dimanche 7 février 2016

Lecture: rattrapage du temps perdu

Parce qu'il faut bien reconnaître qu'en ce moment j'ai moins le temps, et moins l'envie, de passer du temps derrière le clavier, j'ai laissé passer beaucoup de temps sans chronique mes lectures. La pile des retards augmente de jour en jour, et celle des livres que j'oublie une fois rendus à la bibliothèque aussi, j'ai donc décidé de faire un bref balayage de mes lectures de ces derniers temps, sans trop détailler, mais pour garder une trace, et si ça peut servir de conseil ;-)


L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage (Haruki Murakami):

Résumé: Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d'université jusqu'au mois de janvier de l'année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort. À Nagoya, ils étaient cinq amis inséparables. L'un, Akamatsu, était surnommé Rouge ; Ômi était Bleu ; Shirane était Blanche et Kurono, Noire. Tsukuru Tazaki, lui, était sans couleur. Tsukuru est parti à Tokyo pour ses études ; les autres sont restés. Un jour, ils lui ont signifié qu'ils ne voulaient plus jamais le voir. Sans aucune explication. Lui-même n'en a pas cherché. Pendant seize ans, Tsukuru a vécu comme Jonas dans le ventre de la baleine, comme un mort qui n'aurait pas encore compris qu'il était mort. Il est devenu architecte, il dessine des gares. Et puis Sara est entrée dans sa vie. Tsukuru l'intrigue mais elle le sent hors d'atteinte, comme séparé du monde par une frontière invisible. Vivre sans amour n'est pas vivre. Alors, Tsukuru Tazaki va entamer son pèlerinage. À Nagoya. Et en Finlande. Pour confronter le passé et tenter de comprendre ce qui a brisé le cercle. 

C'est Galéa qui encore une fois m'a donné envie de découvrir ce roman. Si j'ai peut-être été un peu moins convaincue qu'elle, j'ai aimé cet homme rejeté d'un coup par le groupe auquel il appartenait, et qui par amour va tenter de comprendre ce qui s'est passé. L'éclatement du groupe de lycée, je dois avouer que ça me parle, moi qui ai vécu ça à cause de mon départ dans une école de province après ma prépa. Pas pour les mêmes raisons que Tsukuru, et certainement moins douloureusement, même si près de 20 ans après, la piqure est toujours là!
Je pense que ce livre parle à chacun d'entre nous de ce chemin de notre adolescence vers l'âge adulte, de l'importance de nos choix mais aussi des conséquences de ces choix, qui font de nous ce que nous sommes maintenant.



Le chardonneret (Donna Tartt):

Résumé: Theo Decker a treize ans. Il vit les derniers instants de sa vie d’enfant. Survivant miraculeux d’une explosion gigantesque en plein New York, il se retrouve seul dans la ville, orphelin, et se réfugie chez les parents d’un ami pour échapper aux services sociaux. Mais cette situation ne pourra être que temporaire. Désormais Theo va comprendre très jeune, qu’il ne peut compter que sur lui-même. Tout ce qui lui reste de cette journée où il a perdu sa mère, c’est un tableau, une toile de maître minuscule, envoûtante, infiniment précieuse et qu’il n’a pas le droit de posséder. Mais il ne peut plus s’en détacher. Et elle va l’entraîner dans les mondes souterrains et mystérieux de l’art. 

Mes précédentes lectures de Donna Tartt ne m'avaient pas vraiment convaincues, mais sur les conseils de Lorraine, j'ai décidé de lire ce roman, et je dois reconnaître que cette fois je n'ai pas été déçue. Même si Théo n'est pas forcément un personnage toujours attachant, j'ai été emportée dans son histoire, touchée dès le début par le malheur qui lui arrive, et toutes les conséquences de la perte de sa mère, qui le laisse à la merci des adultes, sans pouvoir réellement choisir ce qu'il va devenir. Dès qu'il pense avoir retrouvé un peu de stabilité, et un avenir heureux, son destin bascule à nouveau. Théo essaye de vivre malgré le traumatisme, et au gré des rencontres qu'il fait, ses bons ou ses mauvais penchants surgissent (ou ressurgissent). Donna Tartt sait manier le suspense, et retourner la situation pour nous emporter toujours plus loin de façon inattendue, jusqu'au bout de ces presque 800 pages.
Il y a certes quelques longueurs, mais au final, une lecture que je ne regrette pas, merci Lorraine!


Ma mère, le crabe et moi (Anne Percin):

Résumé: Tania, 14 ans et demi, vit seule avec sa mère, dans un village du Puyde- Dôme. Vie tranquille, trop tranquille, depuis que ses parents ont divorcé et que son frère aîné est parti faire une école de sous-officiers. Mais l'annonce du cancer du sein de la mère va brutalement les projeter dans un monde plus instable et angoissant...

Je devais avoir à peu près l'âge de Tania quand ma mère nous a annoncé qu'elle avait un cancer du sein. Et si je n'ai jamais douté qu'elle guérisse, je me souviens de ce qu'a été sa vie, des retours de chimie où elle était épuisée, malade, des jours où elle ne voulait plus y aller. Je ne sais pas pourquoi j'ai emprunté ce roman, qui remue beaucoup de souvenirs, mais j'ai trouvé que traiter le sujet à partir du point de vue d'une ado confrontée à sa mère malade était très intéressant, et Anne Percin a su parler avec délicatesse d'une situation difficile. Bien sûr qu'il y a un côté un peu "idyllique" à ce roman, mais j'ai beaucoup aimé la complicité de la mère et de la fille, l'importance du soutien à la personne malade, y compris dans ce qui peut sembler le plus anodin, mais qui est le plus visible, la modification de l'apparence. Et j'ai aimé le combat de Tania contre elle même, avec son inscription au cross, en parallèle du combat de sa mère contre sa maladie, avec en point final une vie qui repart! Mais j'ai aussi aimé que Tania reste une ado normale, avec ses brouilles de copines et ses débuts amoureux, parce que c'est ce que j'ai vécu, moi aussi, voulant rester comme les autres même quand la vie chamboulait notre quotidien!


Kinderzimmer (Valentine Goby):

Résumé: En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille détenues. Dans les baraquements, chaque femme doit trouver l'énergie de survivre, au plus profond d'elle-même, puiser chaque jour la force d'imaginer demain. Quand elle arrive là, Mila a vingt-deux ans ; elle est enceinte, mais elle ne sait pas si ça compte, ni de quelle façon.

Ce roman est magnifique, bouleversant, et en même temps très dur. Tout y est dit, la souffrance, les humiliations, les privations, la maladie, la promiscuité, l'enfer quotidien vécu par ces femmes dans un camp, où dès leur arrivée on les prive de leur dignité, de leurs habits, pour les entasser dans des baraquements où manque la place, où la nourriture est insuffisante,  où l'hygiène est illusoire, et où malgré tout elles tentent de survivre, jour après jour, malgré les pertes, malgré la douleur.
Dans cet enfer, comment imaginer vivre une grossesse, quand survivre est déjà une lutte en soi, comment donner la vie quand on n'en a plus? Malgré l'horreur de la situation, ce roman est aussi porteur d'espoir: les femmes s'entraident, les plus âgées expliquent à Mila ce qui se passe pendant une grossesse, jouent le rôle de la mère qu'elle n'a pas eue; celles qui sortent tentent de rapporter des médicaments, de la nourriture, des vêtements pour les plus faibles, les plus malades; et que dire de ces mères solidaires, qui nourrissent l'enfant d'une autre, ou qui adoptent l'enfant d'une morte pour lui donner une espoir de vivre?
Valentine Goby ne nous épargne rien de cet enfer, ses mots nous transportent dans l'univers du camp, mais tout en justesse, sans sombrer dans le mélodrame, rendant cette histoire profondément réelle.
Une lecture pas loin du coup de coeur, que je vous recommande sans hésiter!


Fleur de Neige (Lisa See):

Résumé: Fleur de neige Dans la Chine du XIXe siècle, le destin de deux jeunes filles est lié à tout jamais. Fleur de Lis, fille de paysans, et Fleur de Neige, d'origine aristocratique, sont nées la même année, le même jour, à la même heure. Tous les signes concordent : elles seront laotong, âmes soeurs pour l'éternité. Les deux fillettes grandissent, mais si leur amour ne cesse de croître, la vie s'acharne à les séparer. Alors que la famille de Fleur de Neige tombe en disgrâce et que la jeune fille contracte le mariage le plus infamant qui soit, Fleur de Lis, par son union, acquiert reconnaissance et prospérité. L'amitié sacrée des deux femmes survivra-t-elle au fossé que le destin a creusé entre elles ?

Emprunté sur les conseils de Clémence, ce roman nous plonge dans la Chine et ses traditions: le bandage des pieds, la place des femmes dans la société et les familles, les mariages arrangés, l'importance d'avoir un garçon, les castes sociales.... Mais c'est aussi un roman sur l'amitié entre deux femmes, une amitié arrangée au départ, comme les mariages, mais qui va grandir avec les deux fillettes, pour se retrouver confrontée aux aléas de la vie, aux dissimulations, aux incompréhensions. Une lecture agréable, qui nous apprend beaucoup de choses sur un monde qui nous est totalement étranger.


Tarte aux pommes et fin du monde (Guillaume Siaudeau):

Résumé: Dans une ville de province aux faux airs de Far West un garçon tendre et curieux découvre qu'il n'est pas le seul à se sentir isolé.
Un garçon et une fille s'éprennent tandis que la caissière cherche laborieusement le code-barres d'une boîte de maquereaux. Il s'attache à un collègue en manutentionnant des palettes de conserves pour animaux. Puis il remercie la propriétaire de son petit appartement pour la tarte aux pommes qu'elle lui apporte. En un mot il apprécie la vie telle qu'elle est. Mais, s'il a bien compris que les chiens ne volent pas – contrairement aux claques – il ignore encore l'usage que l'on peut faire d'un revolver.
Avec un sens de l'économie du récit sidérant, Guillaume Siaudeau nous raconte le sourire aux lèvres l'épopée ordinaire d'un doux rêveur qui se lance dans la plus belle des aventures, celle qu'il appelle " le monde et moi ".

Lu sur une recommandation de Miss Léo au détour d'un de ses posts,  je dois avouer que je suis passée complètement à côté de ce roman. L'écriture est fluide, le roman se lit bien, mais je ne suis pas sure d'avoir compris ce que l'auteur cherchait à nous dire. Résultat, une lecture en demi-teinte qui me laisse une sensation d'inachevé, je suis donc preneuse de vos avis si vous l'avez lu!


La singulière tristesse du gâteau au citron (Aimee Bender):

Résumé: Le jour de ses neuf ans, Rose Edelstein mord avec délice dans le gâteau au citron préparé pour l'occasion. S'ensuit une incroyable révélation : elle ressent précisément l'émotion éprouvée par sa mère, alors qu'elle assemblait les couches de génoise et de crème. Sous la douceur la plus exquise, Rose perçoit le désespoir. Ce bouleversement va entraîner la petite fille dans une enquête sur sa famille. Car, chez les Edelstein, tous disposent d'un pouvoir embarrassant : odorat surpuissant ou capacité de se fondre dans le décor au point de disparaître. Pour ces superhéros du quotidien, ce don est un fardeau. Chacun pense être affligé d'un mal unique, d'un pouvoir qu'il faut passer sous silence. Comment vivre lorsque les petits arrangements avec la vérité sont impossibles ? Comment supporter le monde lorsque la moindre bouchée provoque un séisme intérieur ?

Le résumé me donnait bien envie de découvrir ce roman, et cette petite fille douée d'un don particulier, qui lui permet de décrypter dans les plats à la fois l'origine de tous les ingrédients, mais aussi l'état d'esprit de celui qui l'a préparé. Quel poids à porter pour une petite fille que d'être capable de comprendre ce que sa mère ou son frère ne veulent pas exprimer, quelle angoisse aussi. Si j'ai bien adhéré au don de Rose, et à ses conséquences sur sa vie (à l'extrême on est à la limite de la réalité), j'ai beaucoup moins accroché avec le don de son frère, qui là sort totalement de la rationalité. Du coup là encore une lecture en demi-teinte, lecture facile mais un peu trop "fantaisiste" à mon goût!