mardi 19 décembre 2017

Lecture: La part des flammes



J'avais commencé ce billet début novembre, après avoir profité de la semaine de vacances au soleil pour les 40 ans de Mr Souris pour enfin lire ce roman découvert chez Bianca. Et puis j'ai de nouveau lâché mon clavier, et je n'ai pas terminé cette chronique. Elle risque d'être un peu décousue car cela fait maintenant plus d'un mois, et que mes idées sont moins claires ;-)

Résumé: Mai 1897. Pendant trois jours le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers la charismatique duchesse d'Alençon. Au mépris du qu'en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l'assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d'Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles. Dans un monde d'une politesse exquise qui vous assassine sur l'autel des convenances, la bonté de Sophie d'Alençon leur permettra-t-elle d'échapper au scandale? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l'incendie du Bazar de la Charité.

Ce roman s'appuie sur un fait historique, l'incendie du Bazar de la Charité, qui causa la mort de plus de 12 personnes, dont entre autres la Duchesse d'Alençon. Cependant, l'objet du livre n'est pas cet incendie en lui-même, mais les conséquences de cet événement sur la population, et plus particulièrement sur le destin de 3 femmes liées par leur présence au même comptoir en ce jour fatal.

Trois femmes: Violaine de Raezal, jeune veuve qui tente de garantir sa place dans la bonne société maintenant qu'elle ne bénéficie plus de la protection de son mari; Constance d'Estingel, qui vient de rompre ses fiançailles, tiraillée entre sa foi et le désir qu'elle ressent pour celui qui voulait l'épouser; Sophie d'Alençon enfin, trait d'union entre ces 2 femmes, qui les accueille toutes les deux à son comptoir, femme de coeur au service des autres, qui dissimule bien les tourments qui l'agitent.
Ces trois femmes cherchent leur place, chacune à leur manière, dans cette société où les apparences sont primordiales, où les femmes doivent être irréprochables, tenir leur rang et leur maison, ne pas prêter le flanc aux rumeurs, mais aussi se montrer charitables, s'associer à des œuvres....

Trois femmes à trois âges de la vie, à trois stades de la vie d'une femme, mais toutes trois soumises à la pression sociale qui ne les laisse pas libres de leurs choix: Constance hésite entre vocation religieuse et vie de couple, mais elle est soumise à l'influence d'une part de la mère supérieure qui a assuré son éducation et veut la ramener vers une vie de prière, et d'autre part de sa mère qui veut la voir enfin se marier et assumer son rang en société. Violaine essaye d'effacer sa mauvaise réputation conformément à ce que souhaitait son mari, en se battant à la fois contre les femmes bien-pensantes de la haute société, mais aussi contre les enfants de son mari qui n'ont jamais accepté qu'elle l'ait épousé par amour. Sophie enfin, celle qui semble tout avoir, et dont on découvre la face cachée tout au long du roman, filigrane qui sert de lien et d'inspiration pour les autres héroïnes de l'histoire.

L'incendie va tout faire basculer, et d'une certaine façon offrir à ces femmes l'occasion de gagner leur liberté dans ce monde qui leur en laisse si peu.

Si ce roman fait la part belle en particulier à ces trois femmes, il nous dépeint aussi la société de l'époque, les femmes "objet" qui n'ont de valeur pour leur mari que par leur beauté, les luttes d'influence des courants politiques, la futilité d'un milieu qui règle ses comptes en duel sans en comprendre les véritables enjeux,les amours interdits et l'homosexualité qui ne peut être affichée, une société où les femmes peuvent être internées et maltraitées parce qu'elles ne pensent pas ou n'agissent pas comme les autres. De quoi nous faire apprécier la liberté dont nous bénéficions aujourd'hui, qui nous paraît évidente mais qui fut si dure à gagner.

Beaucoup de points positifs à ce roman, et il m'a pourtant laissé un goût d'inachevé, peut-être la façon dont il se termine, mais que je ne décrirai pas ici pour ne pas gâcher la lecture à ceux qui se laisseront tenter par cette belle oeuvre! L'écriture de Gaëlle Nohant nous emporte dans cet incendie, mêlant faits historiques et fiction de telle manière qu'on ne distingue plus le faux du vrai.

vendredi 15 décembre 2017

Toucher le fond


Je ne sais pas si c'est le lieu pour ça, je ne sais pas si cet article à pour vocation à être définitif ou provisoire, peut-être même ne sera t'il jamais lu, mais j'ai besoin de sortir ce qui me ronge, parce que c'est devenu trop lourd à porter.

Rien de grave, pas d'inquiétude, mais c'est justement ça le problème: je suis devenue tellement angoissée que la moindre petite anicroche devient une montagne impossible à gravir. C'est vrai pour le boulot, c'est vrai pour ma vie perso, et c'est en particulier particulièrement exacerbé pour mes enfants.
Depuis leur naissance, j'ai perdu tout sens de la mesure (en tout cas le peu que j'avais), je suis incapable de relativiser, de ne pas imaginer le pire. Moi qui fut capable de remonter ma mère quand elle a eu son cancer, certaine qu'elle y survivrait, j'ai définitivement oublié comment faire pour ne pas sombrer dans la spirale destructrice de l'angoisse et du stress, celle du négativisme qui fait que tout ce qui peut arriver est noir et catastrophique.

L'an dernier, avec l'accident de mon père, j'ai navigué sur le fil du rasoir, tentant au mieux de rassurer ma mère avant de m'effondrer à la maison, mais cette épreuve a laissé des traces, et je ne peux voir le nom de ma mère s'afficher à des horaires intempestifs sans présager du pire.

Tant que mon angoisse ne concernait que moi, c'était encore tenable. Mais depuis quelques années ma fille montre des signes de puberté précoce, finalement non confirmée, mais chaque nouveau symptôme me plongeait dans un tourbillon de stress. Et loin d'être calmée par les discours rassurants du médecin, je n'écoute des résultats que ce qui conforte mes angoisses au lieu de les apaiser. Ma crainte (totalement stupide, je m'excuse par avance si ça en choque certains) est qu'elle reste petite: elle a toujours été dans les grandes, toujours en haut de sa courbe, mais malgré le démarrage de sa puberté elle ne grandit pas, n'a pas de pic de croissance. Tant qu'elle n'était pas réglée, pas de souci m'a t'on dit....sauf qu'hier soir elle a eu des pertes. Règles ou pas règles, là est la question, a priori cela n'aurait rien à voir (à confirmer ce soir), mais ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que ça m'a complètement fait disjoncter, et que ma fille a fini en pleurs en me disant qu'elle ne voulait pas être "petite et obèse".
J'ai pris en pleine face ce que mon mari me répète à longueur de journée: c'est moi qui stresse mes enfants, qui leur donne des angoisses qui n'ont pas lieu d'être. Je pense qu'à force ils vont devenir complètement fous et mal dans leur peau à cause de moi, alors que je devrais être leur rempart, les aider à accepter ce qu'ils sont et à s'aimer comme ils sont.
Peut-être que comme je ne m'accepte finalement pas si bien, je n'arrive pas à jouer le rôle qui m'est imparti, mais je ne sais plus comment faire.

A mon angoisse sur leur santé, leur avenir s'ajoute donc l'angoisse de les traumatiser à vie, de faire de leur vie future un enfer où tout leur paraîtra hostile et difficile, parce que c'est ce que je leur aurais transmis.

J'ai pris conscience de ça (aidée par mes parents qui m'ont bien secouée), pris le taureau par les cornes, et je vais rendre visite au psy qui m'avait aidé lors de mon passage en PMA, pour essayer d'enfin remonter, et surtout pour donner à mes enfants la mère qu'ils méritent, pour leur donner de l'amour et de la confiance au lieu de ne leur montrer que le noir de la vie.

Je ne sais pas si je vais y arriver, mais je leur dois bien ça, pour qu'ils n'aient plus une mère nocive mais un appui pour grandir.

J'ai honte, je sais qu'on peut penser que je ne mérite pas mes enfants, tant d'articles publiés sur l'éducation bienveillante me renvoient à mes failles, à ce que je devrais être, me disent que je détruis mes enfants en me détruisant. J'essaye de faire de mon mieux, mais ça ne suffit pas, ça ne suffit plus, alors j'espère de tout coeur trouver l'aide pour enfin m'en sortir...