lundi 28 septembre 2015

Lecture: Meurtres à la pause-déjeuner

Encore un roman trouvé dans les présentoirs des nouveautés à la bibliothèque, le titre et le résumé m'ont donné envie de découvrir ce livre.

Résumé: La pause-déjeuner de Francesca se termine toujours avant le retour des 300 autres salariés de son entreprise. Cela lui permet d'éviter les rébarbatifs échanges avec ses collègues. Et aussi de profiter en toute quiétude des toilettes. Ce jour là, brosse à dents à la main, elle aperçoit deux pieds qui dépassent sous la porte des WC. Deux pieds qui, sans aucun doute, indiquent la présence d un cadavre. Deux pieds qui appartiennent à son insupportable collègue Marinella, laquelle gît, une corde autour du cou... D'autres meurtres se succèderont. Il paraît évident que l'assassin est dans les murs de ce que
l'on nomme désormais l'«Entreprise Homicides». Les syndicats s'en mêlent mais ne font pas beaucoup avancer l'enquête et l'affaire provoque un incroyable tourbillon médiatique. Tout en gérant une rupture amoureuse, Francesca essaye de comprendre quel est le mobile et l'identité du mystérieux serial killer, et jongle avec les hauts et les bas de la vie d'entreprise ...


Ce roman est à la fois un roman policier et une comédie acide sur la vie en entreprise, et sur la vie d'une jeune femme célibataire étouffée par ses parents. Relations entre collègues, incompétence au boulot, syndicalisme, délocalisation, tous ces sujets sont traités au travers du regard de Francesca, cette jeune femme larguée par son fiancé le jour du mariage, qui a du coup laissé tomber ses études, et qui reste à un poste qui ne l'enthousiasme pas car c'est un travail garanti, un CDI qui la protège. Elle voit passer dans son service des incompétents, atterrissant là parce qu'on ne sait pas où les mettre, et qui l'un après l'autre sont assassinés. L'enquête policière en elle-même sert plutôt de prétexte à l'analyse de la société et de ses rouages.
En parallèle, on a la relation de Francesca avec ses parents, sa mère qui s'enferme en regardant des séries policières pour juguler l'angoisse de voir sa fille tuée par le "serial killer", son père qui protège à la fois sa femme et sa fille, allant jusqu'à pousser sa fille à un speed dating pour la santé de sa mère! Speed dating qui donne d'ailleurs lieu à une description qui fait sourire, on s'y croirait, avec ces hommes autour de la quarantaine à la recherche de l'âme soeur (!!!), ou de cette jeune femme dont la mère vante le nombre de "touches" qu'elle fait!

Pas de grande littérature, mais un bon moment de lecture, qui fait sourire, qui rappelle aussi parfois des moments qu'on connaît, que ce soit dans la vie professionnelle ou personnelle. Une vraie lecture de dimanche!

dimanche 27 septembre 2015

Lecture: L'envol du papillon


Mis en avant sur les présentoirs de la bibliothèque ce roman fait partie de ma moisson du week-end. Il était présenté avec un flyer "rentrée littéraire 2015", ce qui m'a laissé penser qu'il faisait partie des sorties récentes, ce qui n'est en réalité pas le cas, ce roman date de 2010, et a été adapté en 2014 au cinéma (film que je n'ai pas vu, sinon vous vous doutez bien que j'aurais compris que le roman n'était pas de cette année ;-)).

Résumé: Brillant professeur à Harvard, Alice Howland adore sa vie, qu'elle partage entre les cours, la recherche et sa famille. Peu de temps avant son cinquantième anniversaire, elle s'étonne de ses trous de mémoire, de plus en plus fréquents. Sans doute est-ce le stress. Mais, un jour, Alice se perd dans son quartier en faisant son jogging, et décide de consulter un médecin. Le diagnostic est sans appel : elle est atteinte d'un Alzheimer précoce. A mesure que ses souvenirs s'effacent et que ses repères disparaissent, Alice doit apprendre à vivre au présent.

Alzheimer, on en a tous entendu parler. La grand-mère de mes cousines l'avait, j'ai vu mes cousines souffrir de voir cette femme si intelligente perdre tout contact avec la réalité, au point de devenir méchante avec ceux qu'elle aimait. Le grand-père de Mr Souris, même si officiellement il n'est pas touché, a une maladie équivalente (probablement liée à des micro-AVC à répétition), et il ne reconnaît plus personne, ne retient plus rien, mais par chance n'est pas méchant. Dans ma famille, c'est la grande crainte de ma grand-mère, qui passe sa vie à égarer ses affaires, et à les chercher paniquée à l'idée de devenir sénile, ma mère a repris les craintes à son compte, et dès qu'elle ne retrouve pas une idée ou un mot, se demande si elle n'est pas malade, et je dois avouer que c'est une des choses qui m'angoissent (en plus des poux, du cancer et des mélanomes....). Je n'ai pas spécialement de problèmes de mémoire, même si j'ai une mémoire assez sélective, je n'ai par exemple aucun souvenir de l'appartement où j'ai vécu jusqu'à mes 8 ans, j'oublie tous les films que je vois, et les noms des acteurs, et que Mr Souris passe son temps à me dire que j'ai vu ou fait des choses qui sont sorties de ma mémoire...
Mais c'est vrai que depuis que j'ai découvert qu'on pouvait souffrir d'Alzheimer précoce, ça me fait peur, parce que souffrir de cette maladie en étant âgé, c'est très dur, mais faire vivre ça à des enfants petits, c'est encore plus angoissant.

Pour en revenir à ce roman, il traite d'une façon très émouvante ce sujet difficile, du point de vue d'Alice, cette femme très intelligente qui à cause de la maladie perd peu à peu tout ce qui faisait sa vie. La narration s'adapte à l'évolution rapide de la maladie, pour nous immerger dans le quotidien de ces malades qui voient leurs repères disparaître, qui alternent les phases "calmes" et les phases de plus en plus fréquentes de désorientation.
Au travers du vécu d'Alice et de sa famille, on découvre l'irruption de la maladie dans le quotidien, les sorties, les gestes de tous les jours, les réactions de l'entourage, la gêne, la souffrance. Ce qui m'a plu, c'est qu'on ne sombre pas dans le mélo, mais qu'on n'est pas non plus dans le monde des bisounours. Alice se heurte à l'incompréhension, à une forme de rejet parfois, à la peur de ses enfants, qui découvrent qu'eux aussi sont sous la menace de cette maladie, mais qui face à cette menace n'auront pas tous les mêmes réactions. Son mari la soutient, mais il n'accepte pas vraiment cette maladie, et même si il l'accompagne du mieux qu'il peut, il n'a pas la même vision de l'avenir qu'elle, ne souhaite pas passer avec elle les derniers moments de lucidité qu'il lui restera.

Ce livre se lit très facilement, il fait réfléchir à la fois sur les malades et sur leur entourage, et il fait espérer qu'on trouve vite des remèdes pour cette maladie qui enlève aux malades tout ce qui faisait leur vie.

mercredi 23 septembre 2015

Où sont mes bébés????


Les Souriceaux auront 8 ans la semaine prochaine: 8 ans déjà qu'ils remplissent notre vie d'amour, de joie, de câlins, mais aussi de fatigue, d'angoisses, de disputes, de cris....

Ces 8 ans, je ne les ai pas vus passer, même si certains jours m'ont paru durer des éternités. Ils ont filé, et mes deux bébés sont devenus deux grands enfants, qui prennent doucement de l'autonomie (enfin surtout Miss Souricette en ce moment), même si il faut parfois que je me force pour les laisser faire "tout seuls comme des grands".

Les voir grandir, c'est leur laisser faire ce qui nous fait peur, ce qu'on ne peut pas maîtriser, parce que c'est ça être parents, apprendre à ses enfants à prendre leur envol sans risque. Alors j'essaye de ne pas trop angoisser quand je les vois prendre les bosses hors des sentiers battus lors de nos balades dans la forêt en vélo, j'essaye de ne pas penser à ce que mon loulou fait avec ses copains pendant leurs sorties du club VTT...

On dit toujours que les filles sont plus mûres que les garçons, je peux vous le confirmer, chez nous l'indépendance est féminine, Souricette vit sa vie comme elle l'entend (je ne vous raconte pas l'adolescence), elle nous affronte et nous pousse dans nos retranchements, mais elle est aussi capable de passer un après-midi entier plongée dans ses bouquins, sans qu'on l'entende. Son frère quant à lui est plus fonceur, il bouge, il s'agite, il court, il saute, mais c'est aussi un garçon très câlin, qui vient se blottir dans mes bras très souvent (j'en profite tant qu'il veut encore!!!!). Par contre, il est presque incapable de s'occuper seul, et si sa sœur ne se dévoue pas, il faut venir jouer au foot, au badminton ... avec lui (de préférence son père d'ailleurs).

Cette semaine, on a regardé avec eux les cadeaux pour leur anniversaire. Et leurs souhaits sont révélateurs de ces grands qui sont encore petits: d'un côté les grands vélos, presque des vélos d'adultes, avec des vitesses avant et arrière, de l'équipement de pro pour Souriceau, parce qu'il faut bien l'équiper pour l'hiver, et pour Souricette....un soin mère-fille dans un institut, 30 minutes de massage en duo qu'elle réclame depuis longtemps.... et puis de l'autre côté des légos et des playmobils, parce que finalement, ils sont encore à l'âge de construire et de s'inventer des histoires.

Autre manifestation de ce phénomène, hier soir, j'ai enfin vendu la mèche, ils se posaient la question depuis un an, et révélé que le Père Noël n'existe pas. J'ai pourtant hésité, toutes ces fois où ils m'avaient interrogée j'avais renvoyé la balle dans leur camp, j'avais botté en touche, mais cette fois-ci j'ai craqué. Pas pour nous simplifier la vie (même si ça va quand même être plus facile de faire comprendre aux enfants qu'ils n'auront pas toute leur liste de cadeaux), mais parce qu'ils commencent à être grands, que leurs copains n'y croient plus, et que j'ai eu un peu peur qu'on se moque d'eux à l'école, parce c'était de plus en plus dur de leur "mentir" les yeux dans les yeux, et pourtant j'ai eu peur de les décevoir, de casser cette magie qui leur mettait des étoiles dans les yeux. Il a par contre fallu que je leur fasse promettre de ne rien révéler à leurs cousins/cousines, plus jeunes, et ma fille m'a répondu "oui, parce que eux ils sont trop petits, ils seraient tristes!".

Bien sûr, je suis ravie de les voir grandir, cela nous permet de faire de plus en plus de choses avec eux, mais une page se tourne, celles des petits qui avaient aveuglément besoin de nous. Je voudrais profiter de chaque instant passé avec eux, de ces moments d'amour qu'ils me donnent tant qu'ils acceptent de le faire, je voudrais ne pas me fâcher après eux quand ils m'énervent après une journée de boulot, quand il faut se battre pour qu'ils aillent à la douche ou ses brosser les dents. Parce que je sais que ce temps qui passe ne reviendra pas, que ces moments me manqueront quand ils seront grands et n'auront plus besoin de moi...

En attendant, encore une semaine avant les bougies, il y a 8 ans je venais de fixer la date de la césarienne avec l'obstétricien, date qui est restée confidentielle sauf pour mon beau-père qui devait planifier son remplacement, et tout le monde pensait qu'il fallait encore attendre 1 semaine avant que le médecin décide de la date! Cette dernière ligne droite, ce sont eux maintenant qui la vivent, décomptant avec impatience les heures avant le jour J!

mardi 15 septembre 2015

Lecture: La femme qui dit non.


J'avais ce livre dans ma liste "à emprunter", mais je suis bien incapable de retrouver où j'avais pêché ce conseil de lecture.
Le résumé alléchant a achevé de me convaincre de sortir ce roman des rayons de la bibliothèque pour l'ajouter à ma PAL du moment.

Résumé:1938. Alors que le destin de l'Europe s'apprête à basculer à Munich, un voilier anglais accoste sur l'Ile-aux-Moines. A son bord, Charles Evans et sa fille Marge. La jeune fille anglaise rencontre là deux jeunes Bretons, Blaise de Méaban et son meilleur ami Mathias. Elle épouse Blaise et, se croyant enceinte, ne peut l'accompagner à Londres lorsqu'il s'embarque pour répondre à l'Appel du Général de Gaulle. Esseulée, elle fait alors de Mathias son amant - et le véritable père de son fils. Ce trop lourd secret de famille et les guerres feront le reste.
De la débâcle 1940 à l'épuration en passant par la déportation, de la guerre d'Indochine aux Jeux olympiques de 1964 en passant par la guerre d'Algérie, ce trio amoureux traverse un quart de siècle où la petite histoire se mêle à la grande. On y lit la lâcheté et l'opportunisme des hommes, mais aussi leur grandeur. Marge, joueuse et intrépide, délurée, tolérante et libre, raconte leurs choix et leurs trahisons, leurs défaites et leurs victoires, leurs joies et leurs amertumes. Elle aura fait de sa vie une fête galante et incarne une certaine idée de la France. Marge, a la marge des conventions ; Marge, au centre de tous ces destins.


Sur le papier, ce roman avait tout pour me plaire, mais il n'a finalement pas comblé mes attentes. Je n'ai pas trouvé Marge, la narratrice et personnage central du roman, très attachante. Ce qui au départ peut passer pour l'insouciance de la jeunesse tourne à l'égoïsme avec l'avancée du roman: Marge ne pense qu'à elle, ses décisions sont plus le fruit de l'opportunisme que de la raison. Son engagement dans la Résistance est plus lié à l'ennui qu'à un engagement véritable, elle n'hésite d'ailleurs pas à fréquenter des lieux remplis d'Allemands et de profiteurs du système, pour assouvir son besoin de jeu et de sorties.
Cet égoïsme pèse sur la vie des deux hommes qui l'aiment, puis sur celle de son fils, pour lequel elle n'assume d'ailleurs pas du tout son rôle de mère. Et quand la vie lui renvoie en pleine figure ses erreurs, et la met face à ses actes, elle révèle  là encore son égocentrisme: découvrir qu'un de ses hommes a pu construire une vie sans elle la rend furieuse, elle qui n'a jamais assumé et jamais choisi, et qui a forcé Mathias et Blaise à "cohabiter" dans sa vie, et la peur de tout perdre la rend lâche, elle refuse d'assumer ce qu'elle a fait.

Il est d'ailleurs surprenant qu'il faille si longtemps pour que ses choix lui explosent au visage, elle arrive finalement à slalomer et à toujours tirer son épingle du jeu, de façon presque incroyable, ce qui rend l'histoire parfois peu convaincante, mais ses alliances avec des opportunistes de la pire espèce lui permettent de se tirer d'affaire très longtemps, ce qui n'aide pas à l'apprécier, car elle en vient à cautionner ou tout du moins à tolérer ce qui ne devrait pas l'être.

Si j'ai été déçue par cette femme qui à mes yeux n'a pas dit non à grand chose, surtout pas à son plaisir et à ses envies, j'ai beaucoup aimé le contexte donné au roman, la deuxième guerre mondiale vue de la Bretagne, les Bretons indépendantistes, la guerre d'Indochine et la guerre d'Algérie qui confrontent justement l'indépendantisme et le colonialisme, l'arrivée de Mitterrand sur le devant de la scène politique, malgré ses choix passés, et malgré les doutes de ses concitoyens. J'ai aimé retrouver dans ces pages la Bretagne, l'Ile-aux-Moine et le climat breton, Nantes et les lieux que j'ai découverts quand j'étais étudiante, la Cigale, le passage Pommeraye...
J'ai aussi été séduite par l'écriture de ce roman, le côté cynique de la narration qui se traduit dans les mots et les phrases. Plusieurs fois je me suis arrêtée sur une tournure, en me disant qu'il fallait que je la note pour en parler, mais bien sûr je ne l'ai pas fait, cela dit cela ne m'arrive pas souvent, c'est donc à noter, pour moi qui ne suis pas très sensible au style.

Lecture mitigée donc, parce que j'attendais plus de cette femme qui dit non, qui à mon sens ne mérite pas son titre, sauf dans le sens "négatif" du terme. J'attendais une héroïne avec des convictions dans un monde en plein bouleversement, et c'est une femme centrée sur elle-même que j'ai découverte, sauvée seulement par son amour de la terre bretonne que je ne peux que valider.

dimanche 6 septembre 2015

Lecture: Nymphéas noirs


J'avais noté ce titre chronique par Galéa, qui bien que peu adepte de romans policiers semblait avoir apprécié la lecture.

Résumé: Tout n'est qu'illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels. Au cœur de l'intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit et sait tout. Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps. Un étonnant roman policier dont chaque personnage est une énigme.

Michel Bussi, je l'avais découvert avec Code Lupin, qui m'avait moyennement plu, alors que sur le papier, pour la grande lectrice de Lupin que j'ai été, il avait tout pour plaire (et d'ailleurs du coup je ne l'a pas chronique, j'ai toujours du mal à écrire sur les livres qui ne m'ont pas plu, même si j'ai travaille ;-)).
Nymphéas noirs avait cependant lui aussi tout pour me plaire:
1- c'est un roman policier, genre que je dévore depuis toute petite (et ma Souricette suit mon chemin en ne lisant que des livres policiers, merci "Le club des Cinq" et "Alice")
2- il a plu à Galéa, ce qui est en général pour moi une recommandation valable (sauf pour Modiano, désolée ma belle)
3- les Impressionnistes font partie des rares peintres trouvant grâce à mes yeux, avec Kandinsky, Munch et Vermeer (oui, je sais, j'ai des goûts bizarres et assez hétéroclites), et j'ai adoré la visite de Giverny faite avec Mr Souris quand nous étions jeunes et innocents (comprendre sans enfants!)

Je dois avouer que je n'ai clairement pas été déçue par ce roman, qui m'a emportée à la fois dans les jardins fleuris du peintre, et dans une enquête étrange et envoûtante. La fin m'a totalement surprise, mais c'est ce qui fait en grande partie la réussite de ce roman.
L'autre réussite, ce sont les personnages, le duo de flics si différents et si complémentaires, le besogneux, qui fait des listes (ça, ça me parle), et le flic qui s'y connaît en art, la vieille dans son moulin, la belle institutrice, la jeune peintre surdouée, mais aussi tous ceux qui gravitent autour d'eux, le vieux peintre américain, Paul, Vincent, Camille, Mary, Patricia, Jérôme, personnages secondaires qui ne le sont pas tant que ça.

Et puis il y a Giverny, le Giverny de Monet, qui a modelé le paysage à sa convenance, en créant cet étang qui lui permettra de peindre ses Nymphéas, et le Giverny moderne, l'attraction touristique, avec les cars d'où débarquent des milliers de visiteurs. J'ai beaucoup aimé les passages sur l'influence de Monet, ses relations avec les voisins (qu'il doit payer pour obtenir de conserver son paysage inchangé), et sur l'évolution de sa peinture avec les années. Ca m'a aussi donné envie de lire "Aurélien", d'Aragon (même si il va falloir que j'attende mon prochain passage à la bibliothèque), que je n'ai encore jamais lu.

Dévoré en une après-midi, c'est une lecture facile et très agréable, un vrai roman policier pour un bon moment de détente et de plaisir, je vous le recommande.

samedi 5 septembre 2015

Lecture: Constellation


Malgré l'avis mitigé de Galéa, j'ai eu envie de lire le premier roman d'Adrien Bosc, parce que j'aime bien l'idée de départ de retracer à la fois les causes de l'accident, et de donner aussi leur place aux passagers inconnus de cet avion dont on a retenu surtout les deux occupants célèbres, Marcel Cerdan et Ginette Neveu.

Résumé: Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ? Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. "Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante-huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. "

J'ai du mal avec les romans basés sur des faits réels: je ne sais pas distinguer ce qui est la vérité et ce qui relève de la fiction, ce qui m'empêche d'apprécier le travail du romancier et/ou le travail de recherche de l'auteur. Cela dit vraies ou fausses, j'ai bien aimé les tranches de vie des passagers, célèbres ou inconnus, même si elles sont très brèves. Ces femmes et ces hommes qui avaient leurs propres histoires, leurs soucis, leurs espérances, mais qui tous ont vu leur destin tranché net en ce jour funeste. De tous les milieux sociaux et professionnels, de tous âges, de plusieurs nationalités, mais tous passagers du même vol funeste, unis par un ensemble de petites causes qui ont conduit à ce crash.

J'ai aussi bien aimé l'enquête menée après ce crash, à une époque où l'on n'avais pas les boîtes noires pour expliquer et comprendre, et où on envoyait un autre avion similaire retracer le parcours mortel pour tenter d'élucider les accidents.

Je ne sais pas si on peut véritablement appeler ce livre un roman, pas d'histoire suivie, plutôt une succession de petites anecdotes reliées entre elle par le récit du vol et de l'accident, mais je l'ai trouvé intéressant, et j'ai été touchée par cette visibilité donnée à ces inconnus qui méritaient aussi d'être connus.

Ce qui m'a le plus gêné, ce sont les digressions de l'auteur, comme des idées qui surgissent au fil de son écriture. Autant certaines sont pertinentes pour définir le contexte de l'époque, autant je n'ai pas été convaincue par d'autres, telles que les coïncidences de dates (forcément, on trouve toujours des évènements qui se produisent aux mêmes dates avec des années d'écart, mais cela relève pour moi plus de la statistique que de la coïncidence à relever), ou le final avec Blaise Cendrars, je n'ai pas compris en quoi cela avait sa place dans le roman. Ne parlons pas du dernier paragraphe sur la date de naissance de l'auteur, qui à part par la présence du mot constellations, n'a à mon avis aucun intérêt (mais cela n'engage que moi!).

Lecture mitigée en résumé, où l'intérêt concernant l'enquête menée par l'auteur est tempéré par ce qui sort du cadre de cette enquête, introduisant une dimension étrange de réflexion qui ne m'a pas séduite.

mercredi 2 septembre 2015

Lecture: La passion selon Juette


Toute cette année, j'ai écouté les chroniques de Clara Dupont-Monod sur France Inter dans "Si tu écoutes j'annule tout", et je dois avouer que j'aime bien sa façon de présenter les livres, du coup j'ai eu envie de découvrir son style, en empruntant le seul de ses romans que j'ai trouvé à la bibliothèque.

Résumé: Juette est née en 1158 à Huy, une petite ville de l'actuelle Belgique. Cette enfant solitaire et rêveuse se marie à treize ans dans la demeure de ses riches parents. Elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes avides. Non au clergé corrompu. Violente et lucide sur la société de son temps, elle défend la liberté de croire, mais aussi celle de vivre à sa guise. Elle n'a qu'un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre : à quelles extrémités arrivera-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l'Eglise n'aime pas les âmes fortes... De ce Moyen Age traversé de courants mystiques et d'anges guerriers, qui voit naître les premières hérésies cathares, Clara Dupont-Monod a gardé ici une figure singulière de sainte laïque. Elle fait entendre enfin la voix de Juette l'insoumise. Peut-être l'une des premières féministes.

Je dois avouer que je suis restée un peu sceptique sur cette lecture. La forme m'a beaucoup plu, récit à deux voix, celle de Juette d'une part, et celle de son ami Hugues de l'autre. Les deux voix se répondent, se complétant, mais donnant deux points de vue d'une époque et d'une vie, celle de Juette.
J'ai aussi bien aimé la foi de Juette, celle qui rejette l'Eglise corrompue de l'époque pour se rapprocher des pauvres et des exclus, au travers de son engagement avec les lépreux. Et si je peux comprendre la surprise de Juette, mariée trop tôt et découvrant le devoir conjugal sans y avoir été préparée, elle qui ne rêvait que d'amour courtois et de preux chevaliers, j'ai plus de mal à comprendre son rejet total de cette vie, de son enfant....J'ai eu l'impression qu'au lieu d'une vocation véritable, au départ son choix de tout quitter est plutôt une punition qu'elle s'inflige, persuadée d'avoir causé la mort de son mari, même si après elle fait preuve d'une foi sans faille et d'une conviction dans sa foi qui force l'admiration.

Ce roman est très bien écrit, il se lit bien, mais au final je n'ai pas vraiment adhéré avec Juette, je n'ai pas vraiment été émue par cette jeune fille devenue trop tôt femme. Je ne m'attendais probablement pas à ce destin, peut-être n'aurais-je pas dû lire ce livre juste après "La Dame à la Licorne", où là aussi on est confronté au destin de ces jeunes filles mariées tôt, et parfois contre leur gré, mais qui en donne une vision bien différente.

Je sais bien qu'il ne faut pas se fier à Wikipédia, mais d'après l'article sur la véritable Juette d'Huy (et les informations qu'on retrouve sur internet..), loin d'abandonner ses enfants (et non son unique fils), elle les suit tout en se consacrant à sa foi. Je crois que le personnage créé par Clara Dupont-Monod est trop manichéen pour moi, enfermant Juette dans une foi mystique à la limite de la folie, et supprimant sa dimension "humaine", la rendant finalement peu attachante. Résultat, une lecture en demi-teinte qui m'a un peu déçue.

mardi 1 septembre 2015

Lecture: La Dame à la Licorne


J'avais beaucoup aimé "La jeune fille à la perle", du même auteur (d'autant plus que Vermeer est un peintre dont j'aime beaucoup les oeuvres), c'est donc sans hésiter que j'ai emprunté ce roman de Tracy Chevalier.

Résumé: Désireux d'orner les murs de sa nouvelle demeure parisienne, le noble Jean Le Viste commande une série de six tapisseries à Nicolas des Innocents, miniaturiste renommé à la cour du roi de France, Charles VIII. Surpris d'avoir été choisi pour un travail si éloigné de sa spécialité, l'artiste accepte néanmoins après avoir entrevu la fille de Jean Le Viste dont il s'éprend. La passion entraînera Nicolas dans le labyrinthe de relations délicates entre maris et femmes, parents et enfants, amants et servantes. En élucidant le mystère d'un chef-d'œuvre magique, Tracy Chevalier ressuscite un univers de passion et de désirs dans une France où le Moyen Age s'apprête à épouser la Renaissance.

Dans ce roman, Tracy Chevalier imagine la genèse et la création des tapisseries de "La Dame à la Licorne", de la commande par Jean Le Viste, animé l'envie de montrer à tous ses invités sa position à la cour et auprès du Roi, à la réalisation des esquisses par un miniaturiste, et de la confection de la tapisserie en Belgique, par un maître lissier.

Par l'alternance des voix qui racontent l'histoire de ces tapisseries, on découvre les histoires qui lient les personnages, mais aussi les règles de la vie de l'époque, où les femmes de la "haute société" se devaient de donner un héritier à leur mari, où les filles devaient soumission à leur père avant de le devoir à leur époux, et où les écarts n'étaient pas tolérables.
J'ai beaucoup aimé les passages à Bruxelles dans la famille du lissier, immersion au sein d'un atelier de tissage, avec ses règles (on ne travaille pas la nuit, les femmes n'ont pas le droit de tisser), les détails sur la réalisation des tapisseries, les tractations avec les clients qui commandent, et avec les fournisseurs.... Et de tous les personnages croisés dans cette belle galerie, j'ai surtout été touchée par Aliénor, la jeune aveugle, qui n'a pas le droit de prétendre au bonheur à cause de son handicap, mais qui décide de prendre son destin en main, aidée en cela par Nicolas (seule belle action que fait cet artiste plutôt égoïste par ailleurs). J'ai aimé cette jeune fille fragile, qui ne peut sortir seule, mais qui est capable de coudre sans voir, de jardiner sans voir, et qui essaie malgré tout de ne pas être un fardeau pour sa famille.

Une jolie lecture, qui à partir d'une oeuvre d'art réelle, construit un roman qui nous emporte, et qui pourrait tout à fait en être l'histoire vraie!