mercredi 23 novembre 2016

Lecture: L'administrateur provisoire

J'avais énormément aimé "La maladroite", j'étais donc très tentée par le nouveau roman d'Alexandre Seurat.

Résumé: Découvrant au début du récit que la mort de son jeune frère résonne avec un secret de famille, le narrateur interroge ses proches, puis, devant leur silence, mène sa recherche dans les Archives nationales. Il découvre alors que son arrière-grand-père a participé à la confiscation des biens juifs durant l'Occupation. Le récit tente d'éclairer de aspects historiques souvent négligés jusqu'à récemment, celle de l'aryanisation économique de la France de Vichy, crime longtemps refoulé par la mémoire collective. Une enquête à la fois familiale et historique bouleversante, s'appuyant sur des faits réels.

Ce roman est loin du sujet poignant du précédent, mais il traite lui aussi d'un sujet difficile, celui de la collaboration pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais la collaboration abordée ici n'est pas celle que tout le monde connaît, celle de la délation, mais une collaboration "officielle", que pour ma part je ne connaissais pas, l'aryanisation économique: les entreprises juives sont repérées, un administrateur provisoire est chargé de les gérer et de trouver un repreneur à qui il revend l'affaire.

Le narrateur apprend après la mort de son frère le rôle tenu par son arrière-grand-père pendant la guerre. Toute la famille est au courant, mais on n'en parle pas (ce qui est d'ailleurs compréhensible car ce n'est pas le genre de choses dont on se vante), mais surtout l'affaire a été minimisée, des excuses ont été trouvées.
Le narrateur va alors mener sa propre enquête, en interrogeant la famille d'abord, et en creusant les archives. Et la vérité est bien plus rude que la version familiale édulcorée qui fait de cet arrière-grand-père une victime du système qui a dû accepter de mener cette tâche odieuse pour faire libérer son fils prisonnier des Allemands: cet homme a exercé bien au-delà de la libération de son fils, et avec zèle, rouage de cet engrenage qui a conduit à la déportation des familles juives.
D'un côté on a un homme rigide, inventeur raté qui n'a pas réussi à faire aboutir son projet, et de l'autre des familles qui ont construit et fait prospérer leur entreprise, et cet homme rigide, zélé, va, comme une revanche du destin, détruire toute leur vie.

En menant cette enquête, le narrateur met à jour un pan de l'histoire familiale, qui explique le rapport de sa famille avec le judaïsme et les liens entre les différents membres, mais aussi un pan de l'Histoire, au travers des histoires de ces familles spoliées, basées sur des faits réels.

En filigrane de l'enquête, on a les rêves du narrateur, et les allusions à son frère, ses troubles et son décès, sans qu'on sache jamais vraiment ce qui s'est réellement passé. Ces éléments un peu "flous" renforcent l'impression du trouble ressenti par le narrateur perturbé à la fois par la mort de son frère et par ce qu'il met à jour.

Alexandre Seurat traite encore une fois avec finesse un sujet difficile, se basant sur des faits réels, nous offrant un roman très réaliste et très intéressant, une très belle découverte de la rentrée littéraire!

samedi 19 novembre 2016

Lecture: Police


Ma découverte de la rentrée littéraire continue! Ce roman au prime abord ne m'avait pas tenté, mais Miss Léo et Eva m'ont donné envie de le lire, et je les en remercie!!!

Résumé: Ils sont gardiens de la paix. Des flics en tenue, ceux que l'on croise tous les jouts et dont on ne parle jamais, hommes et femmes invisibles sous l'uniforme.
Un soir d'été caniculaire, Virginie, Erik et Aristide font équipe pour une mission inhabituelle: reconduire un étranger à la frontière. Mais Virginie, en pleine tempête personnelle, comprend que ce retour au pays est synonyme de de mort. Au côté de leur passager tétanisé, toutes les certitudes explosent. Jusqu'à la confrontation finale, sur les piste de Roissy-Charles-de-Gaulle, où ces quatres vies s'apprêtent à basculer.
En quelques heures d'un huis clos tendu à l'extrême se déploie le suspense des plus grandes tragédies. Comment être soi, chaque jour, à chaque instant, dans le monde tel qu'il va?

Ce roman qui se lit d'une traite nous embarque dans une voiture de police que rien ne distingue de celles qu'on peut croiser, si ce n'est la mission particulière confiée ce jour-là à ses occupants: raccompagner à l'aéroport un homme qui doit être renvoyé chez lui. Loin d'être aussi simple que cette femme et ces hommes le pensaient, cette tâche va les pousser à revoir le bien-fondé de ce qui leur est demandé, à choisir entre devoir et conscience, entre ce qu'ils risquent et ce que leur passager risque.

Ce roman nous rappelle que derrière leurs uniformes, les policiers sont des femmes et des hommes "ordinaires", avec leur vie privée, leurs problèmes personnels, leur conscience et leurs interrogations. Que ces missions qu'ils accomplissent tous les jours, parfois au péril de leur vie, pour aider et protéger leurs concitoyens, envahissent leur vie, allant jusqu'à conditionner leur comportement même hors du travail, les faisant vivre perpétuellement, ainsi que leurs familles, dans la crainte de ne pas rentrer le soir. Hugo Boris nous ramène loin des images véhiculées par la télé, au coeur d'une voiture de patrouille, avec trois agents profondément humains.

Ces trois personnes appelées pour une mission hors de leur cadre habituel, se retrouvent face à un dilemme: l'homme qu'ils doivent ramener à l'aéroport semble promis à une mort certaine si il reprend l'avion, mais leurs ordres sont clairs, et ils doivent obéir aux ordres, quoi qu'ils en pensent. Mais ce soir là, Virginie est perturbée, de même qu'Aristide: leur histoire personnelle vient bouleverser leurs comportements. Virginie laisse les paroles d'une assistante sociale interférer avec les ordres qu'elle a reçus, la poussant à ouvrir une enveloppe, premier pas vers une rébellion envers ce qui lui est demandé. S'enchaîne alors une série de réactions d'abord chez elle, puis chez Aristide, qui mêle leur passif personnel influencer ses actes, le poussant d'abord à contrer les décisions de Virginie, avant de se rallier à sa cause. Erik, quant à lui, ignorant le secret qui lie ses deux collègues, mais comprenant ce qu'ils s'apprêtent à faire, entame une véritable réflexion personnelle sur ce qu'il convient de faire.
Ce qui les conduit à agir ensemble pour laisser partir leur prisonnier est différent pour chacun, mais au final tous les trois sont prêts à franchir cette ligne qui sépare le devoir et la conscience.
Hugo Boris soulève là le dilemme de ces hommes et ces femmes confrontés tous les jours à la misère du monde: comment concilier sa conscience et les ordres reçus, comment réagir quand on n'est pas d'accord.

Seul petit bémol, la scène dans l'aéroport qui ne m'a pas paru très réaliste, mais à part ce petit point, le reste du roman m'a énormément plus, les personnages sont attachants, et nous rappellent que les policiers sont comme nous, avec des doutes, des émotions, loin des clichés et stéréotypes.

Une très belle découverte en cette rentrée littéraire!

dimanche 13 novembre 2016

Lecture: Continuer


J'avais beaucoup aimé "Dans la foule", du même auteur, et ce nouvel opus faisant partie de la moisson de ma bibliothèque pour la rentrée littéraire, j'ai sauté sur l'occasion!

Résumé: Sybille, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se défaire sous ses yeux. Craignant d'avoir tout raté, elle décide d'empêcher son fils Samuel de réaliser les mêmes erreurs. Elle organise alors un voyage de plusieurs mois avec lui à cheval, dans les montagnes du Kirghizistan.

Sybille voit sa vie sombrer sans réagir, s'enfonçant dans l'alcool et les cigarettes, se renfermant sur elle-même, jusqu'à ce que le comportement de son fils, complètement à la dérive depuis le divorce de ses parents qui le laissent livré à lui-même, la force à regarder la réalité en face, et à tenter de sauver ce qui peut encore l'être. Bravant l'avis de son ex-mari qui veut envoyer leur fils en pension, elle décide de l'emmener au Kirghizistan pour le ramener dans le droit chemin, lui inculquer les valeurs auxquelles elle croit, et le sortir de la spirale descendante dans laquelle il est pris.

Les personnages sont un peu caricaturaux, le fils qui refuse de parler à sa mère et la juge à travers les yeux de son père, la mère en robe de chambre dans sa cuisine, le père enfermé dans sa suffisance, mais au fil du roman la relation mère-fils évolue, un nouvel équilibre se créant au travers de leurs tâches quotidiennes, de leur vie avec les chevaux, des rencontres qu'ils font. Samuel doit accepter que sa mère est une femme, pas seulement une mère ratée, Sybille tente d'inculquer à son fils ouverture d'esprit et tolérance....

Au fil de ce périple, Sybille se replonge dans son passé, et on découvre ce qui a conduit cette femme brillante à devenir ce qu'elle est, ce qui a aussi probablement conditionné la vision de son fils sur le monde et sur les autres, et si le but de ce voyage est initialement de ramener Samuel dans le bon chemin, il va aussi permettre à Sybille de faire le point sur ce qui lui est arrivé.

Les descriptions du pays et du peuple nomade qui accueillent Sybille et son fils sont magnifiques, et donnent envie de les découvrir. La générosité de ces gens qui n'ont rien est un exemple, rappelant que les valeurs ne sont pas réservées à nos populations occidentales et civilisées!

Si certains passages sur le racisme et l'intolérance par exemple n'apportent que peu à l'histoire, et malgré la fin un peu trop facile (sans vouloir spoiler), ce roman est une belle découverte de la rentrée!

samedi 5 novembre 2016

Lecture: Ada

J'avais beaucoup aimé la trilogie "Les falsificateurs/Les éclaireurs/Les producteurs", je n'ai donc pas hésité une seconde à découvrir ce nouveau roman d'Antoine Bello, d'autant plus que ma Galéa préférée l'avait beaucoup aimé.

Résumé: Frank Logan, policier dans la Silicon Valley, est chargé d'une affaire un peu particulière : une intelligence artificielle révolutionnaire, a disparu de la salle hermétique où elle était enfermée. Baptisé Ada, ce programme informatique a été conçu par la société Turing Corp. pour écrire des romans à l'eau de rose. Ada parle, blague, détecte les émotions, donne son avis et se pique de décrocher un jour le Prix Pulitzer. On ne l'arrête pas avec des contrôles de police et des appels à témoin. En proie aux pressions de sa supérieure et des actionnaires de Turing, Frank mène l'enquête à son rythme. Ce qu'il découvre sur les pouvoirs et les dangers de la technologie l'ébranle, au point qu'il se demande s'il est vraiment souhaitable de retrouver Ada…

Le roman commence comme un roman policier, mais on comprend vite que le sujet n'est pas là. Ce livre nous parle du développement des Intelligences artificielles, les AI, et de la place qu'elles peuvent prendre dans notre société.
A travers cette enquête hors norme, on s'interroge sur ces intelligences artificielles, capables de converser, de penser, d'écrire, et comme Frank, on peut se demander si il est possible de les considérer comme conscientes.

Je ne suis pas assez avancée en terme de technologie pour savoir si le développement de ce type de programmation en est à ce niveau ou non, mais comme dans sa trilogie, Bello nous confronte à un possible particulièrement réel: dans sa trilogie, il nous présentait comme réaliste le fait que les grands évènements de notre monde ne soient en réalité que des manipulations ayant pour but d'emmener l'humanité dans telle ou telle direction. Ici, il nous montre ce que pourrait être notre monde si la technologie est dénuée d'éthique et de morale. Les AI suffisamment développées pourraient prendre le contrôle des mots, que ce soit pour rédiger des articles, des blogs (promis, je ne suis pas juste un algorithme), des discours poliques, ou même des romans, et à terme remplacer une bonne partie des employés à moindre coût.
On aborde là le dilemme entre la rentabilité et l'humain, de plus en plus présent dans notre société où on valorise le profit au détriment des femmes et des hommes.

Le livre nous parle aussi du processus de création littéraire, parfois beaucoup plus codifié qu'on ne le pense, au point qu'il semblerait possible à un ordinateur de remplacer un auteur. Cela paraît peu réaliste, mais les arguments avancés par Ada sont convaincants, d'après elle tout genre littéraire est régi par des règles implicites qui le conditionnent, et qui le rendent finalement "simple" à imiter.

Je me suis laissée prendre à ce roman, même si j'ai parfois été gênée par la familiarité du langage, qui fait en réalité partie de l'histoire, mais on ne le comprend qu'à la fin. Et encore une fois, Bello nous perd entre réalité et fiction, on ne sait plus ce qui relève du roman (même si je ne peux en dire plus dans spoiler l'histoire).

Encore une fois, j'ai été emportée, et j'ai beaucoup aimé ce livre, à la fois par sa dimension romanesque, et parce qu'il fait réfléchir à ce qui pourrait être notre avenir - ou qui est peut-être déjà notre présent, qui sait....

vendredi 4 novembre 2016

Lecture: La condition pavillonnaire

J'avais découvert Sophie Divry via "La cote 400", emprunté puisque "La condition pavillonnaire" n'était pas disponible dans ma bibliothèque. Et cette lecture m'avait énormément plu, j'ai donc décidé de continuer sur ma lancée en lisant le premier livre que je visais.

Résumé: La condition pavillonnaire nous plonge dans la vie parfaite de M.-A., avec son mari et ses enfants, sa petite maison. Tout va bien et, cependant, il lui manque quelque chose. L'insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les exutoires : l'adultère, l'humanitaire, le yoga, ou quelques autres loisirs proposés par notre société, tous vite abandonnés. Le temps passe, rien ne change dans le ciel bleu du confort. L'héroïne est une velléitaire, une inassouvie, une Bovary... Mais pouvons-nous trouver jamais ce qui nous comble ?

J'ai trouvé ce roman très déstabilisant, à la fois par sa forme et par son contenu. Par sa forme d'abord, parce qu'il est écrit à la deuxième personne, le narrateur s'adresse à M-A, l'héroïne du livre. Ca rend de mon point de vue plus difficile de rentrer le roman, on se demande d'abord si le narrateur va intervenir à un moment dans le roman, tel un personnage qui s'adresse à un autre, mais en fait ce n'est pas le cas, et ça crée une distance entre le lecteur et l'histoire.

Par le contenu ensuite: ce livre retrace la vie d'une femme ordinaire, de son enfance de fille unique dans un petit village de l'Isère à sa mort dans son pavillon dans un autre village de la même région. Tellement ordinaire qu'on s'y retrouve: cette femme, M-A s'enferme progressivement dans une routine de vie, elle trouve un fiancé bien sous tout rapport, elle quitte un stage prometteur pour le suive, ils se marient, ont des enfants, elle travaille, gère la maison, les enfants, les courses, tout est sous contrôle, tout est rodé, sans imprévu. Le roman enchaîne les "banalités" de sa vie, comme une énumération sans fin de ce qui fait le quotidien et le destin d'une femme comme les autres. C'est extrêmement réaliste, et extrêmement perturbant aussi, parce que M-A, c'est nous. Ou en tout cas c'est moi: études, rencontre de Mr pendant mes études, mariage, achat immobilier, enfants, boulot, routine, la vie de M-A me renvoie à la mienne, celle si proche de ce que je souhaitais, et pourtant parfois si loin.
M-A va trouver des dérivatifs: elle va tromper son mari, prête à tout laisser tomber pour un homme qui finalement se contente de profiter de la situation, elle va tenter de surmonter sa dépression par des engagements associatifs, du yoga.... La question qu'on peut se poser, c'est qu'est-ce qui différencie une vie parfaite d'une vie ennuyeuse, une vie idyllique sur le papier d'un enfermement à vie?

Peut-être ce livre tombe t'il mal compte-tenu de ma situation actuelle, de mes difficultés au boulot, et à concilier le boulot et la vie perso, de cette sensation parfois d'être bloquée à une place qui n'est pas la mienne, parce qu'on a besoin de mon salaire, parce que sans moi les lessives ne sont pas faites, la maison pas rangée, que si je change que ce soit de travail ou de comportement l'équilibre de la famille en sera bouleversé, et pourtant il me fait aussi réfléchir, parce que je n'ai pas envie de me dire à la fin de ma vie que j'ai subi et non choisi cette vie! (Je vous rassure, je n'en suis pas à trouver des dérivatifs tels que M-A, mais plutôt à prendre mon destin en main et changer de boulot ;-))

Au final, j'ai préféré "La cote 400", moins proche de la vie réelle, mais ça a quand même été une lecture intéressante!

dimanche 30 octobre 2016

Lecture: Deux-pièces


J'ai toujours beaucoup apprécié les romans d'Eliette Abecassis, j'ai donc emprunté avec plaisir le dernier opus acquis par ma bibliothèque municipale.

Résumé: « Elle était là, presque nue, devant la piscine, à Molitor. Exposée aux yeux de tous, dans ce grand “paquebot” aux façades couleur terre de Sienne, à l’architecture des années trente… ». Lors d’un défilé, la France de 1946 découvre la bombe atomique du couturier Louis Réard : le bikini. Dans le public, Gaby, une jeune fille « toute frêle, à la peau diaphane » prend des notes. Un jeune homme l’interpelle. C’est Antoine, son grand amour qu’elle n’a plus revu depuis l’Exode. Il a participé à la conception du premier maillot deux pièces…
 Livre minuscule, moins de 80 pages petit format avec gros interlignes, et pourtant un livre qui aborde des sujets forts.
Le plus évident de ces sujets, c'est la libération de la femme avec l'apparition du premier maillot de bain qui dévoile les corps, symbole de la femme qui existe par elle-même. Mais pourtant, comme Gaby le souligne "tu vas voir, ton bikini, qui prétend libérer la femme du costume de bain, il va se transformer en diktat du corps parfait! On n'aura rien gagné!". Au vu de ce qui s'est passé par la suite, des photos dans les magasines et du culte du beau, on peut effectivement se demander si ce fameux bikini a vraiment été une libération pour les femmes!

Mais le livre aborde aussi l'Histoire, au travers de l'échange entre les personnages, la résistance des maquisards, le refus du STO, l'engagement des jeunes hommes aux côtés de De Gaulle, mais aussi la place de la France sur l'échiquier mondial à la fin de la guerre, et son absence criante à Yalta, ou encore l'émergence du conflit entre les communistes et le monde occidental, ou encore l'ambiguité du monde de la culture vis-à-vis du nazisme: "Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'Occupation allemande". Et puis l'Histoire, c'est aussi le retour des camps de ces hommes et ces femmes transformés dans leur corps et dans leur coeur, évoqué en filigrane, et qui pourtant tient dans ces quelques pages un rôle prépondérant, présent mais caché, un secret dont on ne parle pas, mais qui pourtant existe.

Quelques pages donc, mais superbes, qui à partir d'un évènement marquant un tournant dans l'histoire de la mode, nous permet de balayer les années qui ont précédé ce défilé!

Lecture: Un chemin de tables


Ma première découverte de Maylis de Kerangal avait été un peu mitigée, mais ce titre trouvé à la bibliothèque m'a donné envie de retenter ma chance.

Résumé: Brasserie parisienne, restaurant étoilé, auberge gourmande, bistrot gastronomique, taverne mondialisée, cantine branchée, Mauro, jeune cuisinier autodidacte, traverse Paris à vélo, de place en place, de table en table. Un parcours dans les coulisses d'un monde méconnu, sondé à la fois comme haut-lieu du patrimoine nationale et comme expérience d'un travail, de ses gestes, de ses violences, de ses solidarités et de sa fatigue. Au cours de ce chemin de tables, Mauro fait l'apprentissage de la création collective, tout en élaborant une culture spécifique du goût, des aliments, de la commensalité. A la fois jeune chef en vogue et gardien d'une certaine idée de la cuisine, celle que l'on crée pour les autres, celle que l'on invente et que l'on partage.

La lecture de ce roman est beaucoup plus fluide que celle de "Réparer les vivantes": les phrases sont plus courtes, plus accessibles, les chapitres sont brefs, caractéristiques d'une expérience culinaire et d'une expérience de vie.

Ce roman semble presque réel, je me suis demandée si Mauro était vraiment un personnage de fiction. Personnage atypique, étudiant en sciences éco et passionné de cuisine, son coeur balance entre les 2, jusqu'à enchaîner dans une même journée cours à la fac et travail en cuisine.

Cuisinier amateur pour ses amis, leur proposant soir des alternatives bon marché à la malbouffe des fastfoods, il va progressivement envisager de faire de cette passion un métier, se frottant aux cuisines de petits et grands restaurant, affrontant la violence de ces arrière-salles invisibles aux convives, allant jusqu'à sacrifier toute vie personnelle pour se mettre au service de ses clients.
Loin des images édulcorées présentées par toutes les émissions de la télé-réalité, on découvre là l'envers du décor, jusqu'à l'écoeurement, comme Mauro qui finit par tout lâcher.

Mais le roman ne s'arrête pas sur cette note négative, et la fin ouvre un autre univers des possibles, une nouvelle définition du restaurant, lieu de partage et d'échange au travers du partage des plats.

C'est un roman court, incisif, très réaliste, qui nous rappelle que derrière les belles assiettes se cachent des hommes et des femmes, leur investissement, leurs souffrances, leur coeur et leur vie!

mercredi 26 octobre 2016

Lecture: Nora Webster


C'est le libraire de mon oncle qui, ayant souvent discuté avec lui de mes conseils de lectures (je fais périodiquement des listes de lectures pour ma famille ;-)), lui a recommandé le dernier roman de Colm Toibin, que mon oncle s'est empressé de me prêter, avant même de l'avoir lu, pour tenter de remonter mon moral qui plonge dangereusement ces derniers temps.

Résumé: Irlande, fin des années 1960. Nora, qui élève seule ses quatre enfants depuis la mort de son mari, tente de refaire sa vie sous l'oeil critique des habitants de la petite ville où elle vit depuis toujours. Opiniâtre et indocile, elle s'affranchit peu à peu des cancans et s'autorise de menues libertés : prendre des cours de chant, s'acheter une chaîne stéréo... La profondeur des émotions que soulève en elle la musique s'accorde au réveil de sa sensibilité et de sa personnalité.

Ce livre, c'est la vie d'une femme ordinaire, mère de 4 enfants, qui doit réapprendre à vivre après le décès de son mari. Retrouver un travail, gérer la souffrance de ses enfants, se réapproprier le droit de vivre, malgré le regard des autres, autant de sujets auxquels Nora doit faire face.

Chaque membre de la famille doit faire son deuil, chacun à sa manière,  et l'auteur aborde en finesse le sujet difficile de la perte d'un parent ou d'un époux, et la façon qu'à chacun de réagir: comment continuer à vivre quand tout nous rappelle celui qu'on a perdu, comment ne pas culpabiliser de recommencer à vivre, comment aider les autres à gérer leur chagrin....

Sous la surface lisse d'une veuve respectable, on sent émerger la femme volontaire qui prend sa vie en main. Pas de coup d'éclat (ou peu), c'est à petits pas qu'elle avance vers sa liberté: nouveau travail, nouvelle coiffure, nouvelles activités, Nora assume sa nouvelle place dans la famille, mais aussi dans la société.
En même temps que Nora "s'émancipe", ses filles elles aussi trouvent leur place dans la société et le contexte de l'époque: l'une des deux s'implique dans la vie et les évènements politiques du pays, l'autre s'affirme dans ses choix par rapport à sa mère sur la vie qu'elle souhaite mener.

Nora essaye d'être une mère ouverte, à l'écoute, même si ses enfants s'ouvrent finalement peu à elle, comme si la liberté qu'elle leur laisse la prive d'une partie de son rôle de mère. Mais malgré cela, elle est là pour eux, prête à les défendre envers et contre tout, comme elle le fait pour son fils en menaçant de bloquer l'accès à l'école si on ne le remet pas dans sa classe...mais elle le fait sans leur dire, sans s'en vanter, les laissant dans l'ignorance de ce qu'elle fait pour eux. Elle doit pour éduquer ses enfants composer avec le reste de la famille, qui s'immisce dans leur vie, soit par des conseils, soit par le financement des études avec un droit de regard, et elle fait de son mieux pour épauler ses enfants tout en leur laissant assumer leurs responsabilités.
Le changement de Nora va impacter la vie de ses enfants, qui sont eux aussi perturbés par le décès de leur père, et qui vont devoir accepter les décisions qu'elle prend et qui vont chambouler leur quotidien et leurs habitudes: elle vend la maison de vacances, elle reprend un travail et n'est plus là à la sortie de l'école, elle sort le soir.....



C'est un roman tout en douceur, pas de rebondissements, pas de grandes envolées, à l'image de la transformation de Nora, une belle découverte!

jeudi 20 octobre 2016

Lecture: L'amie prodigieuse


Ce livre m'a été recommandé par Miss Léo et Galéa quand je cherchais des lectures pour cet été....il m'a fallu un peu plus de temps que prévu pour le sortir de ma PAL.

Résumé: Elena et Lilva vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu'elles soient douées pour les études, ce n'est pas la voie qui leur est promise. Lila abandonne l'école pour travailler dans l'échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et s'éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition.

J'avais entendu beaucoup de bien de ce roman, j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Peut-être aussi parce que je n'avais pas la tête à ça, et que les instants volés ne me permettaient pas de profiter de tout ce qu'Elena Ferrante nous apporte dans ces pages. Mais après ce démarrage difficile, je me suis laissée emporter dans ce quartier napolitain populaire, où les habitants vivent en vase clos, où règnent les conflits intra et extra familiaux, la violence, les rivalités...

L'histoire débute par la disparition de Lila qui s'évanouit corps et biens dans la nature. Elena, sa grande amie, remonte alors le temps pour nous narrer leur histoire.

Dès son plus jeune âge, Lila est une petite fille pas comme les autres, elle ne cherche pas à se faire aimer, elle domine les autres enfants par son intelligence hors norme. Au contraire, Elena est effacée, elle vit dans l'ombre de Lila, toujours derrière, moins brillante, moins audacieuse.... et pourtant c'est elle qui va avoir la chance de pouvoir continuer ses études, malgré l'opposition de sa mère, et devenir une étudiante brillante, alors que Lila quant à elle doit renoncer à l'avenir qui lui est promis pour aller travailler aux côtés de ses parents.
Tout au long du roman, Elena nous décrit cette relation très particulière qui les lie, relation dominée par Lila qui même quand la vie semble privilégier Elena reprend toujours l'ascendant: dominance intellectuelle, puis dominance physique quand elle devient la fille la plus courtisée du quartier...
Elena a besoin de la caution de Lila pour se valoriser, elle s'évalue à l'aune du regard de son amie, ce qui la conduit à se dévaloriser plus qu'à se mettre en valeur.
Je n'ai pas trouvé Lila spécialement sympathique, peut-être parce que je ressemble plus à Elena qu'à Lila, plus suiveuse que meneuse, plus besogneuse que créative. Mais on sent des failles derrière sa façade parfois dure et moqueuse, celles d'une petite fille qui voit ses rêves se briser, et qui tente de forcer son destin en apprenant par elle même, et en trouvant des échappatoires avec les moyens à sa disposition, puisqu'elle ne peut totalement briser le cadre, même si cela impacte parfois négativement son entourage...

Autour de ce duo gravitent leurs familles, leurs voisins, leurs amis, un monde dans lequel on est immergés, voire submergés. C'est une véritable communauté, tout le monde se connaît, les rivalités, les rancœurs, les histoires entre familles régissent le fonctionnement du quartier. C'est à cette vie en vase clos qu'Elena et Lila voudraient échapper, mais seule Elena va pouvoir à travers ses études découvrir ce qui se passe ailleurs, ce qui génère des tiraillements entre ce qu'elle vit au quotidien, et ce qu'elle sait exister à l'extérieur. Lila quant à elle va trouver une solution "interne" pour échapper à sa famille et à l'avenir que ses parents veulent lui tracer, renforçant la distance avec le destin qui semble s'ouvrir à Elena.

Seul petit hic, j'ai été un peu dérangée par la temporalité du livre: j'ai eu du mal à suivre le passage des époques, ne sachant pas toujours à quel âge des filles se situaient les différents épisodes. Elles paraissent très mures très vite, alors même qu'à la fin elles n'ont même pas 18 ans. De même, le roman n'est que peu situé dans le temps, même si les références à la politique ou les modèles de voitures permettent de se situer (à condition de s'y connaître...).

Au final une belle découverte, même si la fin appelle une suite que j'ai hâte de lire!

lundi 17 octobre 2016

Lecture: Maggy Garrisson (BD)


Ce que j'aime particulièrement à la bibliothèque, c'est découvrir des livres et BD que je n'aurais jamais lus si les bibliothécaires ne les avaient pas mis en avant. Je leur en suis extrêmement reconnaissante, car ils me permettent d'élargir mon horizon et mes lectures grâce à leurs conseils!

Aujourd'hui, c'est sur une série de BD que je suis tombée.

Résumé: Même dans l'agence miteuse d'un détective alcoolique, un boulot, ça reste un boulot. Et depuis le temps qu'elle en cherche un, Maggy Garrisson veut bien faire quelques concessions. D'autant qu'il y a toujours moyen de se faire quelques billets, quand on est prêt à aider son prochain et qu'on sait faire preuve d'un minimum de présence d'esprit. Ce qui semble d'ailleurs sacrément manquer à Anthony Wight, son patron, qui s'est fait passer à tabac cinq jours après qu'elle eut commencé à travailler pour lui et qui ne reprend connaissance que pour lui demander de lui apporter son vieux portefeuille à l'hôpital. Menue monnaie, facturette, reçu de parking, coupons pour une salle d'arcade… Pas de quoi faire le déplacement, et pourtant, quand Maggy constate qu'elle est suivie dans la rue, elle flaire le coup fourré. Car sous leur aspect anodin, les coupons semblent susciter une vraie convoitise.

Maggy Garrisson est une femme comme les autres, qui a besoin d'un boulot, qui fait attention à ce qu'elle dépense, cherche un homme, et noie sa solitude dans la bière. Ayant dégotté un travail par relation chez un détective privé alcoolique, elle se retrouve embringuée dans une histoire compliquée qui sert de fil conducteur aux 3 épisodes de ce premier cycle, à partir de 3 coupons pour une salle de jeux qui pourtant paraissaient si anodins....
En parallèle, Maggy va mener ses propres enquêtes, de la recherche du canari de la voisine au propriétaire d'un container vendu aux enchères, avec pas mal de réussite pour une détective amatrice!

J'ai aimé l'ambiance de ces 3 tomes, les personnages très réels, et la vraisemblance du récit qui nous plonge dans les aventures de cette enquêtrice malgré elle.
J'espère que les auteurs ne s'arrêteront pas là et nous donneront le plaisir d'un nouveau cycle!

A découvrir pour tous les amateurs de BD et polars qui sont parfaitement réunis dans ces 3 tomes!

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Nouvelle participation à "A year in England"

dimanche 16 octobre 2016

Lecture: Ce n'est pas toi que j'attendais


Cette BD, j'en avais entendu parler chez Galéa et chez Jérôme, mais j'étais je l'avoue très réticente à la lire. Et puis aujourd'hui, je l'ai trouvée à la bibliothèque...

Résumé: Dans la vie d'un couple, la naissance d'un enfant handicapé est un ouragan, une tempête. Quand sa petite fille naît porteuse d'une trisomie non dépistée, la vie de Fabien s'écroule. De la colère au rejet, de l'acceptation à l'amour, l'auteur raconte cette découverte de la différence. Un témoignage poignant qui mêle, avec délicatesse, émotion, douceur et humour.

Je n'avais pas envie de lire cette BD pour plusieurs raisons: d'abord parce que des gens qui me sont très proches ont été confrontés au risque de trisomie pendant la grossesse, avec le choix ou non de l'amniocentèse, et de ce qui pouvait découler des résultats. Et puis parce que ces sujets là sont extrêmement personnels: tout le monde n'a pas la même façon de réagir, tout le monde n'a pas la même capacité à supporter une situation difficile, et chaque choix est éminemment respectable, qu'on soit d'accord ou non avec la décision prise.

J'avais donc peur de ce que l'auteur pourrait nous dire, des messages qu'il voulait faire passer, mais j'ai eu tort!

Dès le départ, Fabien Toulmé met des mots sur son angoisse, dès la première échographie: la peur que son bébé soit trisomique. Cette angoisse sous-jacente à toute la grossesse, mais qui ne sera jamais confirmée tout au long des examens va se réaliser à la naissance. Et la question n'est pas de savoir ce qu'ils auraient fait ou non si ils l'avaient appris plus tôt, mais ce qu'ils ont vécu en apprenant que leur fille n'était pas "normale". Et plus particulièrement ce que lui a vécu, et comment il l'a vécu: même si sa femme est présente dans son récit, on n'a finalement pas son ressenti à elle, ou alors à travers son ressenti à lui.

Il faut le reconnaître, il m'a profondément ému, en particulier parce qu'il ne cherche pas à se rendre meilleur qu'il ne l'a été. Au départ il a du mal à accepter la nouvelle, à accepter sa fille telle qu'elle est, à voir leur avenir, et il nous le dit franchement. Et il nous montre ensuite comment son amour pour sa fille a éclos, au fil de leur vie commune, comment elle a su trouver sa place dans leur famille.
Il ne nous fait pas la morale, il ne cherche pas à défendre une position, juste à nous dire ce qui s'est passé pour lui, pour eux, et j'ai trouvé cette honnêteté touchante. Dans un monde où on doit être des parents parfaits, où les réseaux sociaux fourmillent de photos de maison rangée, d'enfants parfaitement habillés, et de mamans/papas au top, sans failles et sans faiblesses, reconnaître qu'on est imparfait, que l'amour pour son enfant n'est pas inné mais acquis, et que tout n'est pas toujours si simple me paraît admirable!

Une très belle découverte, merci à Jérôme et Galéa d'avoir planté la petite graine de cette lecture dans ma tête!

samedi 15 octobre 2016

Lecture: Harry Potter et l'enfant maudit


Plus de 3 semaines depuis mon dernier post, manque de temps, manque d'envie, moral dans les chaussettes, autant de raisons qui m'ont tenue éloignée de mon clavier.
Lecture plus difficile aussi, la fatigue me pousse vers la télé et les romans faciles.

Mais l'annonce de la sortie du dernier opus des aventures d'Harry Potter ne pouvait que faire réagir la fan que je suis. Même si ce huitième tome est le texte d'une pièce de théâtre, et non un nouveau roman, je n'ai pas résisté longtemps (1 journée, le temps d'aller l'acheter ;-)).

Résumé: Etre Harry Potter n'a jamais été facile et ne l'est pas davantage depuis qu'il est un employé surmené du Ministère de la Magie, marié et père de trois enfants. Tandis que Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, son plus jeune fils, Albus, doit lutter avec le poids d'un héritage familial dont il n'a jamais voulu.
Le destin vient fusionner passé et présent. Père et fils se retrouvent face à une dure vérité: parfois, les ténèbres surviennent de endroits les plus inattendus.

Comme l'ensemble de la série, ce livre est addictif. Le fait d'avoir vu les films de la série permet de personnifier ce texte de théâtre qui demande de savoir imaginer les décors et les liens qu'on ne peut visualiser.
Je pense que la pièce doit vraiment valoir le coup, et j'ai apprécié ma lecture, même si malheureusement la forme qui a été choisie pour cette suite ne permet pas la même profondeur que le reste de la saga: comme pour toute pièce de théâtre, on ne peut multiplier les acteurs, ce qui limite le nombre de personnages et centre l'intrigue sur Harry et son fils Albus, et Drago et son fils Scorpius. Ron, Hermione et Ginny sont bien sûr de la partie, car comment imaginer Harry sans ses fidèles amis, mais on ne retrouve pas les mythiques scènes dans Poudlard, les autres survivants sont parfois évoqués mais inexistants....

Bon moment de lecture, oui, mais loin de ce que les précédents épisodes de la saga nous avaient offert: Harry, Ron et Hermione sont présents, mais c'est comme si vieillir avait disparaître tout ce qui a fait d'eux ce mythique trio. Même si on retrouve un peu l'Hermione moralisatrice de leur jeunesse, leur fonctionnement et leur complicité n'apparaît pas dans cet opus. Ron en particulier est quasi inexistant, et Hermione semble loin de la brillante étudiante qu'elle était pendant les 7 ans à Poudlard. Pas d'aventures magiques extraordinaires, peu de combats magiques, et comment remplacer les cours à Poudlard, les matchs de Quidditch, les portraits qui parlent, les escaliers qui bougent et les incroyables banquets dans la grande salle?

Sans vouloir spoiler l'histoire, ce qui m'a plu ce sont les relations pères/fils compliquées (peut-être me renvoient elles à ce que je vis au quotidien avec mon loulou, dont j'ai tant de mal à trouver les clés), et les mondes parallèles dans lesquels on est plongés, ces mondes qui auraient pu arriver si....

L'analyse peut ne pas donner envie de lire ce nouvel opus, et pourtant je ne regrette pas mon achat (compulsif), parce qu'Harry finalement a vieilli, comme moi, et que ce héros qui a été confronté a bien des épreuves magiques se retrouve face à l'épreuve peut-être la plus compliquée de sa vie: l'éducation de son fils!

J'espère que la pièce sera adaptée en France, et que j'aurai le plaisir d'aller la découvrir "en vrai"!

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Nouvelle participation à "A year in England"








vendredi 16 septembre 2016

Lecture: La fractale des raviolis


Pas de roman policier pour ma lecture du jour, mais un roman découvert encore une fois grâce à un superbe billet de Miss Léo.

Résumé: Il était une fois une épouse bien décidée à empoisonner son mari volage avec des raviolis. Mais, alors qu'approche l'instant fatal, un souvenir interrompt le cours de l'action. Une nouvelle intrigue commence aussitôt et il en sera ainsi tout au long de ces récits gigognes. Tout ébaubi de voir tant de pays, on découvre les aventures extraordinaires d'un jeune garçon solitaire qui, parce qu'il voyait les infrarouges, fut recruté par le gouvernement; les inventions stratégiques d'un gardien de moutons capable e gagner la guerre d'Irak; les canailleries d'un détrousseur pendant l'épidémie de peste à Marseille en 1720 ou encore la méthode mise au point par un adolescent sociopathe pour exterminer le fléau des rats-taupes.

A partir d'un fait somme toute banal, une femme qui veut assassiner son mari qui la trompe (:-)), on découvre des histoires qui se déboitent comme des poupées russes, avant de se remboîter, pour revenir au point de départ.

Cette lecture a vraiment été une très belle découverte: les histoires se déroulent comme au fil des pensées, des associations d'idées permettent de passer de l'une à l'autre, fil ténu qui relie chaque épisode à ceux qui l'entoure. On n'a qu'une envie, découvrir ce qui se cache dans les pages qui suivent!

Les récits sont croustillants, courts et pourtant complets: ils pourraient exister seuls, comme un recueil de nouvelles, mais la prouesse de l'auteur est en faire un roman cohérent qui nous emporte d'un épisode à l'autre, avec une symétrie qui permet de rebasculer vers l'origine du récit, comme une pelote débobinée qu'on rembobine.

Ce roman se dévore pour enfin atteindre son point final plein d'humour et d'ironie, un point final qu'on n'attend pas, et qui pourtant est juste ce qu'il fallait pour clore en beauté cette superbe découverte!

Ces raviolis sont à consommer sans modération, un grand merci encore une fois à Miss Léo pour ce conseil!

Lecture: Les petites filles


La rentrée est très compliquée cette année, au boulot et à la maison, où mon Souriceau a du mal à se remettre à l'école, je n'ai donc pas beaucoup de temps pour lire, et encore moins pour écrire. Mes chroniques en retard n'avancent pas, la pile a plutôt tendance à augmenter :-(

Compte-tenu de mon état de fatigue et de mon peu de temps et de concentration, les romans policiers ont ma préférence, dont "Les petites filles" que le billet de Miss Léo m'avait donné envie de découvrir.

Résumé: Bénévole dans une association qui s'occupe d'enfants, Lina est partie poursuivre ses études à Mou di en Chine. Thomas, lui, enquête pour une ONG sur les disparitions d'enfants (principalement des petites filles) qui sévissent depuis des décennies dans cette région reculée. La jeune femme accepte de lui servir d'espionne sur place où elle découvre vite les ravages de la politique de l'enfant unique. Mais ses questions vont semer le trouble dans le village. Quand un mystérieux assassin se met à éliminer un à un tous ceux qui semblaient savoir quelque chose, elle comprend que le piège est en train de se refermer sur elle...

 J'ai beaucoup apprécié ce roman qui alterne entre deux époques à 20 ans d'écart, et j'ai surtout été touchée par la partie concernant le passé. L'héroïne de 1991, c'est Sun, une jeune villageoise mère d'une petite fille, et enceinte d'un deuxième enfant, ce qui va à l'encontre de la politique de l'enfant unique imposée par l'Etat. Mais cette jeune femme courageuse est prête à braver cette politique pour garder sa fille, alors qu'il est courant que les familles se débarrassent de cette progéniture gênante pour tenter d'obtenir le Graal, un fils!

Rien de nouveau dans ce que nous raconte Julie Ewa, mais à travers son récit, et les personnages qu'elle met en scène, elle rend plus réel et proche de nous ce qui s'est passé si loin. Les femmes sont très présentes dans cette histoire, et pas toujours pour le positif: les jeunes femmes,  victimes de cette loi qui ne leur autorise qu'un enfant, et soumises au diktat culturel de l'importance du fils, elles d'avoir choisir entre se soumettre ou se battre. Et si Sun choisit de se révolter, les autres courbent la tête. Les vieilles femmes ont quant à elles souvent basculé dans le camp des bourreaux, humiliant leurs belles-filles incapables d'enfanter des fils, tuant les filles à la naissance... Cette cruauté de femmes qui ont pourtant elles-aussi vécu cela (sans pour autant avoir connu la contrainte de l'enfant unique), ces femmes qui ont souffert d'être nées femmes se retournent vers les plus jeunes pour les martyriser comme elles ont certainement dû l'être.
Et puis il y a les petites filles, qui ne sont même pas déclarées, qui peuvent disparaître sans que personne ne dise rien, ne fasse rien, que leurs parents n'hésitent pas à vendre au plus offrant. Ces petites filles qui ne comprennent pas pourquoi un jour elles sont arrachées à leurs racines, pour disparaître dans l'inconnu.
Tout en finesse, Julie Ewa nous rappelle ce qu'il peut advenir de ces petites filles après leur disparition, adoption pour les plus chanceuses, mais pour les autres trafic d'organe, prostitution... Elles sont l'objet d'un marché dont la politique de l'enfant unique a favorisé l'essor, permettant qu'elles disparaissent avec l'accord de ceux qui devraient la protéger, ses parents.

Comme Miss Léo, j'ai moins apprécié la partie "contemporaine" du récit, en particulier parce que Lina n'est pas vraiment crédible, elle est trop naïve, et à sa place je n'aurais jamais suivi en arrivant à l'aéroport un type que je ne connaissais pas.

Mais l'ensemble du roman fonctionne bien, les pièces du puzzle s'imbriquent au fur et à mesure pour une conclusion bien amenée. Une belle découverte, merci à Miss Léo!

dimanche 11 septembre 2016

Lecture: REVƎR


J'avais bien aimé "La mémoire fantôme", du même auteur, quand j'ai trouvé ce nouvel opus dans les nouveautés de la bibliothèque, je n'ai pas hésité.

Résumé: Si ce n'étaient ses cicatrices et les photos étranges qui tapissent les murs de son bureau, on pourrait dire d'Abigaël qu'elle est une femme comme les autres. 
Si ce n'étaient ces moments où elle chute au pays des rêves, on pourrait jurer qu'Abigaël dit vrai.
Abigaël a beau être cette psychologue qu'on s'arrache sur les affaires criminelles difficiles, sa maladie survient toujours comme une invitée non désirée. Une narcolepsie sévère qui la coupe du monde plusieurs fois par jour et l'emmène dans une dimension où le rêve empiète sur la réalité. Pour les distinguer l'un de l'autre, elle n'a pas trouvé mieux que la douleur.
Comment Abigaël est-elle sortie indemne de l'accident qui lui a ravi son père et sa fille ? Par quel miracle a-t-on pu la retrouver à côté de la voiture, véritable confetti de tôle, le visage à peine touché par quelques bris de verre ? Quel secret cachait son père qui tenait tant, ce matin de décembre, à s'exiler pour deux jours en famille ? Elle qui suait sang et eau sur une affaire de disparitions depuis quelques mois va devoir mener l'enquête la plus cruciale de sa vie. Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même

Travaillant sur une enquête d'enlèvements d'enfants, Abigaël voit son destin basculer quand son père et sa fille meurent dans un accident de voiture dont elle seule réchappe. Mais tout est invraisemblable dans la situation, et la jeune femme tente de comprendre ce qui a pu conduire son père sur cette petite route de campagne, et à les emmener vers la mort. Cette quête vers la vérité va se retrouver reliée à l'enquête sur les enlèvements, la poussant à creuser toujours plus loin, au risque de sombrer dans la folie!

Avant même de commencer le roman, l'auteur s'adresse aux lecteurs, et nous prévient qu'on va être chahutés dans le temps, qu'il faut bien suivre les indications en tête de chapitre pour ne pas se perdre. Mais il n'y a pas que ça! Tout comme Abigaël, nous sommes ballotés entre rêves et réalité, tentant de comprendre avec l'héroïne si ce qu'on lit est réel ou l'expression de ses rêves, tout comme elle se demande si elle est dans le rêve ou la réalité.

Ce mélange des époques et des rêves/réalité nous plonge au plus profond de l'histoire, nous déroute, et nous entraîne aux côtés d'Abigaël dans une enquête haletante, ou l'on ne distingue plus le vrai du faux, ou tout s'imbrique pour mieux nous perdre, et nous emmener jusqu'à la fin de ce roman prenant.

Ce livre nous emporte, je n'ai pu le lâcher qu'une fois terminé, un bon roman policier à découvrir sans hésiter!

mercredi 10 août 2016

Lecture: La chute du British Museum


Une fois encore, c'est dans les recommandations des autres participants du mois anglais que j'ai pioché cette lecture.

Résumé: La Chute du British Museum raconte une journée dans la vie pas si ordinaire d'Adam Appleby, jeune universitaire. Par la grâce de Lodge, Adam se retrouve propulsé dans une série d'aventures trépidantes. Le monde entier semble se liguer contre lui: dès le matin, sur le chemin du fameux musée où il prépare sa thèse, un embouteillage provoqué par les Beatles retarde son arrivée. Puis, dans la bibliothèque, une délégation chinoise entoure son siège attitré, qui fut celui de Karl Marx. Et ce n'est que le début de cette comédie réjouissante, menée à un rythme effréné.

Le roman partait bien: dès le début on est plongés dans les soucis d'Adam et de sa femme, heureux parents de 3 enfants, et extrêmement inquiets d'en avoir mis un quatrième en route. Catholiques pratiquants, il leur est inconcevable d'utiliser autre chose que la méthode naturelle de régulation des naissances, ce qui génère chez eux stress et inquiétudes, sans parler d'une vie de couple plus que compliquée....
Je dois avouer que compte-tenu de mes années dans un collège privé catholique non-mixte, le sujet me parlait, nombre de mes condisciples de l'époque étant persuadées que la contraception était répréhensible, et que la méthode naturelle était très efficace. Loin de moi l'idée de juger les opinions de qui que ce soit, chacun a le droit d'avoir ses convictions, mais cela m'a permis de bien comprendre ce qui torturait la conscience d'Adam et de Barbara.

Malgré ce démarrage prometteur, je suis passée à côté de cette lecture. Peut-être que cela demandait trop de concentration pour mon esprit en vacances, mais je ne suis pas rentrée dans le roman. On bascule parfois dans l'imaginaire d'Adam sans préavis, ce qui a rendu ma lecture difficile, et il accumule tellement les péripéties dans la même journée que j'ai eu du mal à suivre, perdant certainement le côté comique de la situation en essayant d'atteindre les dernières pages de ce roman. Les situations sont tellement surréalistes que cela m'a perdue, et ne m'a pas permis de rentrer dans l'histoire.

Au final, une lecture sans véritable plaisir, même si j'ai été jusqu'au bout, ne serait-ce que pour savoir ce qu'il allait advenir de notre héros....

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Nouvelle participation à "A year in England"


lundi 8 août 2016

Lecture: Une étude en soie


Encore un roman découvert pendant le mois anglais, chez Irene Cannibal Lecteur, et qui ne pouvait que tenter l'adepte de Sherlock Holmes que je suis.

Après une petite soeur dans Enola Holmes, cette fois-ci c'est une nièce qui est créée à notre célèbre détective.

Résumé: Evelina Cooper, la nièce de Sherlock Holmes, s’apprête à vivre sa première saison dans la haute société londonienne. Mais quand de terribles meurtres secouent le manoir de son amie et hôte, la jeune femme se retrouve plongée au cœur d’un complot remettant en question le monopole des barons de la vapeur sur la ville. Une enquête à hauts risques. D’autant qu’Evelina cache un dangereux secret et qu’elle ignore auquel de ses compagnons elle peut vraiment se fier : le beau et brillant aristocrate débauché qui fait battre son cœur ou son meilleur ami forain, qui ferait n’importe quoi pour elle.

L'univers créé dans ce roman est un peu déroutant par rapport aux aventures de Sherlock ou à celle d'Enola Holmes, car on est dans ce cas plongés dans un Empire Britannique soumis à la tutelle d'industriels sans scrupules, les "Barons de la Vapeur", qui contrôlent l'approvisionnement en énergie de Londres via le contrôle de la vapeur. Ajoutez à cela un zeste de magie, et on sort de l'univers cartésien de Conan Doyle, pour entrer dans un monde où Sherlock reste Sherlock, mais où d'autres puissances jouent un rôle loin de la logique habituelle de notre détective.

Une fois qu'on a franchi ce pas, et intégré l'univers d'Evelina, on est emportés par le roman. Comme dans Enola Holmes, ce membre ajouté de la famille Holmes détonne du milieu d'où elle vient. Elevée dans un cirque, Evelina n'a intégré le milieu de sa famille maternelle que tard, et même si elle tente d'entrer au mieux dans le moule de cette aristocratie qui l'accueille, elle reste très marquée par ses origines, et par la volonté de réussir autrement que par un beau mariage. Elle va pourtant être présentée à la Reine, comme de nombreuses débutantes, pour pouvoir faire son entrée dans le monde, et trouver un bon parti, mais le destin va la rattraper....

Malgré l'aspect fantastique du roman lié à la magie, on est plongés dans cet univers victorien des convenances, les jeunes hommes tenus de respecter leur rang en public, le bal des débutantes, le choix des tenues et le remplissage du carnet de bal, le choix d'un mari convenable.... Cela donne un fond de réalisme au roman, et accentue la différence d'Evelina par rapport à ses consoeurs.

Roman policier, mais aussi roman d'amour (le choix cornélien d'Evelina entre Tobias et Nick est digne d'un bon roman de gare, mais ne gâche ne rien le plaisir de la lecture), roman fantastique, ce livre m'a emporté, et laissé sur ma faim car il ouvre sur une suite qui n'existe pas encore (en tout cas pas en France). Mon plus grand regret:Sherlock Holmes n'y est que peu présent, en particulier au début, et les allusions à ses aventures sont très légères, malgré le titre du roman. Il reste cependant conforme à lui-même, peu soucieux des conventions et d'autrui, et j'ai aimé son ouverture à l'occulte, lui le grand spécialiste des "faits".

Au final, une découverte intéressante, qui laisse espérer une suite qui éclairera les questions laissées en suspens!

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Participation à "A year in England"





samedi 6 août 2016

Lecture: Agatha Raisin enquête - Tome 1: La quiche fatale


C'est grâce à Cryssilda et Lou, et au concours organisé pendant le mois anglais, que j'ai pu lire le premier tome des enquêtes d'Agatha Raisin.

Résumé: Sur un coup de tête, Agatha Raisin décide de quitter Londres pour gouter aux délices d'une retraite anticipée dans un paisible village des Costwolds, où elle ne tarde pas à s'ennuyer ferme. Afficher ses talents de cordon-bleu au concours de cuisine de la paroisse devrait forcément la rendre populaire. Mais à la première bouchée de sa superbe quiche, l'arbitre de la compétition s'effondre et Agatha doit révéler l'amère vérité : elle a acheté la quiche fatale chez un traiteur. Pour se disculper, une seule solution : mettre la main à la pâte et démasquer elle-même l'assassin.Agatha Raisin, c'est une Miss Marple d'aujourd'hui. Une quinqua qui n'a pas froid aux yeux, fume comme un pompier et boit sec. Sans scrupule, pugnace, à la fois exaspérante et attendrissante, elle vous fera mourir de rire!

Un grand merci pour cette découverte, j'ai dévoré ce roman en une petite après-midi, c'est une lecture absolument parfaite pour un début de vacances au bord de la piscine!

Agatha Raisin, c'est la personne qu'on n'imagine pas dans un petit village de la campagne anglaise: femme dynamique, gérant d'une main de maître son agence de relations publiques, vivant à Londres et se nourrissant de plats tout faits et de surgelés, rien chez elle ne laisse penser qu'elle est faite pour la vie campagnarde. C'est pourtant là qu'elle décide d'aller passer sa retraite, dans un petit cottage entièrement redécoré par un décorateur.
On se retrouve plongés dans un petit village tellement typique qu'on se croirait presque revenus au temps de Miss Marple: la femme du pasteur qui anime les bonnes oeuvres, les ragots et commérages, les liaisons adultères, et les concours multiples et variés, dont celui de la meilleure quiche!

En voulant s'intégrer dans le village, et en participant à ce fameux concours, Agatha va déclencher un enchaînement de faits plus rocambolesques les uns que les autres, du décès par absorption de quiche  à la vente aux enchères du village, en passant par le concours canin, les sorties du club des femmes...
Enquêtrice malgré elle, et malgré les avertissements de la police locale, Agatha va résoudre le meurtre, et prendre sa place dans le village.

On se prend à l'histoire, on s'attache à cette détective en herbe qui cherche juste à trouver sa place dans le village où elle a décidé de se retirer, et à trouver comment s'occuper pour cette retraite peut-être un peu précipitée.
Ce roman, on n'a aucun mal à le mettre en image, à visualiser Agatha tentant de réaliser sa première quiche, ou perdue dans les meubles et la déco qu'elle n'a pas choisie. Les habitants sont plus vrais que nature, on imagine sans peine la voisine acariâtre, le couple du pasteur, et comme Agatha, on découvre et on s'attache à ce village finalement pas sans histoires!

J'ai hâte de pouvoir découvrir la suite des aventures d'Agatha!

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 Nouvelle participation à "A year in England"!

vendredi 5 août 2016

Lecture: Black-out



 L'avantage de participer au mois anglais et à "A year in England", c'est qu'en plus du plaisir de lire et de partager mes lectures anglaises, j'enrichis chaque fois ma PAL pour le challenge suivant!

Ce mois de juin n'a pas déçu mes attentes, grâce à tous les participants j'ai toute une liste de livres qui m'ont tentée, à commencer par "Black-out".

Résumé: Londres, 1944. La Luftwaffe donne son assaut final sur la capitale déjà exsangue et les Londoniens se précipitent dans les abris souterrains. Au milieu du chaos, un bras coupé est exhumé par un groupe d'enfants jouant sur un site bombardé de l'East End. Le sergent détective Frederick Troy, de Scotland Yard, parvient à relier cette découverte à la disparition d'un scientifique de l'Allemagne nazie. Il met au jour une chaîne de secrets menant tout droit au haut commandement des Alliés, et pénètre les mystères d'un monde corrompu, peuplé de réfugiés apatrides et d'agents secrets.

Roman policier sur fond historique, cette histoire se déroule dans le Londres bombardé par les Allemands, et mêle enquête policière, espionnage, intérêts politiques, émergence de la rivalité est-ouest.....

Pour moi, la grande force de ce roman ce sont ses personnages: Frederick Troy d'abord, issu d'une famille russe qui a émigré en Angleterre, et qui s'est détourné de son milieu aisé pour entrer dans la police, tout comme Wildeve, son acolyte. Flic brillant mais tourmenté, pris entre ses origines étrangères et son pays, pays qui a enfermé son frère ainé pourtant héros de guerre, entre son éducation et son métier, entre une sergent américaine et une lady qui comme lui rejette ses racines, flic têtu qui n'écoute que son instinct, au mépris de tout, y compris de sa propre vie, c'est un héros comme je les aime, avec au moins autant de faiblesses que de forces, ceux qui rendent les romans réalistes.

Mais autour de Troy gravitent de nombreux autres personnages atypiques et qui rendent extrêmement vivant ce roman: le médecin légiste plus vrai que nature, l'oncle de Troy, scientifique brillant qui tient tribune en pleine rue, et se promène en moto avec une ogive, Larissa Tosca, le sergent américain qui dévergonde Troy, et Lady Diana Brack, cette énigmatique aristocrate qui s'encanaille avec les communistes, mais aussi Onions, le chef de Troy, Bonham, sous les ordres de qui il a fait ses premiers pas dans la police.....

En plus de la richesse de ses personnages, le roman nous entraîne dans une intrigue digne d'un vrai roman d'espionnage: l'enquête policière nous emmène au quartier général américain à Londres, dans les coulisses du MI5, mais aussi dans les bas-fonds de Londres et les cellules de sympathisants communistes. Troy se retrouve en plein coeur d'une affaire mêlant des espions, des scientifiques exfiltrés, et nous naviguons à sa suite dans les eaux troubles de la politique en période de guerre.

L'ambiance du Londres en pleine guerre est très bien rendue, on vit les explosions, le couvre-feu, le décalage entre les foules massées dans les couloirs du métro pour tenter de se mettre à l'abri, et les gens de la haute société qui continuent d'aller au concert en tenue de soirée....
 
Si j'ai parfois été un peu perdue à cause du grand nombre de personnages (ils ne sont pas tous faciles à différencier, pour se rappeler qui est qui), et de l'intrigue parfois un peu complexe pour mon cerveau un peu fatigué, j'ai beaucoup apprécié cette lecture et la découverte d'un nouvel enquêteur londonien!
 
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Nouvelle participation à "A year in England"


mercredi 3 août 2016

Lecture: La mémoire fantôme



Ma bibliothèque propose chaque été des "paniers mystère" de lecture, avec un assortiment de livres/BD/DVD qu'on découvre en ouvrant le panier choisi.
Après avoir un peu triché pour vérifier que je n'avais pas lu les livres du panier, j'ai emprunté un panier nommé "Du sang sur la terrasse".

Un des romans que j'ai découverts est donc "La mémoire fantôme" de Franck Thilliez.

Résumé: Une femme à bout de souffle court dans l’orage. Dans le creux de sa main, un message gravé en lettres de sang : « Pr de retour ». Elle pense être en février, nous sommes fin avril. Elle croit sa mère vivante, celle-ci s’est suicidée voilà trois ans dans un hôpital psychiatrique… Quatre minutes. C’est pour elle la durée approximative d’un souvenir. Après, sans le secours de son précieux organiseur électronique, les mots, les sons, les visages… tout disparaît. Pourquoi ces traces de corde sur ses poignets ? Que signifient ces scarifications, ces phrases inscrites dans sa chair ? Quel rapport entre cette jeune femme et les six victimes retrouvées scalpées et torturées quatre années plus tôt ? Pour Lucie Henebelle, lieutenant de police de la brigade criminelle de Lille, la soirée devait être tranquille. Elle deviendra vite le pire de ses cauchemars… Une lutte s’engage, qui fera ressurgir ses plus profonds démons.

Alors qu'elle devait passer une soirée tranquille chez elle, Lucie Henebelle se retrouve en charge d'une jeune femme trouvée errante, et qui a visiblement été séquestrée. L'enquête va la conduire sur les traces d'un tueur en série  qui n'a jamais été arrêté.
Avec l'aide de Manon, la jeune rescapée dont la soeur a été tuée par ce serial killer, Lucie va tenter de résoudre ce mystère. Seul hic, Manon a été agressée peu de temps après le meurtre de sa soeur, et n'a plus de mémoire immédiate: passées 4 minutes, sa mémoire se "réinitialise", ce qui la laisse totalement incapable de vivre sans son organiseur dans lequel elle stocke tout, afin de pouvoir continuer à vivre du mieux qu'elle peut.
Elle ne se souvient pas de tout ce qu'elle a déjà trouvé sur le meurtrier de sa soeur, et repart avec Lucie sur les traces de ses premières recherches.

L'intrigue est bien menée, même si j'avais compris une partie de l'énigme avant la fin, mais pas la totalité, et on est tenus en haleine jusqu'au bout, et je n'ai pas été déçue par le dénouement!
Quelques énigmes mathématiques, un enquêteur louche, une lieutenant de police trop impliquée, et porteuse d'un lourd secret, tous les ingrédients sont réunis pour une lecture facile et agréable, parfaite pour la plage ou la piscine!

lundi 1 août 2016

Lecture:Je sais où tu es



Dans ma dernière moisson à la bibliothèque, beaucoup de romans policiers, parfois choisis sur les recommandations du mois anglais, soit comme celui-ci au hasard des présentoirs.

Résumé: Où que Clarissa aille, Rafe est là. A la fac, où ils travaillent tous les deux, au parc, chez elle... Ses messages saturent son répondeur ; ses cadeaux qu'elle refuse s'entassent devant sa porte. Mais Rafe a été clair : ce professeur, spécialiste des contes de fées, ne renoncera pas à « une fin heureuse ».Seule issue pour la jeune femme : sa participation au jury d'un procès pour viol au tribunal de Bristol, loin de son quotidien. Le regard qu'on porte sur la victime lui ouvre les yeux sur la ligne subtile qui sépare culpabilité et innocence. Clarissa ne pourra échapper à l'emprise de Rafe, elle devra y faire face, au risque de découvrir le conte de fées macabre qu'a imaginé pour elle ce prince pas très charmant...Tout en tension et en sourdes menaces, ce suspense psychologique explore les zones d'ombre entre amour et obsession, fantasmes et réalité. Un thriller fascinant qui envoute le lecteur jusqu'à sa fin, absolument terrifiante. Où que Clarissa aille, Rafe est là. Ses messages saturent son répondeur ; ses cadeaux qu’elle refuse s’entassent devant sa porte. Rafe a été clair : rien ne peut le faire renoncer. Pour échapper à son emprise, Clarissa décide de le piéger…

Après avoir assisté à une lecture donnée par un professeur spécialiste des contes de fées à l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Clarissa passe la nuit avec lui, sans le vouloir, et sans comprendre ce qui s'est passé pour en arriver là. A la suite de cet épisode qu'elle souhaiterait oublier, elle subit un véritable harcèlement de la part de cet homme, qui la suit, l'appelle, lui offre des cadeaux, refusant de comprendre qu'elle ne veut rien avoir à faire avec lui.
Appelée comme jurée pour un procès, elle voit d'abord l'occasion d'échapper à la présence de son harceleur, qui malgré tout arrive à la retrouver, et continue envers et contre tout à la persécuter.

Le roman alterne le récit à la troisième personne, et les extraits du carnet que tient Clarissa, qui nous plongent dans son ressenti, ses émotions. En filigrane, la face cachée des contes de fées, aux fins pas toujours si heureuses.
Le procès est comme un miroir pour Clarissa: la victime de l'affaire qui l'occupe se retrouve en position d'accusée, tout se retourne contre elle, elle dont la vie n'est pas exemplaire, et à qui on refuse le droit d'être une victime. Clarissa réalise la mince frontière entre victime et coupable, ce qui la renvoie immanquablement à son harcèlement: comment prouver qu'elle n'a pas provoqué ou encouragé ce qui lui arrive? Comment prouver qu'elle est harcelée, qu'elle ne fabule pas?

L'ambiance est oppressante, on ressent les émotions de Clarissa, on angoisse avec elle, on souffre de ce que lui fait vivre Rafe, on se demande qu'elle va être l'issue de cette situation dont on ne voit pas comment ça pourrait se terminer, à part mal!

J'ai été happée par ce roman qui nous fait réfléchir sur le viol, le harcèlement, et la place qu'on accorde aux victimes. Comment prouver que quoi qu'on ait fait, quel que soit notre mode de vie, nos choix, on a le droit de dire non, et le droit d'être reconnues comme victimes.  
L'atmosphère est tellement oppressante qu'on est parfois mal à l'aise, l'immersion est totale dans l'histoire, on a hâte d'en voir la fin, quelle qu'elle soit. 

Une lecture prenante, à ne pas lire seule le soir!!!!

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Ce roman qui se passe en Angleterre est une nouvelle participation à "A year in England"


dimanche 31 juillet 2016

Lecture: Cormoran Strike tomes 2 et 3

Je vous en avais parlé , j'avais beaucoup aimé le premier tome des aventures de Cormoran Strike, né de la plume de J.K.Rowlings, l'auteur d'Harry Potter.

J'ai donc continué ma découverte de ses aventures par les 2 tomes suivants, "Le ver à soie" et "La carrière du mal".

"Le ver à soie": Owen Quine, écrivain célèbre, a disparu. Il venait d’achever son dernier manuscrit – un sulfureux roman à clés qui dresse le portrait au vitriol de son entourage. De quoi inquiéter bon nombre de personnalités en vue… C’est ce que pressent le détective privé, Cormoran Strike, chargé de l'enquête. Qui aurait intérêt à ce que Quine soit réduit au silence ? Lorsque Strike retrouve le cadavre de l'auteur, assassiné selon un rituel particulièrement atroce, il comprend qu'il a affaire à un tueur impitoyable, tel qu’il n’en encore jamais rencontré dans sa carrière.
 Cet opus est celui qui m'a le moins plu des 3, même si ça reste un bon roman policier. L'intrigue est très bien menée, et on est plongés dans un univers extrêmement sombres. Les protagonistes sont tout sauf sympathiques, le monde de l'édition y apparaît comme un véritable panier de crabes, dans lequel tous les coups sont permis, mais le pire est le roman de Quine dont on a droit à des extraits au fil des pages. Tout est tellement glauque que j'ai eu plus de mal que pour le premier tome à rentrer dans l'histoire, qui ne paraît pas vraiment réaliste. Heureusement, le duo Cormoran/Robin fonctionne toujours aussi bien, et on s'attache à ces deux enquêteurs atypiques, ce qui m'a donné envie de découvrir la suite de leurs aventures!




"La carrière du mal": Lorsque Robin Ellacott reçoit ce jour-là un mystérieux colis, elle est loin de se douter de la vision d’horreur qui l’attend : la jambe tranchée d’une femme.
Son patron, le détective privé Cormoran Strike, est moins surpris qu’elle, mais tout aussi inquiet. Qui est l’expéditeur de ce paquet macabre ? Quatre noms viennent aussitôt à l’esprit de Strike, surgis de son propre passé. Quatre individus capables les uns comme les autres, il le sait, des plus violentes atrocités.
Les enquêteurs de la police en charge du dossier ne tardent pas à choisir leur suspect idéal – mais Strike, persuadé qu’ils font fausse route, décide de prendre lui-même les choses en main. Avec l’aide de Robin, il plonge dans le monde pervers et ténébreux des trois autres coupables potentiels. Mais le temps leur est compté, car de nouveaux crimes font bientôt surface, toujours plus terrifiants…
 Ce troisième tome des aventures de Cormoran et Robin m'a énormément plu. Suite à la découverte par Robin d'une jambe dans un colis, Cormoran soupçonne 3 hommes issus de son passé d'en être l'expéditeur. Au fil de son enquête pour retrouver ces 3 suspects, on découvre des pans de l'histoire de Cormoran, mais aussi de Robin, les rendant tout les deux encore plus sympathiques et attachants car on a l'impression de mieux les connaître au fur et à mesure. Robin est très présente dans le roman, par sa plus grande implication dans les enquêtes, mais aussi avec ses problèmes de couple. Son fiancé ne ressort d'ailleurs pas grandi de ce que l'on découvre (ce qui donne encore plus envie qu'elle le plaque et réalise qu'elle est plus attachée à Cormoran qu'à lui.......). Ses relations avec Cormoran ne sont pas toujours simples, elle veut avoir une véritable place dans son agence, être un détective privé à part entière, mais étant la cible de celui qui veut faire souffrir Cormoran, celui-ci cherche à protéger son associée, ce qui la réduit à un rôle bien moins important que ce à quoi elle aspire.

L'intrigue est très bien menée, en parallèle de l'enquête on a aussi les réflexions du tueur, qui s'imbriquent avec les avancées de Strike et Robin, nous donnant l'impression que nous avons de l'avance par rapport à nos détectives, alors qu'on est en fait promenés sur des fausses pistes, et j'ai été complètement bluffée par le final!

J'ai vraiment hâte de découvrir la suite des aventures de nos 2 héros, qui prennent en fin de roman une nouvelle tournure (mais chut, je n'en dis pas plus....)!

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Première participation à "A year in England" version 2016, juste à temps pour juillet!

lundi 11 juillet 2016

Mon bilan du mois anglais 2016



En retard, voilà mon billet récap pour ce mois anglais 2016. Tout d'abord, un grand merci aux deux organisatrices pour leur super boulot, et un grand merci à tous les participants, grâce à qui j'enrichis ma PAL d'une année sur l'autre!

Contrairement à l'an dernier où ma première participation s'était faite un peu à l'arrache, j'ai réussi cette année à planifier et anticiper, et je suis assez fière d'avoir tenu mon planning!

Voilà le bilan de ce mois anglais:


Encore un grand merci à Lou et Cryssilda, maintenant en route pour "A year in England" grâce à toutes les découvertes faites pendant ce mois!



jeudi 30 juin 2016

Lecture: Les derniers jours de nos pères


Pour ma dernière participation au mois anglais 2016, un roman de Joël Dicker sur la Seconde Guerre Mondiale.

Résumé: Londres, 1940. Soucieux de pallier l’anéantissement de l’armée britannique à Dunkerque, Winston Churchill décide de créer une branche particulière des services secrets, le Special Operations Executive (SOE). Elle lui sera directement rattachée, et chargée de mener des actions de sabotage et de renseignement à l’intérieur des lignes ennemies. Tous ses membres seront issus des populations locales pour être insoupçonnables. Du jamais vu jusqu’alors.
L’existence même du SOE a été longtemps tenue secrète. Soixante-dix ans après les faits, Les Derniers Jours de nos pères est un des premiers romans à en évoquer la création et à revenir sur les véritables relations entre la Résistance et l’Angleterre de Churchill.

Ce roman nous plonge au coeur du quotidien d'un groupe de membres du SOE, de leur formation à leurs missions sur le terrain, en pleine guerre, des hommes et femmes de tous âges et de tous horizons, français ou francophones, pour pouvoir se fondre dans le pays dans lequel ils seront envoyés pour servir, la France.
Loin d'une armée de métier, le SOE est composé de membres civils, avec leurs peurs, leurs doutes, mais aussi, et surtout, leur volonté de se battre pour la liberté.

Dicker ne nous présente pas des surhommes, mais des être humains, avec leurs bons et leurs mauvais côtés, leurs forces et leurs faiblesses. Même le plus admirable d'en eux a ses failles, et même les meilleurs peuvent prendre des décisions à l'encontre de ce que l'on attend d'eux, parce que leur engagement n'est pas la seule chose qui compte dans leur vie. Même les héros n'en sont pas vraiment, mais c'est ce qui les rend encore plus admirables.
Ces hommes et ces femmes qui se sont engagés se retrouvent confrontés à des choix qu'ils n'avaient pas prévu, pas envisagés. Comment choisir entre la femme de sa vie et son père? Comment choisir entre sa vie et celle de ses camarades? Comment protéger la réputation d'un héros qui n'en était peut-être pas un?

J'ai aimé ce groupe d'hommes et de femmes profondément humains, qui nous rappellent que la guerre n'a pas été gagnée seulement par les armées, mais par tous ceux qui ont décidé de se battre pour la liberté.
Ils ont peur, ils ont honte parfois, ils doutent, ils voudraient parler à leurs proches, parfois tout laisser tomber: le roman nous parlent de ce que ces anonymes qui ont permis la victoire ont ressenti, de leurs sentiments, de leurs émotions, plus que de leurs actes. C'est ce qui le rend si réel, qui nous permet d'entrer dans l'histoire à leurs côtés, parce qu'ils sont comme nous, tiraillés parfois entre leur devoir et leurs sentiments, des hommes qui sont devenus des Hommes.

Loin des deux autres romans de Dicker que j'ai lus, ce livre nous offre une autre vision de la Seconde Guerre Mondiale, celle de ceux qui l'ont fait dans l'ombre, mais en ont aussi été la clé.

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Cette lecture clôture mon mois anglais 2016!
Un grand merci aux 2 organisatrices!