mardi 26 avril 2016

Lecture: Le chagrin des vivants


Glané sur les présentoirs de la bibliothèque, ce premier roman est une belle trouvaille.

Résumé: Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l'Angleterre attend l'arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d'hommes ont disparu, cette cérémonie d'hommage est bien plus qu'un simple symbole, elle recueille la peine d'une nation entière. A Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l'armée ; Ada, qui ne cesse d'apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d'anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d'hommes incapables de retrouver leur place au sein d'une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l'équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les coeurs s'apaisent.

Trois femmes, trois destins bouleversés par la guerre, chacun à leur façon. Ada, qui a perdu son fils, ne peut accepter sa mort, et perd progressivement l'autre homme de sa vie, son mari. Elle se raccroche à une lettre qu'elle n'a pas reçue pour espérer encore, pour tenter de repousser l'insurmontable.
Evelyn, la fille de bonne famille, a perdu son fiancé. Elle s'est engagée à son tour après sa mort, dans une usine de munitions, et ensuite au bureau des pensions, au contact des soldats rentrés au pays.
Hettie enfin, dont le frère est rentré, mais qui n'est plus vraiment là. Elle devient alors d'une certaine façon soutien de famille, obligée de donner sa paye à sa mère pour entretenir ce frère qui ne vit plus, alors qu'elle voudrait juste pouvoir s'acheter de jolies robes pour aller danser.
Trois femmes, dont les destins vont se croiser sans qu'elles n'en sachent rien, unies par ce qui s'est passé au front, loin d'elles, et qui pourtant pèse si lourd dans leur vie.

En parallèle du retour du Soldat Inconnu à Londres, cet homme sans nom symbole d'une nation et d'une guerre, symbole de tous ceux qui périrent au front, ce roman nous parle de tous ceux qui sont restés, et de tous ceux qui sont rentrés, de leur place dans la société, dans le nouveau monde issu de cette guerre: femmes veuves avant d'avoir épousé l'être aimé, qui ne s'accordent plus le droit de vivre; mères sans enfants, qui doivent accepter l'inacceptable; soldats obligés de mendier, de faire du porte-à-porte pour gagner de quoi subsister et faire vivre leurs familles... Et pour tous, le poids de la culpabilité: culpabilité du survivant, culpabilité de celui qui n'a pas réussi à aider son camarade, culpabilité des femmes qui restent, qui assument, mais qui désespérément veulent vivre, par delà la mort qui a tout submergé.

J'ai été happée par ces destins croisés, mais dont les liens ne se dénouent qu'au fil du roman, nous plongeant dans la pesanteur de cette époque où vouloir vivre peut sembler le comble de l'impudeur, et finalement, c'est pourtant la vie qui l'emporte, malgré toutes les souffrances passées.
Un beau premier roman, une belle lecture, dans laquelle les femmes trouvent la place que la fin de guerre ne leur a pas toujours laissé, victimes comme les soldats qui emportèrent avec eux leur insouciance, leur jeunesse et leur vie.

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Nouvelle participation à "A year in England"

3 commentaires:

  1. Le thème et la période m'intéressent beaucoup !

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  2. Tu me donnes très envie de le lire, je pense que je ne vais pas tarder à craquer ! J'avais déjà repéré la belle couverture mais après avoir lu ton billet je suis plus que tentée...

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