dimanche 30 mars 2014

Nadia C.


Même si je n'étais pas née lors de ses premiers exploits, pour moi Nadia Comaneci a toujours été la référence en gymnastique, celle qui était citée à chaque compétition.

Alors quand on m'a offert le roman de Lola Lafon, je me suis plongée dedans avec enthousiasme.

Résumé:
Parce qu'elle est fascinée par le destin de la miraculeuse petite gymnaste roumaine de quatorze ans apparue aux JO de Montréal en 1976 pour mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d'accéder au statut de mythe planétaire, la narratrice de ce roman entreprend de raconter ce qu'elle imagine de l'expérience que vécut cette prodigieuse fillette, symbole d'une Europe révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d'une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d'Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulations étatiques ? Mimétique de l'audace féerique des figures jadis tracées au ciel de la compétition par une simple enfant, le roman-acrobate de Lola Lafon, plus proche de la légende d'Icare que de la mythologie des "dieux du stade", rend l'hommage d'une fiction inspirée à celle-là, qui, d'un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu'on réserve aux petites filles, ces petites filles de l'été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s'élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue.

J'ai beaucoup aimé ce livre, dans lequel j'ai eu du mal à distinguer la fiction du réel. On alterne les chapitres écrits par la narratrice et ses échanges avec Nadia à propos de ces chapitres.
J'ai bien aimé l'opposition faite entre la vision occidentale de la Roumanie sous la houlette de Ceaucescu, et la vision "donnée" par Nadia, et par les Roumains après la chute du dictateur.
Ce roman retrace à la fois le parcours de Nadia, la gymnaste prodige, et une partie de l'histoire de la Roumanie.

Je me suis laissée prendre par cette histoire, pour comprendre comment une petite fille comme les autres est devenue un symbole, symbole d'un époque, d'une nation, et d'un sport dont elle est devenue une icône.

Alors si vous avez l'occasion de le lire, n'hésitez pas!

samedi 22 mars 2014

Des hauts et des bas


En ce moment, à la Souricière, on passe beaucoup par des hauts et des bas. J'avais l'impression qu'il y avait un peu plus de hauts, mais la nature s'est chargée hier de me faire redescendre...

Les hauts: * une soirée resto/bowling entre copains avec les enfants, c'est l'avantage qu'ils grandissent * ma mère qui a repris son boulot, et qui apprivoise son "nouveau doigt" version réduite * des vacances de Pâques tous les 4 qui approchent, et cette fois-ci pas dans la famille ;-) * un boulot un peu calme qui me permet de donner plus de temps aux enfants * et puis le super haut: depuis 2 semaines, Souriceau est propre la nuit, on n'aura pas besoin de recommencer le marathon de juin dernier, ça s'est fait tout seul, espérons que ça dure, parce qu'il est super fier de lui, et nous aussi!!!!!!!!

Malheureusement, il y a les bas: * une Souricette de plus en plus odieuse, crise d'adolescence à 6 ans et demi * la mauvaise propension de Souriceau à mentir * son comportement en classe (tentative de triche et perturbation de son groupe) * des perspectives de boulot qui risquent d'être pénibles (un projet que je ne veux pas, qui risque de me coûter un projet que je veux) * l'avenir professionnel incertain de Mr Souris (si il est sûr d'avoir un boulot, on ne sait pas où et quoi, donc aucune planification possible pour l'instant) * l'asthme de Souriceau qui a refait son apparition avec les allergies (donc maintenant il est allergique) * et le pire du pire, les problèmes de santé de Souricette, qu'on croyait derrière nous, viennent de resurgir brutalement, et cette fois-ci il faut passer par la case hôpital, en espérant que les tests ne conduiront pas à des conclusions négatives et des traitements lourds! En plus je dois attendre lundi pour appeler l'hôpital, 2 jours à espérer que rien ne change, et qu'on ait un rdv très vite....

Je voudrais être positive, voir le verre à moitié plein, mais aujourd'hui j'ai du mal, ce qui touche mes enfants m'est insupportable, mais il ne faut pas que je transmette à ma fille mes angoisses, pour que si traitement il y a il soit le moins difficile possible pour elle, parce que mon rôle de maman c'est de rendre ses soucis plus légers, et pas de la stresser en plus..... Je vais essayer de voir le côté positif, on a déjà vu un spécialiste, on n'a pas tous les examens à refaire, j'ai détecté le problème tout de suite, on peut appeler directement l'hôpital ce qui nous évitera de reperdre du temps, donc on devrait au moins prendre les mesures à temps, et me convaincre que le pire n'est pas encore là (et que, encore une fois, il n'y a pas de pronostic vital, juste un risque de problème de croissance et de vie compliquée pendant quelques années).

Alors je vais essayer ce week-end d'occuper mon cerveau, j'ai une salopette pour bébé à commencer (souhaitez moi bonne chance ;-)); ciné avec les enfants demain, carnaval (sous la pluie...), lecture, pour ne plus penser à ce qui m'angoisse, et ne m'en occuper que lundi 9h, ouverture du secrétariat!

jeudi 20 mars 2014

La déesse des petites victoires


Encore une heureuse découverte faite à la bibliothèque, "La déesse des petites victoires", de Yannick Grannec.

Résumé:
Université de Princeton, 1980. Anna Roth, jeune documentaliste sans ambition, se voit confier la tâche de récupérer les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXe siècle.
Sa mission consiste à apprivoiser la veuve du grand homme, une mégère notoire qui semble exercer une vengeance tardive contre l’establishment en refusant de céder les documents d’une incommensurable valeur scientifique.
Dès la première rencontre, Adèle voit clair dans le jeu d’Anna. Contre toute attente, elle ne la rejette pas mais impose ses règles. La vieille femme sait qu’elle va bientôt mourir, et il lui reste une histoire à raconter, une histoire que personne n’a jamais voulu entendre. De la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre ; de l’Anschluss au maccarthysme ; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire, Anna découvre l’épopée d’un génie qui ne savait pas vivre et d’une femme qui ne savait qu’aimer.
Albert Einstein aimait à dire : « Je ne vais à mon bureau que pour avoir le privilège de rentrer à pied avec Kurt Gödel. » Cet homme, peu connu des profanes, a eu une vie de légende : à la fois dieu vivant de l’Olympe que représentait Princeton après la guerre et mortel affligé par les pires désordres de la folie. Yannick Grannec a réussi, dans ce premier roman, le tour de force de tisser une grande fresque sur le XXe siècle, une ode au génie humain et un roman profond sur la fonction de l’amour et la finalité de l’existence.

Ce livre, c'est l'histoire romancée de Kurt Gödel, mathématicien de génie du XXème siècle, et de sa femme Adèle, de leur rencontre à Vienne à leur mort à Princeton.
On cotoie à travers ce roman les grands esprits du siècle dernier, Einstein, Oppenheimer, Pauli..., on plonge dans leurs discussions scientifiques (parfois un peu ardues, je dois bien l'admettre, mais ne pas les comprendre ne nuit pas au plaisir de la lecture), et dans leur quotidien.
L'historie est ancrée dans l'Histoire, avec l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, la fuite des scientifiques aux Etats-Unis pour échapper aux nazis et à la persécution, la bombe atomique au travers des yeux de ses créateurs.

Mais pour moi, si ce livre permet de découvrir ce grand mathématicien qu'était Gödel, il nous montre surtout l'envers du décor, le génie torturé paranoïaque, qui sans sa femme et son abnégation n'aurait probablement pas survécu! J'ai admiré Adèle, son amour sans limites qui lui fait soulever des montagnes pour son homme, braver sa famille et les conventions, supporter sa "folie", gérer son quotidien pour qu'il puisse travailler sans souci, accepter d'être l'indispensable support au génie, sans en avoir aucune reconnaissance...

Le roman est un peu long, on est parfois un peu perdu dans les théories scientifiques, mais au final j'ai passé un très bon moment. On s'attache à Adèle, et à Anna, qui est en quelque sorte son pendant moderne, mais dont le choix a été différent, et qu'Adèle aide à évoluer pour accepter cet amour si complexe. Et j'ai beaucoup aimé imaginer ces grands hommes dans leur quotidien, comme Einstein et ses chaussettes dépareillées (vous y penserez en pliant le linge la prochaine fois ;-)):

- J'ai encore mis des chaussettes dépareillées. Margot va me faire des histoires. Voilà un autre grand mystère. Où disparaissent donc ces satanées chaussettes ?
(...)
- Peut-être faudrait-il retourner la question. Pourquoi l'autre chaussette ne disparaît-elle pas ?

Les touches d'humour parsemées tout au long du roman rendent la lecture encore plus agréable. En voici encore une, juste pour le plaisir:

"(Adèle parle à Einstein, qui lui répond) : - J’ai entendu une drôle d’histoire. Un automobiliste serait rentré contre un arbre parce qu’il était trop occupé à vous regarder !
- Seules deux choses sont infinies, Adèle. L’univers et la stupidité de l’homme. Et encore, je ne suis pas certain de l’infinité de l’univers !"

Et vous, vous l'avez lu?

vendredi 7 mars 2014

1 an de plus

Cette fois, c'est sûr, j'ai basculé de l'autre côté de la trentaine, celle qui est plus proche du 4 que du 3. Contrairement à Galéa, j'aime bien mon anniversaire, et j'ai une nette préférence pour les chiffres ronds et les 5. Du coup cette année c'est raté, et pour 3 ans encore...

La journée a bien commencé, coup de fil de mes loulous et de leur père à leur réveil (oui, je suis partie bien avant pour bosser), coup de fil de mon filleul et de mon frère, avant 8h30 toute ma famille la plus proche avait pensé à moi! Et puis la journée s'est déroulée, comme d'habitude, même si les mails de pub  dans sa boîte mail quand on regarde si on a des amis, ce n'est pas top ;-)
Retour le soir à la maison, après une visite chez le pédiatre pour Souriceau (faut pas croire, ce n'est pas parce que c'est mon anniversaire que c'est relâche), trouver la maison en vrac, ma fille pas lavée, les poubelles pas sorties, le lave-vaisselle pas vidé, les lessives à faire.....et là anniversaire ou non, la vie quotidienne reprend ses droits ;-)

Heureusement, il y a eu l'apéro tous les 4, le gâteau sans bougies, et pour finir en beauté la journée, les messages de ma cousine chérie, ma presque soeur, et ceux de mes meilleures copines, celle du collège et celle qu'on prend pour ma soeur, ces messages sans lesquels mon anniversaire ne serait pas mon anniversaire, ces messages que j'attends parce que comme ceux que je leur envoie, encore plus que les messages du quotidien, ils sont la preuve que malgré les années le lien est toujours là.

Comme je suis une grande enfant, comme tous les ans, mon anniversaire on le fêtera ce week-end avec ma famille, parce que j'ai besoin cette réunion avec mes parents et mes (enfin mon depuis que l'autre est à l'étranger) frères, fête d'autant plus familiale depuis la naissance de ma nièce peu de temps avant mon BDay, double raison de se réunir !

Vivement dimanche, et ensuite, il faudra attendre 1 an....

dimanche 2 mars 2014

6h41


6h41, ce n'est pas l'heure à laquelle je me lève (si seulement), mais le titre d'un roman de Jean-Philippe Blondel que j'ai découvert grâce à la bonne critique de Galéa. Je n'avais jamais lu de livre de Blondel, cette première plongée dans son écriture a été très agréable.

Résumé:
Cécile Duffaut vient de passer le week-end chez ses parents à Troyes. Son mari et sa fille n'ont pas voulu l'accompagner. Trop ennuyeux ses vieux. Après deux jours de silence et d'incompréhension, elle est pourtant restée la nuit du dimanche ! Furieuse contre elle-même, elle attend donc, ce lundi matin, le train de 6h41 pour Paris. 
À quelques mètres, Philippe Leduc fait les cent pas. Il attend le 6h41. Pour lui, une journée particulière commence. Il préviendra le boulot plus tard. Il se dit qu'il pourrait disparaître. Personne ne l'attend. Divorcé. Ses enfants indifférents. Ses amis perdus. Enfin, pas vraiment, puisqu'il fait ce voyage pour rendre visite à Matthieu, l'ami d enfance.
Pour une fois, le train est à l'heure. C'est l'assaut et le départ. Philippe Leduc erre dans les wagons et trouve enfin une place libre. Juste à côté de Cécile Duffaut. Aussitôt, ils se reconnaissent mais font comme si de rien n'était...

J'ai beaucoup aimé ce voyage intérieur que font les deux protagonistes, qui font chacun mine jusqu'à la dernière minute de ne pas avoir reconnu l'autre, mais qui replongent dans leurs souvenirs, dans le vécu commun qui a changé le cours de la vie de Cécile, et j'ai beaucoup aimé l'ouverture laissée au lecteur à la fin, le laissant libre d'imaginer la suite de cette rencontre fortuite et pourtant si chargée de sens pour les deux personnages.

Contrairement à Galéa (j'espère que tu ne m'en voudras pas ;-)), je n'ai pas détesté Cécile, au contraire, je me suis un peu retrouvée en elle, même si je n'ai pas sa volonté de revanche, mais elle m'a rappelé la gamine timide et mal dans sa peau que j'étais, celle qui a mis tant de temps à s'affirmer et s'accepter. J'ai souffert avec elle de ses humiliations, de sa souffrance à cause de Philippe, celui qui était le centre de l'attention, qui n'avait rien à prouver.
Mais j'ai aussi beaucoup aimé Philippe, qui fait le constat amer de "l'échec" de sa vie, et qui cherche à travers son soutien à Mathieu une forme de rédemption.

Pour résumé, si vous ne l'avez pas encore lu, je vous recommande ce roman, je n'ai vraiment pas regretté de l'avoir attrapé au vol à la bibliothèque!

samedi 1 mars 2014

Coup de coeur: "Le quatrième mur"


Coup de coeur de cette rentrée 2014, "Le quatrième mur" de Sorj Chalandon.

Résumé:
« L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé.
Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, petit théâtreux de patronnage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne... »


Ce livre, je l'ai dévoré. Je l'ai lu en 2h, impossible de le lâcher une fois commencer. C'est la troisième année de suite que je suis emportée par le Goncourt des Lycéens, et en creusant un peu, tous les livres que j'ai lus sans savoir qu'ils avaient reçu ce prix ("Le Testament français" d'Andreï Makine, "Allah n'est pas obligé" d'Ahmadou Kourouma, "Un brillant avenir" de Catherine Cusset, "Le Club des incorrigibles optimistes" de Jean-Michel Guenassia) m'ont à chaque fois ravie.

Je dois avouer que je suis impressionnée par la sélection effectuée par ces jeunes, même en tant que grande lectrice, je ne sais pas si j'aurais eu la même maturité en terme de critique littéraire quand j'avais leur âge. Je suis aussi impressionnée, car les sujets traités sont parfois très durs, bien plus que ce que des adolescents peuvent parfois connaître et accepter (ou alors j'étais vraiment une ado complètement déconnectée de la réalité).

Pour en revenir au livre du jour, comment en parler sans dévoiler l'histoire, sans en gâcher la découverte? Ce que je peux en dire, c'est que je me suis retrouvée plongée dans le Liban en guerre, à espérer que la trêve souhaitée par Samuel se réalise, à vivre avec le narrateur le conflit qu'il vit.

Si vous ne l'avez pas lu, sans hésitation, je vous le recommande, j'adhère encore une fois à 200% au choix des lycéens qui ont choisi ce livre si dur et si envoûtant.