lundi 27 juillet 2015

Lecture: Le petit copain


J'avais lu "Le maître des illusions", qui ne m'avait pas vraiment convaincue, mais j'ai décidé de retenter ma chance avec Donna Tartt en empruntant "Le petit copain".

Résumé: Dans une petite ville du sud des États-Unis, Harriet Cleve Dufresnes grandit dans l'ombre d'un frère décédé, retrouvé pendu à un arbre du jardin. Un meurtre non élucidé qui a anéanti sa famille. Imprégnée de la littérature d'aventures de Stevenson, Kipling et Conan Doyle, Harriet décide, l'été de ses 12 ans, de trouver l'assassin et d'exercer sa vengeance. Avec, pour unique allié, son ami Hely. Mais ce que Harriet et Hely vont découvrir est bien éloigné de leurs jeux d'enfants : un monde inconnu et menaçant, le monde des adultes...

Encore un roman qui avait tout pour plaire: un mystère, une petite fille passionnée de lecture, des familles bizarres, les ingrédients semblaient tous là.

Mais comme pour son précédent roman, j'ai été déçue par ce livre. Finalement je n'ai pas vraiment eu la réponse au mystère de départ (si tant est qu'il y ait une réponse), et l'histoire est un peu embrouillée pour moi.
On a en parallèle dans ce roman deux familles aux destins qui se croisent, mais qui sont fondamentalement éloignées: la famille de Harriet, famille bourgeoise exclusivement féminine, puisque le frère est mort, et le père a fui; et en face, la famille de Danny Ratcliff, celui qu'Harriet pense responsable de la mort de son frère, famille quasiment exclusivement masculine, où la seule femme est la grand-mère, personnage peu attachant qui maintient une mauvaise ambiance dans sa famille de drogués, et où le seul qui sauve le groupe est Curtis, un petit trisomique.

J'ai bien aimé la famille d'Harriet, les vieilles tantes attachées à leurs soeurs et à leurs petites nièces, la description des relations avec les domestiques noires, qui font partie des meubles mais qu'on oublie de prévenir à la mort de leur maîtresse, ou qu'on licencie sans précautions. Par contre la famille de Danny est angoissante, tous les frères semblent totalement dérangés, et je n'ai pas réussi à rentrer dans cette partie de l'histoire.

Les destins de ces deux familles se croisent à cause des lubies d'Harriet, pour le malheur des deux. Et je ne suis pas vraiment sure d'avoir compris la fin, on dirait que cela soulève des non-dits qui pourraient expliquer la base du récit, comme si Harriet était en définitive porteuse d'une malédiction familiale, dont on se demande si cela à un rapport avec Robin et sa mort. Mais peut-être que je me fais des illusions et que je n'ai vraiment rien compris.
Le seul point positif de ce gâchis généré par Harriet est à mon sens la prise de conscience de Danny de la mauvaise influence de sa grand-mère sur l'ensemble de la fratrie, et l'amour que semblent porter Danny et Eugène à Curtis, cet enfant qui traverse l'histoire avec son innocence.

Encore une déception, je pense que Donna Tartt n'est définitivement pas pour moi, ou alors il me faudrait un décryptage avant relecture pour bien comprendre ce qu'elle cherche à raconter.... Alors si ça vous a plu, n'hésitez pas à me dire à côté de quoi je suis passée....

vendredi 24 juillet 2015

Lecture: Je refuse

Titre trouvé dans la liste des non-pépites de Galéa, la critique de Jérôme m'avait donné envie de le découvrir.

Résumé: Jim et Tommy ne se sont pas revus depuis plus de trente ans. Tous deux ont grandi dans la même petite commune près d'Oslo : Jim couvé et protégé par une mère très pieuse, Tommy abandonné par sa mère, malmené par un père violent, puis séparé de ses trois soeurs placées dans des familles d'accueil et obligé de travailler dans une scierie. Pourtant, c'est bien Tommy qui fait carrière dans la finance, alors que Jimmy vivote, entre son travail de bibliothécaire et des arrêts maladie de longue durée. Quand ils se retrouvent par hasard, sur ce pont menant à la capitale où Jim s'est installé pour pêcher, les souvenirs resurgissent... Je refuse est un roman poignant sur l'amitié entre deux hommes, qui sont aussi deux êtres cabossés par la vie. Leurs échecs sentimentaux, leur colère et leur volonté de survivre sont admirablement mis en scène dans un livre polyphonique d?une incroyable justesse.

J'ai été beaucoup moins séduite que Jérôme par ce roman, pourtant il y avait un bon potentiel: deux amis séparés par la vie, une rencontre fortuite qui fait remonter les souvenirs de chacun sur ce qu'ils ont vécu et ce qui les a séparés, une alternance entre le passé et le présent.

J'ai bien aimé les récits du passé, qui retracent l'histoire commune de ces deux garçons, qui lèvent le voile sur une partie de ce qu'ils ont vécu, même si finalement il y a beaucoup de lacunes (trop à mon goût), et que ça n'explique que partiellement ce qu'ils sont devenus.
J'ai bien aimé l'alternance des narrateurs, y compris les personnages autres que les Tommy et Jim, car cela donne du relief à l'histoire, et permet de compléter les récits de chacun à travers la vision parcellaire que chacun d'entre eux à des évènements.

Mais au final, je suis restée sur ma faim, je n'ai pas vraiment adhéré avec cette histoire. La partie du "présent" ne me paraît pas réaliste à mon avis, trop de coïncidences avec la rencontre de Tommy et Jim, le père de Tommy qui réapparaît dans sa vie, les deux hommes qui se retrouvent au même endroit et influencent la vie d'une femme, et tout ça au même moment.
Et puis il m'a manqué des clés pour comprendre ce qui a fait basculer Jim (même si on croit comprendre, mais ce n'est pas si clair), pour comprendre comment il est passé de l'hôpital psychiatrique à un mariage, qui lui-même a échoué, ce qui a conduit à ses crises de panique... De même, je n'ai pas vraiment compris pourquoi il avait fallu séparer Tommy de ses soeurs, pourquoi il avait atterri chez un célibataire, ce qui ne semblait pas prévu au départ....

 Je pense que je suis passée à côté de cette lecture, qui pourtant avait tout pour me plaire. Peut-être aurait-il fallu que je cherche moins à comprendre qu'à ressentir, mais ce roman est une petite déception pour moi.

jeudi 23 juillet 2015

Lecture: Un étranger dans le miroir


Grâce à ma participation au mois anglais, j'ai découvert Anne Perry, et l'inspecteur William Monk. Je n'avais pas commencé par le premier tome, j'ai donc décidé, sur les conseils de Choup, de repartir du début de la série.

Résumé: William Monk, inspecteur de police chevronné, se réveille à l'hôpital. Violemment agressé il y a quelques semaines, il a perdu la mémoire. Ce qu'il s'empresse bien de taire à ses supérieurs, qui auraient tôt fait de l'exclure manu militari de la police londonienne. Revenu à la vie professionnelle, il mène parallèlement une enquête sur le meurtre d'un jeune aristocrate, survivant de la bataille de Crimée, et sur lui-même. Il découvre d'abord qu'il n'était ni très sympathique ni très aimé, et qu'il avait laissé tomber sa famille, d'origine trop modeste, pour mieux réaliser ses ambitions. Il se rend compte aussi qu'il avait été mêlé de très près au meurtre sur lequel son supérieur, qui veut sa peau, le laisse investiguer.

J'ai beaucoup aimé ce roman: outre l'intrigue policière, que j'ai trouvée très bien menée, j'ai trouvé l'idée d'un héros amnésique très intéressante. Monk doit à la fois résoudre une enquête, mais aussi retrouver qui il est, tout en laissant croire à ses collègues, et en particulier à son supérieur avec qui existe une rivalité flagrante, que tout va bien.
En plus de l'enquête officielle qu'il doit mener, Monk reprend une vieille enquête sur laquelle il travaillait avant son accident, mais dont il ne se souvient pas.

Je ne peux pas en dire plus pour ne pas gâcher l'enquête et le dénouement, mais j'ai trouvé l'ensemble très bien mené. On y découvre Monk et Hester, jeune femme au caractère bien trempée qui ne veut pas se contenter de finir sa vie comme une bonne épouse tranquille, mais veut aider les autres, comme elle l'a fait sur le front pendant la guerre, mais qui devra apprendre à tempérer ses ardeurs pour obtenir ce qu'elle veut.

Il y a d'ailleurs dans ce roman de nombreuses allusions à la place que la femme tenait à l'époque dans la société anglaise: épouse et mère, soumise à son mari, considérée comme incapable d'entendre les actualités, ou de donner un avis différents des hommes. Et Hester qui s'y refuse prend le risque de finir seule, mise à l'écart de cette bonne société qui condamne les femmes libres.

J'ai maintenant très envie de découvrir les tomes suivants de la série, pour en savoir plus sur ces deux héros hors normes.

-----------------
Nouvelle participation à "A year in England"

mercredi 22 juillet 2015

Lecture: Twist // Le soleil à mes pieds


Aujourd'hui, tir groupé sur deux romans de Delphine Bertholon: "Twist" et "Le soleil à mes pieds".


 "Twist" d'abord: ce roman, je l'ai lu pendant les vacances de Printemps, je me demande pourquoi je ne l'ai pas chronique à l'époque, pas le temps peut-être.

Résumé: Guéthary, au mois de juin. Madison, onze ans, est enlevée au retour de l'école. Au fond de la cave qui lui sert désormais de chambre, elle essaie de comprendre le pourquoi du comment. Avec cette foi des enfants qui ne renoncent jamais, elle réinvente un monde plus vaste, à la mesure de ses grands projets.

Ce roman est un roman à 3 voix: celle de Madison, qui du fond de sa captivité, couche sur papier ce qu'elle voudrait dire, pour ne pas sombrer; celle de sa mère, qui malgré l'absence, refuse de croire que sa fille est morte; celle enfin de Stanislas, le prof de tennis de Madison, étudiant en lettres.

J'ai aimé ce roman pour Madison, pour sa force, celle de s'accrocher malgré tout, malgré la solitude, jusqu'à trouver la solution pour enfin retrouver sa liberté, et ceux qu'elle aime. Et puis il y a sa mère: je n'ose imaginer l'horreur que cela représente pour une mère de ne pas savoir où est son enfant, si il est toujours en vie, ce qui lui arrive. D'autant que si nous découvrons vite qu'il ne s'agit pas de pédophilie, comment ses parents quant à eux peuvent s'ôter de la tête les horreurs dont on entend parler si souvent. Cette mère qui refuse de croire à la mort de sa fille, qui a peur de sa nouvelle grossesse, car elle ne veut pas remplacer son aînée, j'ai souffert avec elle.
Le personnage qui m'a le moins plu: Stanislas, dont on suit l'histoire d'amour malheureuse. Parce que finalement à côté de ce que vivent Madison et sa famille, cela semble insignifiant. Et pourtant, c'est à lui qui Madison s'accroche, et c'est lui qui sera le vecteur de ses révélations, premier amour qui lui permet de tenir.

Delphine Bertholon a ici su traiter un sujet difficile sans tomber dans le pathétique.




"Le soleil à mes pieds": deuxième roman de Delphine Bertholon découvert cet été.

Résumé: Il y a la petite, 22 ans, un âge comme deux cygnes posés sur un lac. Fragile et ravissante, elle peine à se jeter dans le grand monde et se réfugie dans la solitude de son appartement. 
La grande, 24 ans, s’agite dans la ville : nymphomane, tyrannique et machiavélique, fascinée par la mort, elle se nourrit de la dépendance affective qu’elle impose à sa cadette.
Deux sœurs qui ont grandi avec un terrible secret et qui, dix-huit ans plus tard, se démènent pour tenter d’exister.
Le sort semblait avoir scellé leur destin, mais les rencontres quelquefois peuvent rebattre les cartes. 

Là encore, sujet difficile, celui de deux soeurs dont la mère est morte, et qui ont vécu aux côtés de son cadavre jusqu'à ce qu'on les trouve. C'est à ce moment là que la grande bascule, prenant le contrôle de la vie de sa soeur, d'abord en l'empêchant de quitter l'appartement, puis en l'empêchant de pouvoir trouver une famille d'accueil. La petite se réfugie donc à l'âge adulte dans une chambre aseptisée, limitant les contacts avec les autres, ne sortant qu'un minimum, jusqu'à ce qu'un jour, une paire de chaussures trouvée dans un magasin fasse basculer son destin, et celui de sa soeur.
Cette histoire est très triste, pour les deux soeurs:même si la grande est manipulatrice, destructrice pour sa soeur, leur passé est une raison, qui si elle n'excuse pas tout, explique quand même ce qu'elle est devenue. Et si la fin est une renaissance pour la petite, qui mérite de pouvoir enfin vivre libre, elle laisse quand même le goût amer d'une vie gâchée, celle d'une petite fille qui n'a pas su retrouver le chemin de la vie.

mardi 21 juillet 2015

Lectures: Proies


Toujours dans ma PAL de vacances, j'avais emporté un nouveau roman de Mo Hayder, mettant en scène Jack Caffery et Flea Marley, que j'avais découverts dans "Skin".

Résumé: Novembre dans le Somerset. Alors qu’elle déposait ses courses dans le coffre de sa voiture, une femme est jetée au sol par un individu affublé d’un masque de père Noël qui prend la fuite à bord du véhicule. Selon la police, pour qui il ne s’agit que d’un banal fait divers, l’agresseur ne s’est sans doute pas rendu compte de la présence d’une fillette sur la banquette arrière. Mais, tandis que l’enfant reste introuvable et qu’une deuxième petite fille disparaît dans les mêmes circonstances, le scénario s’assombrit. Le ravisseur ne tarde d’ailleurs pas à se mettre en contact avec la police… À nouveau, le commissaire adjoint Jack Caffery et le sergent Flea Marley plongent dans l’horreur à l’état pur…

Ce roman vient à la suite de "Skin", les relations des deux héros sont donc conditionnées par ce qui s'est passé précédemment (mais que je ne raconterai pas pour ne pas vous priver du plaisir de la lecture de Skin, qu'il vaut mieux avoir lu avant pour comprendre les références).
Dans cet opus, l'enquête concerne l'enlèvement de deux fillettes. Plus l'enquête avance, plus les  mobiles du kidnappeur sont troubles, et le final sera loin de ce qu'on pouvait attendre au départ.

J'ai encore beaucoup aimé cette lecture, d'autant que cette fois-ci, je connaissais les personnages, leurs relations, et que j'apprécie toujours cette description sans complaisance des protagonistes, personne n'est tout banc ou tout noir, et c'est d'ailleurs à travers le personnage du Marcheur que s'exprime cette vision du monde: il observe de loin, et c'est lui qui pousse Caffery à dépasser ses préjugés, à dépasser les évidences pour voir plus loin.

Encore un bon roman pour les vacances, à condition de ne pas avoir peur de se plonger dans ce qu'il y a de pire dans les hommes!

-----------------
Nouvelle participation à "A year in England"

lundi 20 juillet 2015

Lecture: Un bûcher sous la neige


Ce roman, c'est grâce aux suggestions du mois anglais que j'ai eu envie de l'emprunter. J'avais déjà lu "Avis de tempête" du même auteur, sur lequel j'avais eu un avis mitigé, je ne savais donc pas forcément à quoi m'attendre, malgré la bonne critique de Galéa, dont je suis souvent les avis.

Résumé: Au cœur de l'Ecosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d'une prison putride, le Révérend Charles Leslie, venu d'Irlande espionner l'ennemi,l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s'élève au-dessusdes légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s'efface ; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail,les lettres qu'il brûle d'écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi. Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l'attend le supplice d'un agneau.

J'ai énormément aimé ce livre. A l'image de Charles Leslie, révérend irlandais qui accepte d'écouter Corrag pour obtenir des informations pouvant servir sa cause, et celle du roi Jacques, j'ai été emportée par le récit de cette jeune fille.  A travers ses paroles on découvre les différentes grandes périodes de sa vie, avec les lieux qui y sont rattachés: son enfance en Angleterre, aux côtés de sa mère, Cora, femme indépendante et rebelle, qui finira par mourir pour son refus des codes, de la vie "comme tout le monde"; sa fuite vers le nord-ouest, avec pour seule compagnie sa vieille jument; et enfin sa vie dans les Highlands, terre où les hommes sont rudes, mais où sa différence sera acceptée sans crainte. C'est là qu'elle trouvera l'amour et la reconnaissance de ce qu'elle est.

En toile de fond, la guerre entre Guillaume d'Orange et Jacques II qui veut reconquérir son trône. C'est d'ailleurs ce qui pousse Charles Leslie en Ecosse, à la recherche d'informations pour faire tomber Guillaume d'Orange, et rétablir sur le trône Jacques, qu'il estime son roi légitime.
Cette lutte conduit aux guerres de clans, aux allégeances pour la survie, mais aussi à la destruction. Et parfois, cette guerre sert de prétexte aux règlements de compte entre clans, comme ce fut pour le cas pour le clan McDonald.

Grâce à l'histoire de Corrag, on touche encore une fois à l'histoire de ces femmes qui n'étaient pas comme les autres, celles qui connaissaient les plantes, celles qui savaient soigner à une époque où seul Dieu et les hommes avaient le pouvoir de le faire, celles qui refusaient la domination des Eglises et des hommes pour vivre leur vie en accord avec leurs croyances. Elles ne faisaient de mal à personne, bien au contraire, mais l'ont bien souvent payé de leur vie, traitées de sorcières par ceux mêmes qu'elles aidaient: la grand-mère de Cora, une femme pieuse, fut condamnée pour une blessure faite le jour de la naissance de sa fille, et mourut sous les yeux de sa fille. Cora, sa mère, est morte parce que des évènements funestes sont arrivés dans leur village, et qu'elle était le bouc-émissaire parfait, elle qui refusait d'aller à l'Eglise, qui n'avait pas de mari, qui vivait comme elle l'entendait. et puis Corrag, qui doit mourir sous prétexte d'être une sorcière, alors qu'il ne s'agit finalement que d'éliminer un témoin gênant d'une massacre injustifié!

Dans ce roman, la nature est à l'image des hommes, rude et sauvage, mais les mots de Corrag nous y plongent, on s'y croirait. On vit avec elle toutes les épreuves jusqu'au dénouement.

Est-ce que cette lecture est un coup de coeur? Je pense pouvoir dire oui, parce qu'elle m'a vraiment emportée dans son univers, aux cotés de cette jeune fille qui a été capable d'affronter le pire sans se plaindre, qui a fait passer son amour des autres avant sa vie, alors même que la vie lui aurait plutôt enseigné le contraire.

--------------------
Encore une participation à "A year in England" (le hasard de mes emprunts est favorable à l'Angleterre!!!!)

samedi 18 juillet 2015

Lecture: Un gros poisson


Je connaissais Martha Grimes par la série des enquêtes de l'Inspecteur Richard Jury, policier atypique flanqué d'une troupe d'amis plus farfelus les uns que les autres, dont Melrose Plant, l'aristocrate ayant renoncé à son titre, et devant supporter sa vieille tante profiteuse. J'aime énormément cette série en particulier pour les personnages qui font sourire, mais qui sont très attachants, et pour la qualité des enquêtes proposées par Martha Grimes.

Quand j'ai vu ce nouveau roman, loin de l'Angleterre et des personnages de la série de Jury, j'ai décidé de tenter ma chance.

Résumé: Candy et Karl ne sont pas des tueurs à gages ordinaires : ils ont des scrupules et ne tuent que les personnes qui, selon eux, le méritent. Leur nouvelle mission : éliminer un agent littéraire véreux, L. Basse Hess, qui cherche à extorquer des commissions exorbitantes à ses clients pour des titres qu'il n'a même pas vendus ! Mais Hess va leur donner du fil à retordre...

Sur le papier, ce roman avait bien des atouts dans sa manche, tournant autour de l'écriture et du monde de l'édition, mais il faut reconnaître que j'ai été très déçue. On pourrait presque dire qu'il est sans queue ni tête. Les personnages ne sont pas crédibles, les situations rocambolesques ne le sont pas plus, et il n'y a pour moi aucune cohérence dans le roman: on a au départ des tueurs à gages qu'on ne revoit jamais, on ne sait pas pourquoi ils sont là, on a ensuite les "héros", tueurs à gage aussi, embauchés pour descendre un agent, mais qui finalement ne rempliront pas leur mission (et même si ils justifient leur "refus" de tuer pour protéger une jeune femme rencontrée par hasard, ça reste surprenant).
J'ai été jusqu'au bout, pour voir si ça s'améliorait, mais je n'ai pas trouvé de plaisir dans cette lecture. Le quatrième de couverture annonçait "Martha Grimes signe ici un roman policier savoureusement déjanté, où le malfrats discutent philosophie et littérature comme dans les films de Tarantino." On peut supposer qu'il est fait ici référence à Pulp Fiction (qui n'est clairement pas le film de Tarantino qui m'a le plus séduite), mais malheureusement je n'ai pas trouvé dans ce roman le talent de Tarantino, qui est certainement beaucoup basé sur les images qui viennent soutenir l'histoire, et que Martha Grimes n'a pas réussi à susciter dans mon imaginaire!

Je n'aime pas chronique des déceptions, c'est toujours plus facile d'écrire pour faire partager un plaisir de lecture, mais la lecture, c'est fait de hauts et de bas, et dans ce cas, on est à mon avis sur un bas...
Je ne vous le recommande pas, par contre, si vous voulez découvrir Martha Grimes, lancez-vous sans hésiter dans les aventures de Richard Jury et Melrose Plant, vous ne serez pas déçus.

vendredi 17 juillet 2015

Lecture: La mort à nu


Parce que je suis une grande lectrice de romans policiers, j'ai pioché ce roman de Simon Beckett dans les rayons de la bibliothèques pour le mettre dans ma PAL de vacances.

Résumé: Le village paisible de Manham est traumatisé : on vient de retrouver dans un marécage le cadavre étrangement mutilé d'une femme. Tous sont sous le choc, y compris le docteur Hunter. Autrefois médecin légiste réputé, il serait sans doute le mieux placé pour aider la police dans son enquête en " faisant parler le cadavre. Pourtant, il se tait, ne révèle rien de son passé : sa femme et sa fille sont mortes dans un accident de voiture et depuis, il ne cherche qu'une chose, oublier. Une autre femme disparaît bientôt, elle aussi est retrouvée mutilée après avoir été séquestrée plusieurs jours. Quand l'amie de Hunter est enlevée à son tour, il sait qu'il n'a que quelques jours pour la retrouver vivante. Le compte à rebours infernal a commencé. Plus question pour lui de se réfugier dans ses souvenirs morbides. D'autant qu'il est vite soupçonné à son tour... Quel passé veut-il à tout prix dissimuler ? Pourquoi avoir si longtemps tardé à aider la police ? De suspect à enquêteur, Hunter doit conjurer le passé pour ne pas avoir à payer une fois encore le prix fort...

Ce que je n'avais pas réalisé, c'est que j'avais déjà lu ce roman. Oui oui, je sais, je ne suis pas douée, mais je ne retiens pas toujours (pas souvent?) les titres des livres que je lis, par contre dès les premières pages je sais si je les ai déjà lus ou non. Comme je ne l'ai ouvert qu'une fois loin de chez moi, et parce que je n'étais pas sure de la fin, je l'ai relu. Avec plaisir dois-je dire, même si j'ai retrouvé le coupable rapidement.

Dans cette histoire, on est plongés dans un petit village de la campagne anglaise, dans lequel a débarqué un jour pluvieux le Docteur Hunter. Cherchant à fuir la ville et ses souvenirs, il s'est réfugié temporairement à Manham, avant de s'installer de façon plus définitive pour suppléer le médecin de campagne qui a perdu ses jambes dans un accident.
Mais cette vie tranquille vole en éclat avec la découverte d'un cadavre près du village: Hunter voit son passé rejaillir, comme d'ailleurs celui d'autres personnages. Dans ce huis-clos campagnard, tout le monde devient suspect, surtout celui qui n'est pas du coin (même si il y vit depuis longtemps). Les rancoeurs et les vieilles haines ressortent, pour servir une enquête finement menée. Comme quoi même le village le plus tranquille peut cacher les pires côtés des hommes. Jusqu'au bout, on suit le Docteur Hunter, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler la fin de ce roman qui est une très agréable lecture, recommandée en cette période de vacances!

------------------

Et ce roman me permet une nouvelle participation à "A year in England"

jeudi 16 juillet 2015

Lecture: Pince-mi et Pince-moi

Dans mes valises pour les vacance, quelques romans policiers (entre autres), et en particulier un autre roman de Ruth Rendell, que ma participation au mois anglais m'avait donné envie de redécouvrir.

Résumé: Une jeune célibataire maniaco-dépressive qui croit aux fantômes ; une écervelée droguée de shopping et prête à tout sacrifier pour son confort et celui de ses enfants ; une brillante
banquière à qui tout sourit sauf l'amour. Par la faute d'un beau gosse cynique, profiteur et facétieux, leurs destinées vont se trouver rapprochées, puis aussi étroitement imbriquées que les wagons de l'accident ferroviaire dans lequel il est censé avoir disparu. Car comme les chats, Jock, alias Jeff, alias Jerry a plusieurs vies... Ces jeux de rôle vont lever un tourbillon où la folie, la malhonnêteté et l'inconscience se combinent pour provoquer la plus redoutable des réactions en chaîne.


Finalement, encore une fois, ce n'est pas vraiment un roman policier que j'ai emprunté. On est plutôt dans un roman "psychologique", avec un enchaînement de faits qui conduit au drame.

Ce qui m'a beaucoup plu dans ce roman (même si j'aurais voulu une vraie enquête policière...), c'est l'analyse des relations entre les personnages, et l'analyse des caractères et comportements.
Entre le politicien prêt à tout pour sa carrière, au point de faire un mariage de façade, la femme qui accepte ce mariage en mettant de côté ses enfants, et en trichant sur son passé, les journalistes prêts à tout pour un scoop, et au milieu de tout ça, un homme, qui sert de lien entre tous les personnages, profiteur qui a toujours su tirer parti des autres, et surtout des femmes, ce qui causera sa perte à cause d'une femme plus déséquilibrée incapable de comprendre sa tromperie.

J'ai aimé aussi que tout ne soit pas tout blanc ou tout noir: d'un mal peut sortir un bien, et chaque personne contient à la fois une face sombre et une face "claire".

Au final, une bonne lecture même si ce n'était pas ce que j'en attendais au départ.

-------------------

Cette lecture est une participation à "A Year in England" organisé par Martine

mercredi 15 juillet 2015

Lecture: Bernadette a disparu

L'avantage des vacances, c'est que j'ai du temps pour lire (surtout depuis que Mlle a une gastro qui nous empêche de sortir...). L'inconvénient, c'est que ça fait plein de livres à chroniquer, et qu'il faut bien l'avouer, j'ai moins l'envie de rester derrière mon clavier (et plus celui de dévorer...).
Cela dit, je suis incapable de chroniquer un livre longtemps après l'avoir lu, je vais donc essayer de rattraper mon retard (dites merci à la gastro!!!).

Résumé: Ou est passée Bernadette ? C'est ce que Bree, sa fille de quinze ans, aimerait bien savoir. Mais à chercher la vérité à tout prix, l'adolescente découvre bon nombre de secrets sur sa mère... De quoi recomposer, au fil des lettres et flash-backs, le portrait d'une architecte géniale, anti-housewife trop fantasque et névrosée pour la petite ville ou elle a atterri. Une Bernadette, qui derrière la façade, s'acharne décidément à rester insaisissable...

Il faut le reconnaître, ce roman se lit facilement. Au départ, Bernadette est une mère au foyer névrosée, qui n'aime pas parler aux autres, qui fait appel à une assistante en Inde pour passer ses commandes, qui envisage même de se faire enlever les dents de sagesse pour éviter de partir en voyage avec sa famille. Sa famille, c'est Bee, sa fille, une ado attachante qui a souffert d'une malformation cardiaque, et son mari, Elgin, génie qui travaille chez Microsoft.
Et puis au fil des pages, comme Bee, on découvre d'autres parties de la personnalité de Bernadette: son génie architectural qui lui a valu un prix, ses conflits avec son voisin qui ont conduit à la destruction de son oeuvre et à son renfermement sur elle-même, et enfin sa renaissance à travers un nouveau projet de création.

J'ai bien aimé les points de vue différents abordés pour la narration, les retournements de situation, les personnages plus caricaturaux que nature, même si au final, c'est presque trop surréaliste (je ne vois pas une mère "abandonnant" sa fille pour partir sur un coup de tête, mais je suis probablement trop terre-à-terre)..

Au final, une lecture agréable, qui peut faire réfléchir sur la création et le génie, mais qui peut aussi juste se lire comme une bonne lecture d'été!

lundi 13 juillet 2015

Lecture: Les producteurs



Après "Les falsificateurs" et "Les éclaireurs", j'ai enfin pu terminer ma lecture de cette trilogie d'Antoine Bello.
Autant prévenir ceux qui ne l'auraient pas encore lu, je n'arriverais pas à chroniquer cet opus sans spoiler, je vous déconseille donc fortement de lire cet article sous peine de voir votre lecture totalement gâchée.

Résumé: Sliv Dartunghuver vient d'accéder aux instances dirigeantes du Consortium de Falsification du Réel, organisation secrète internationale qui s'efforce de maintenir une harmonie relative sur la planète en construisant de toutes pièces les légendes dont l'humanité a besoin. Or le CFR est dans la tourmente, menacé par la divulgation de documents internes et décrédibilisé par plusieurs échecs (dont la création d'Al-Qaida, pure fiction née des cerveaux des falsificateurs du CFR dans le but de faire comprendre au monde la menace de l'extrémisme islamiste). Avec l'aide de ses amis Youssef et Maga, et de la belle et redoutable Lena, Sliv se lance dans une série de mystifications toujours plus audacieuses, qui l'entraînent de Hollywood à Hong Kong, de Sydney à Veracruz, et jettent un jour nouveau sur l'élection d'Obama, l'épidémie de grippe H1N1 et la découverte d'une fascinante cité maya. La jubilation de l'auteur à échafauder des scénarios vertigineux transparaît à chaque page de ce récit à la fois divertissant et profond.

Ce tome m'a laissée plus perplexe que les deux précédents. Pourtant les 2 pivots de l'histoire sont très bien menés: d'un côté l'élection d'Obama, avec le rôle du CFR dans cette élection, et de l'autre la création d'une civilisation perdue descendante des Mayas.

Sur le point de la politique américaine, je dois avouer qu'encore une fois, j'ai été bluffée par le réalisme de ce que nous propose Bello. Qu'est-ce qui empêcherait de telles manipulations d'opinions, par l'utilisation des réseaux sociaux, par l'utilisation des faiblesses du système électoral américain, par exemple que "le marketing électoral américain repose moins sur la promotion de son champion que sur le dénigrement de l’adversaire", ce qui pousse Maga à retourner ces pratiques contre leurs auteurs, puisque "dans certaines conditions, des campagnes de calomnie pouvaient se retourner contre leurs auteurs, en les discréditant au sein même de leur électorat".
J'ai aussi beaucoup aimé la position du CFR vis à vis de John McCain: ne pas le discréditer, mais le soumettre à un "test de caractère", comme l'indique Sliv, en lui tendant un piège sur le choix de son colistier: soit il choisit indépendamment des pressions de son parti, soit il choisit la "bécasse" proposée par le CFR.
Dans tous les cas sur cette élection américaine, la position du CFR est de laisser aux hommes leur libre arbitre pour la décision finale, tout en ayant au préalable donné toutes les chances au parti qu'ils soutiennent.

Le deuxième sujet de falsification du roman est la création par Léna et Sliv d'une civilisation disparue, basée sur la concorde. Je dois avouer que si la réalisation de cette falsification est magistrale, en particulier pour ce qui me concerne pour le coup de l'épave, qui aurait pu être le véritable point d'achoppement de cette histoire, mais dont la solution est à mon sens formidable, j'ai une peu de mal à comprendre le but final de cette falsification. Montrer les vertus de la concorde? Je ne suis pas convaincue par le sujet (peut-être suis-je trop rationnelle pour ça). Ce qui est aussi très surprenant, c'est que cette falsification est l'oeuvre de Léna, revenue en grâce après avoir trahi le CFR, ce qui pour une telle organisation semble peu crédible. Quant à l'amour de Sliv pour Léna, on le sentait venir depuis longtemps, et ça n'apporte à mon sens pas grand chose au roman. On peut bien sûr le rapporter à l'amour de Nina pour Sliv, et la post-face peut apporter un éclairage à ce double amour éconduit.

Deux autres sujets, plus mineurs dans le roman, m'ont beaucoup intéressée. Ils sont tous les 2 reliés à Vargas, ancien du CFR reconverti en consultant, qui crée des histoires pour le profit de ses clients, et le sien. Le premier, c'est la manipulation autour de la grippe H1N1. Cette épidémie qui a tellement défrayé la chronique, conduisant une bonne partie de la population à se faire vacciner (même nous on l'a fait!). Pourtant déjà à l'époque bien des questions avaient été posées sur les commandes faramineuses de vaccins par l'Etat Français, et la version qu'en propose Bello est là encore tout à fait crédible. Il pose finalement la question de la véracité des informations qui sont transmises au grand public, et de la manipulation de masse pour le profit de quelques uns. On sort dans ce cas du cadre des falsifications du CFR, qui ont pour but le bien de l'humanité, même si il y a des ratés, pour rentrer dans celui de la manipulation. Et quoi de mieux que la santé pour jouer sur les peurs des gens? On le voit d'ailleurs dans les polémiques actuelles sur les vaccins qui jouent sur les angoisses des parents par rapport aux risques encourus par leurs enfants.
Le deuxième point, c'est les modifications que nous exerçons nous mêmes sur notre mémoire, et sur les évènements qui nous sont arrivés: "Il est prouvé que la façon de raconter une anecdote dépend de l'accueil que lui réservent ses publics successifs. L'histoire s'enrichit progressivement, pour se figer au bout de cinq ou dix restitutions dans une forme qui n'a souvent qu'un lointain rapport avec la version originale. [...] Tout souvenir est une recréation." Ca fait réfléchir sur ce qu'on sait de nous, et ça fait tilt chez moi: ça m'est déjà arrivé de raconter une anecdote à des amis devant Mr Souris, et de me faire reprendre sur la version des évènements. Peut-être effectivement n'ai-je retenu et raconté que ce qui allait dans le sens de ce que je voulais faire passer.... C'est par exemple le cas de la naissance des enfants!

Au niveau des personnages, le roman est cette fois-ci centrée sur Sliv, Léna et Nina, et j'ai trouvé dommage que l'amitié de Sliv avec Maga et Youssef passe au second plan, alors que c'était un élément fort des deux premiers tomes. Bien sûr ils interviennent dans le roman, mais de façon plus "épisodique", et je trouve que Maga n'est pas forcément montrée sous son meilleur jour.
De même, j'ai été déçue par le traitement réservé à la perte de la mallette contenant les scénarios: c'est finalement le seul sujet qui intéresse Yakoub tout au long du roman, et on ne sait pas vraiment à la fin si c'est le hasard qui conduit à la réalisation des différents sujets, ou si c'est quelqu'un qui a profité de la découverte de la mallette.

Quant à la post-face, qui finalement introduit un roman dans le roman, elle donne un éclairage différent à l'histoire, mais pour moi le roman n'avait pas forcément besoin de ça.

Au final, ce troisième tome est passionnant, comme les deux précédents, mais il me laisse beaucoup plus sur ma faim, d'autant qu'il n'y aura pas de suite, probablement parce qu'on reste en plan à la fois sur l'impact de la falsification des Chupacs, sur ce qui arrivera aux personnages....