à Londres, cet homme sans nom symbole d'une nation et d'une guerre, symbole de tous ceux qui périrent au front, ce roman nous parle de tous ceux qui sont restés, et de tous ceux qui sont rentrés, de leur place dans la société, dans le nouveau monde issu de cette guerre: femmes veuves avant d'avoir épousé l'être aimé, qui ne s'accordent plus le droit de vivre; mères sans enfants, qui doivent accepter l'inacceptable; soldats obligés de mendier, de faire du porte-à-porte pour gagner de quoi subsister et faire vivre leurs familles... Et pour tous, le poids de la culpabilité: culpabilité du survivant, culpabilité de celui qui n'a pas réussi à aider son camarade, culpabilité des femmes qui restent, qui assument, mais qui désespérément veulent vivre, par delà la mort qui a tout submergé.

J'ai été happée par ces destins croisés, mais dont les liens ne se dénouent qu'au fil du roman, nous plongeant dans la pesanteur de cette époque où vouloir vivre peut sembler le comble de l'impudeur, et finalement, c'est pourtant la vie qui l'emporte, malgré toutes les souffrances passées.
Un beau premier roman, une belle lecture, dans laquelle les femmes trouvent la place que la fin de guerre ne leur a pas toujours laissé, victimes comme les soldats qui emportèrent avec eux leur insouciance, leur jeunesse et leur vie.

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Nouvelle participation à "A year in England"

Lecture: Les Enquêtes du département V


Découverte grâce à mon beau-père, grand amateur de romans policiers, voilà une série danoise qui me plait bien!

Carl Mørck est un policier blessé lors d'une intervention qui a mal tournée, et au cours de laquelle un de ses équipiers a trouvé la mort, et l'autre s'est retrouvé paralysé.
D'un caractère difficile, à son retour on le place à la tête d'un département tout juste créé, le département V, chargé de résoudre des anciennes affaires non classés.
Avec l'aide de son assistant, un syrien très spécial, et par la suite d'une secrétaire un peu folle, il se replonge dans le passé pour tenter de les résoudre.

J'aime les personnages, Carl et sa vie compliquée, son ex-femme, son beau-fils, son locataire, son ami qui finit par atterrir chez lui, Assad dont la vie et le passé sont de véritables mystères, dont on découvre de petites bribes en même temps que Carl, Rose, la foldingue qui adopte les identités de ses soeurs, mais aussi tous ceux qui gravitent autour de ce trio formidable.
Les enquêtes sont bien menées, et même si il y a en fil rouge l'histoire de Mørck et de la fusillade, les romans peuvent se lire indépendamment (j'ai commencé au deuxième, et après avoir lu les 2, 3 et 4, je viens de commencer le 1).

Une bonne série à découvrir!

Lecture enfants: Les enquêtes d'Alfred et Agatha





















Découverte grâce à Bianca dans le cadre d'"A year in England",  la série des enquêtes d'Alfred et Agatha a fait son entrée dans la bibliothèque de Miss Souricette.

Tome 1 - Résumé: Si Alfred Hitchcock et Agatha Christie s'étaient rencontrés lorsqu'ils étaient enfants, quelles aventures auraient-ils pu vivre ensemble ? Après avoir fait atterrir un avion de sa fabrication sur la perruque du poissonnier, le jeune Alfred se retrouve en prison, pour une nuit. Il y fait la connaissance d'un détenu, Victor. Le jeune homme clame son innocence et supplie Alfred d'aller demander de l'aide à Agatha Miller. Dès sa sortie, le garçon se rend à l'adresse indiquée par Victor. Quelle n'est pas sa surprise de découvrir qu'Agatha a 10 ans, comme lui ! Et la fillette, qui a monté une agence de détectives, lui apprend que Victor, le jardinier ses riches voisins, est accusé de leur avoir volé des objets de valeur : des oiseaux en or, ornés de pierres précieuses...

Tome 2 - Résumé: En récompense pour ses bonnes notes, Alfred reçoit de son père un shilling en argent. Il va chez son amie Agatha pour le lui montrer. Celle-ci lui présente son voisin, Sir Arthur Conan Doyle, créateur de Sherlock Holmes. Mais Alfred se querelle avec Snouty Jones, la chienne à deux queues d'Agatha. Le lendemain, l'animal a disparu. Agatha est persuadée de son enlèvement.

Première chose, Miss Souricette, première concernée par ses romans, les a dévorés! Ce qui est plutôt bon signe de la part de ma louloute qui n'hésite pas à abandonner un livre qui ne lui plait pas. Elle a même cherché lors de notre dernier passage en librairie si il n'y avait pas un troisième tome.

En mère indigne (mais en confiance grâce à la recommandation de Bianca), je n'ai pas lu ces 2 titres avant de les lui laisser, par contre j'ai quand même voulu voir ce que c'était. Et moi non plus je n'ai pas été déçue par ces lectures!

Je trouve l'idée de faire se rencontrer enfants Agatha Christie et Alfred Hitchcock est excellente, et les deux personnages créés sont très attachants. Les enquêtes sont bien menées, tout à fait accessibles à un public de jeunes lecteurs, mais sans pour autant être trop "gamines". En tant qu'adulte j'ai aussi beaucoup aimé, même si l'intrigue est plus simple à dénouer avant la fin.
D'autre part, les romans sont parsemés de références à la vie réelle et à l'oeuvre des deux héros, mais on retrouve aussi dans le deuxième Sir Arthur Conan Doyle, avec là aussi des références à sa vie et à son oeuvre, en particulier à son abandon temporaire de Sherlock Holmes, et au retour à la vie de ce mythique détective! Et pour qu'à la fois les adultes n'ayant pas vu toutes les allusions et les enfants qui n'ont pas encore toutes les clés pour comprendre puissent apprécier ces petites pierres semées au long des pages, il y a à la fin des romans quelques explications, ce qui ne gâche rien!

Alors pour vos lecteurs en herbe (dès 9 ans, mais ma bonne lectrice de 8 ans n'a eu aucun souci), et même pour vous ;-), n'hésitez pas, et encore un grand merci à Bianca pour ce super conseil!!!!

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Nouvelle participation à "A year in England"

Lecture: Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre



Résumé: Lina est une jeune Lituanienne comme tant d'autres. Très douée pour le dessin, elle va intégrer une école d'art. Mais un nuit de juin 1941, des gardes soviétiques l'arrachent à son foyer. Elle est déportée en Sibérie avec sa mère et son petit frère, Jonas, au terme d'un terrible voyage. Dans ce désert gelé, il faut lutter pour survivre dans les conditions les plus cruelles qui soient. Mais Lina tient bon, portée par l'amour des siens et son audace d'adolescente. Dans le camp, Andrius, 17 ans, affiche la même combativité qu'elle.

J'ai trouvé ce roman sur les présentoirs de la bibliothèque, apparemment c'est un livre jeunesse (Prix des Incorruptibles 2014 des 3ème/2nd, titre recommandé par le ministère de l'Éducation nationale en classe de 3e.), mais je ne m'en suis pas rendue compte en le lisant.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui raconte une part sombre mais que je ne connaissais pas de l'Histoire, la déportation des populations baltes par les Soviétiques pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cette lecture a résonné avec la lecture que j'avais faire de "Kinderzimmer" parce que là encore on ne tombe pas dans le mélodrame. L'horreur n'est pas cachée, on se heurte à un enfer inimaginable, mais sans voyeurisme.
Ce roman décrit l'horreur, mais là encore, comme dans Kinderzimmer, le courage, l'entraide sont mis en avant. Les survivants n'ont pas survécu seuls, mais grâce à tous ceux qui les ont entourés, et qui ont parfois donné leur vie pour eux.

A travers ses personnages, Ruta Sepetys nous donne une belle leçon d'humanité: personne n'est tout blanc ou tout noir, et même le pire des bourreaux est capable de bonté. J'ai particulièrement été touchée par Elena, la mère de Lina, par son courage, son amour pour ses enfants, sa capacité à voir le bon en l'autre...Lina aussi est attachante, touchante dans sa jeunesse qui ne comprend pas l'incompréhensible, qui, contrairement à sa mère, est tranchée dans ses jugements, qu'elle pose toujours un peu vite, jusqu'à ce qu'elle comprenne que tout n'est pas aussi simple qu'elle le pense.
Et puis il y a le rapport de Lina à la lecture et au dessin, elle qui a mis dans sa valise son livre préféré et de quoi dessiner, malgré les consignes de sa mère.
Le dessin, dernier fil qui la relie à son père, espoir qu'un jour il les retrouve, mais aussi devoir de mémoire, alors même qu'elle ne sait pas si elle survivra, mais elle ressent l'importance de garder une tracer de l'indicible, pour qu'un jour on sache ce qui leur est arrivé.

Une lecture jeunesse qui touche tous les publics, qui m'a beaucoup émue et beaucoup plu, que je vous recommande sans hésiter!

dimanche 10 avril 2016

Lecture: La bibliothèque des coeurs cabossés

Comment aurais-je pu ne pas être attirée par un roman avec un titre et une couverture pareille? Et le résumé n'allait pas me faire changer d'avis:

Tout commence par les lettres que s'envoient deux femmes très différentes : Sara Lindqvist, vingt-huit ans, petit rat de bibliothèque mal dans sa peau, vivant à Haninge en Suède, et Amy Harris, soixante-cinq ans, vieille dame cultivée et solitaire, de Broken Wheel, dans l'Iowa. Après deux ans d'échanges et de conseils à la fois sur la littérature et sur la vie, Sara décide de rendre visite à Amy. Mais, quand elle arrive là-bas, elle apprend avec stupeur qu'Amy est morte. Elle se retrouve seule et perdue dans cette étrange petite ville américaine.
Pour la première fois de sa vie, Sara se fait de vrais amis - et pas uniquement les personnages de ses romans préférés -, qui l'aident à monter une librairie avec tous les livres qu'Amy affectionnait tant. Ce sera pour Sara, et pour les habitants attachants et loufoques de Broken Wheel, une véritable renaissance.
Et lorsque son visa de trois mois expire, ses nouveaux amis ont une idée géniale et complètement folle pour la faire rester à Broken Wheel...


Il faut l'avouer, ce n'est certainement pas de la grande littérature, c'est parfois un peu "cucul" mais par contre c'est un vrai roman qui fait du bien, un roman qui nous donne envie de sourire!

Déjà, un roman dont l'héroïne ne vit que dans les livres, n'a d'amis que dans les pages de ses bouquins, ça me parle, à moi qui ai passé tant d'année enfermée dans la bibliothèque de mon collège plutôt que d'aller jouer dans la cour avec les autres, et pour qui encore maintenant un bon week-end ou de bonnes vacances sont caractérisés par le temps que j'ai pour lire, et pas par les sorties entre potes que je vais faire! Et je me suis retrouvée dans l'éclectisme des lectures de Sara, du littéraire à la chick-litt sans discrimination;-)

D'autre part, les livres ont un rôle central dans ce roman: c'est par les livres qu'Amy et Sara se sont rencontrées, c'est grâce aux livres que Sara va redonner vie à Broken Wheel et faire bouger les habitants, et c'est grâce aux livres qu'elle va surtout se faire de vrais amis. J'ai adoré la librairie qu'elle monte, j'aurais voulu y être: les fauteuils, les classements, l'envie d'un lieu convivial.... Et j'ai adoré le concept de "il y a un livre pour chacun": ne pas s'arrêter à l'idée préconçue qu'ont les gens qu'ils n'aiment pas la lecture, que ce n'est pas fait pour eux, mais leur trouver le livre qui leur donnera le goût de lire, sans prétention, sans chercher à mettre en avant les grands auteurs, même à travers la chick-litt ou l'érotisme gay ;-)

Alors si vous avez envie d'une lecture "feel-good", qui se lit vite et vous donne la pêche, et tout ça grâce aux livres, allez-y!

Lecture: La disparue d'Angel Court






Pendant "le mois anglais", j'avais vu plusieurs billets sur les aventures de Thomas et Charlotte Pitt d'Anne Perry qui m'avaient donné envie de découvrir cet auteur, puisque j'avais bien aimé les enquêtes de l'inspecteur Monk que j'ai pu emprunter, et j'ai eu la très bonne surprise d'en découvrir un récemment acquis à la bibliothèque.

Résumé: Lorsqu'échoit au commandant Thomas Pitt la mission de protéger une jeune femme espagnole en visite à Londres, il ne comprend pas tout suite en quoi ce travail relève de la Special Branch. Mais quand elle disparaît au milieu de la nuit dans le quartier d'Angel Court, le voilà confronté à un bien dangereux mystère. Sofia prêchait des idéaux nouveaux, que certains diraient blasphématoires, et sa vie avait été menacée. Mais Pitt sent qu'il y a une raison plus profonde et plus dangereuse à son enlèvement ; si c'est bien de cela dont il s'agit. Trois hommes vont se lancer à la recherche de Sofia : son cousin, banquier de l'Église d'Angleterre, un homme politique populaire et charismatique, et un journaliste qui semble déterminé à aiguillonner Pitt vers la vérité. Chacun semble pourtant cacher quelque chose, et alors que sa quête s'étend de Londres à l'Espagne, Pitt sait que le temps est compté et que la sécurité de la Nation pourrait être en jeu...

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire, car n'ayant pas lu les tomes précédents, je ne connaissais pas les personnages, leur vécu, les liens les unissant.... Cela dit ce que j'ai compris de leur passé m'a donné envie de lire les débuts de la saga (finalement, c'est un peu comme quand j'ai découvert Monk, le fil rouge de l'histoire de l'enquêteur, même si il n'est pas indispensable pour apprécier et comprendre l'enquête, est quand même important pour s'immerger dans le roman).

J'ai trouvé l'enquête un peu complexe, un peu loin de ce que j'attendais, peut-être parce que Thomas Pitt appartenant à la Special Branch, il fallait que le crime ait des implications plus vastes qu'un "simple meurtre". Mais ce qui m'a surtout laissée sur ma faim, c'est que Charlotte n'est que très peu présente dans cette enquête, alors que j'attendais un véritable duo d'enquêteurs. On sent bien qu'elle est loin d'être la femme classique de l'époque où elle vit, comme la femme de Monk d'ailleurs, mais elle n'intervient pas dans l'enquête, en tout cas pas directement.

Plus qu'un simple roman policier, le roman aborde à la fois des sujets historiques comme la guerre hispano-américaine qui sert de toile de fond au roman, mais aussi le sujet de la religion et la remise en question des croyances à une époque qui ne s'y prêtait pas. Et c'est au travers des femmes que sont mises en avant ces réflexions, Sofia bien sûr, mais aussi Charlotte et sa fille.
Comme dans les enquêtes de Monk, il y a une véritable analyse sur la place des femmes dans la société, et j'ai beaucoup aimé les questions posées par Jemima, la fille de Charlotte et Thomas, qui découvre à ses dépens qu'une femme doit savoir garder sa place: "Annabelle m'a lancé que si j'avais le moindre grain de bon sens, je ne contredirais pas les garçons, parce que ça ne leur plaît pas, même si ils ont tort. Pourtant il n'est pas question d'avoir tort ou raison! Juste de pouvoir penser et dire ce qu'on veut. Et si personne ne m'aime? Vais-je devoir choisir entre jouer la comédie toute ma vie, ou rester seule jusqu'à la fin de mes jours?"
Ca nous fait apprécier le droit que nous avons de penser et parler librement (même si tous les comportements "machos" n'ont pas encore totalement disparu...), et mesurer les progrès accomplis pour les droits des femmes en un siècle!
 
J'espère trouver les premiers volumes de cette série, pour découvrir ce couple atypique, et en particulier Charlotte dont j'ai compris qu'elle était une femme intelligente, prête à remettre en cause ce qu'elle a appris et ce qui l'entoure pour se forger sa propre opinion.


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Ce roman me permet (enfin) une nouvelle participation à "A year in England", que j'avais un peu (beaucoup) délaissé....

Lecture: Rêves de garçons


J'avais beaucoup aimé "Esprit d'hiver", ainsi que "Les revenants", du coup je me suis laissée tenter par un troisième opus de Laura Kasischke.

Résumé: A la fin des années 1970, trois pom-pom girls quittent leur camp de vacances à bord d'une Mustang décapotable dans l'espoir de se baigner dans le mystérieux Lac des Amants. Dans leur insouciance, elles sourient à deux garçons croisés en chemin. Mauvais choix au mauvais moment. Soudain, cette journée idyllique tourne au cauchemar. Rêves de garçons est une plongée au coeur d'un univers adolescent dépeint avec une justesse sans égale. Une fois de plus, Laura Kasischke s'attache à détourner avec beaucoup de férocité certains clichés de l'Amérique contemporaine et nous laisse, jusqu'à la révélation finale, dans l'imminence de la catastrophe.

Peut-être parce que finalement l'écriture de Kasischke se base sur les mêmes "trucs", cette fois-ci j'avais déjà compris une partie du dénouement (mais pas tout), du coup ça m'a un peu gâché la lecture à partir du moment où j'ai eu le déclic.
Cela dit, Laura Kasischke nous plonge avec justesse dans l'univers de ces adolescentes américaines, avec les rivalités, la découverte de la sexualité, l'amitié teintée de défi et de jalousie, le questionnement sur la vie.... On s'y croirait, je me suis transportée dans ce camps de pom-pom girls avec les chefs de groupe hyper enthousiastes et envahissantes, les activités imposées, la trouille de sortir la nuit pour aller aux toilettes (ça m'a rappelé mes camps de jeannette....).

Peut-être aurais-je plus apprécié ce roman si je l'avais lu en premier, il n'est pour moi pas au même niveau qu'''Esprit d'hiver" qui m'a beaucoup plus emporté, mais ça reste une lecture agréable, et teintée d'une sorte de cynisme qui une fois encore nous pousse à regarder plus loin que la première impression, à regarder l'envers du décor.

Lecture: Birmane


Ma mère m'a prêté "Plonger", du même auteur, et je ne sais pas pourquoi, au lieu de commencer par ça, j'ai emprunté "Birmane" à la bibliothèque. Impossible de me souvenir d'où j'ai sorti cette idée, mais j'étais persuadée que l'un était la suite de l'autre (peut-être parce que c'est le même héros?).

Résumé: Décidé à changer le cours de sa vie, un jeune homme s’envole pour le pays de tous ses fantasmes avec un projet fou : décrocher l’interview du plus grand trafiquant d’opium de tous les temps. Un scoop sans prix.
Double problème : César est un amateur, et la Birmanie une dictature.
À Rangoon, où la paranoïa le dispute à la moiteur tropicale, il rencontre une jeune femme au charme trouble. Médecin humanitaire passionnée et déterminée, elle se montre parfois mélancolique, lointaine... Fasciné, il en tombe amoureux.
En lui venant en aide, elle va le faire plonger au cœur d’un pays où tous ses repères volent en éclats. Jusqu’à le mettre sur le chemin d’une figure mythique de la rébellion politique réfugiée dans la jungle : la Femme-Tigre.
De la jeunesse dorée de Rangoon aux ethnies du Triangle d’Or, des villages lacustres du lac Inle à la vallée des Rubis, voici l’itinéraire aventureux d’un héros de notre temps. En quête d’amour et d’absolu dans le pays le plus fermé, le plus enivrant, le plus sensuel de toute l’Asie.


Ce roman est bien écrit, mais je n'ai pas vraiment accroché. D'abord parce que j'ai dû mal à cerner César, le héros. En vacances avec sa copine en Thaïlande, il se fait plaquer brutalement, et part sur un coup de tête en Birmanie à chercher une interview qui fera de lui un reporter reconnu et qui compte. Mais rien ne se passe comme il le prévoyait, et il se retrouve embringué dans la rébellion birmane, sans vraiment comprendre ce qui lui arrive. Et je dois avouer que moi non plus, je n'ai pas tout compris. C'est presque trop invraisemblable pour moi, et mon esprit rationnel et cartésien.

D'autre part, je ne connais du tout la Birmanie (ni l'Asie d'ailleurs), et je dois avouer que ce n'est pas forcément la partie du monde qui me tente le plus, même si certaines descriptions dans le roman font rêver. Du coup j'ai eu du mal à me plonger dans le roman, dans l'ambiance d'un pays qui ne me parle pas.

Au final, une lecture en demi-teinte, première découverte un peu mitigée d'un auteur.

Lecture: La maladroite


Résumé: Tout commence par un avis de recherche, diffusé à la suite de la disparition d'une enfant de 8 ans. La photo est un choc pour une institutrice qui a bien connu cette gamine. Pour elle, pas de doute : cette Diana n'a pas été enlevée, elle est déjà morte, et ses parents sont coupables. Remontant le temps, le roman égrène les témoignages de ceux l'ayant côtoyée, enseignants, grand-mère et tante, médecins, assistants sociaux, gendarmes... Témoins impuissants de la descente aux enfers d'une enfant martyrisée par ses parents qui, malgré les incitations à parler de plusieurs adultes, refusera de les dénoncer. Ce roman est inspiré par un fait divers récent largement médiatisé car, en dépit de plusieurs signalements, l'enfant n'avait jamais bénéficié de protection. Loin de tout sensationnalisme, l'auteur rend sa dimension tragique à ce drame de la maltraitance. Ce choeur de voix, écrit dans une langue pure, sans pathos ni commentaires, tient le lecteur entre ses tenailles. Rares sont les romans ayant cette nécessité. Alexandre Seurat s'impose par la justesse de son écriture et de son regard. Un premier roman décisif.


Ce roman, je l'ai lu il y a quelques temps déjà, j'aurais dû le chroniquer sur le coup car il m'a beaucoup plu et beaucoup ému, mais j'ai été débordée par mes occupations, le boulot, la maison, et j'ai laissé filé ce que j'aurais pu vous en dire.

Cela dit, même si je n'ai plus tous les détails en tête, il me reste l'émotion qu'a suscité en moi la lecture de ce roman. Roman, oui, mais inspiré d'un fait divers, d'une histoire tellement horrible qu'on voudrait qu'elle ne soit pas vraie. Il me semble impossible en tant que mère qu'on puisse faire vivre ça à ses enfants.
Ce que j'ai trouvé terrible dans ce roman, c'est l'inéluctabilité de la fin: on sait comment l'histoire se termine, mais au fil des récits des témoins du calvaire de Diana, de ceux qui ont vu et tenté de faire quelque chose, on se prend à espérer que la fin soit heureuse, qu'ils arrivent à faire changer les choses. Mais ça n'a pas suffit, malgré les signalements, malgré les enquêtes....

On pourrait chercher qui est responsable, ce qu'il aurait fallu faire pour que le destin de Diana bascule, mais ce qui m'a rendu le plus triste, c'est que cette petite fille, malgré tout ce qu'elle a subi, malgré tout ce que ses parents lui ont fait, n'a jamais cessé de les aimer, ne les a jamais accusés même quand on l'interrogeait. Ils l'ont privé du droit élémentaire d'en enfant d'être aimé, d'être protégée, et son amour à elle n'a jamais faibli, elle leur à fait confiance à en mourir.

Un roman poignant, mais pas voyeur, qui se lit d'une traite, à découvrir même si il nous plonge dans un enfer qu'on ne voudrait que de fiction!