dimanche 15 mars 2015

Coup de coeur: Confiteor




Ce livre, c'est Galéa qui m'a donné envie de le lire, dans une chronique que je vous recommande d'aller découvrir, parce que j'adhère avec les 5 raisons qu'elle donne pour avoir aimé le livre, et qu'elle détaille bien mieux que je ne pourrais le faire.

Du coup, quand à la bibliothèque la semaine dernière j'ai eu la chance de le trouver en rayon, je me suis précipitée!

Résumé:
Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale. Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain – à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.

Je dois avouer que j'avais un peu d'appréhension en entamant ce "pavé" de presque 800 pages: quand on attend beaucoup d'un livre, on a aussi le risque d'être déçu. Ca n'a pas été mon cas, même si il faut reconnaître qu'il n'est pas simple d'entrer dans ces pages: le narrateur passe de la première à la troisième personne au sein d'une phrase, mêle les différentes histoires qui composent ce magnifique récit sans transition, comme s'embrouillent les souvenirs dans l'esprit d'Adria. Pour moi qui ait la mauvaise habitude de sauter des mots, voire des lignes, il a fallu que j'adapte ma lecture pour pouvoir suivre le cheminement d'Adria, mais on est tellement emporté dans l'histoire que cela s'est fait sans difficulté.

Cette façon d'imbriquer les histoires, voire même les personnages parfois, met en lumière les destinées qui se croisent, et les similitudes de l'Histoire. Le Mal à travers les âges prend des formes différentes, mais finalement toutes sont basées sur la haine, la jalousie, l'intolérance, et les conséquences sont toutes les mêmes, la mort, la souffrance, la destruction.
Dans Confiteor, le Mal est personnifié, et Jaume Cabré va jusqu'au bout de la noirceur et de la bassesse de l'âme humaine: ses personnages sont prêts à tout pour obtenir ce qu'ils veulent, trahir, voler, tuer, mentir, on entre dans ce qu'il y a de pire chez l'homme. Et le mal n'est pas seulement les grands maux de l'Histoire, comme le nazisme ou l'Inquisition, c'est aussi les coups bas de la vie de tous les jours, les parents qui séparent les amoureux à coup de mensonges, c'est l'ami qui profite de la faiblesse de celui qui a toujours été là pour lui pour enfin trouver la gloire, c'est l'infirmière qui dérobe un bijou à un malade, un concurrent prêt à tout, les hommes qui abusent des femmes sans défense, les conduisant à une mort certaine....
Mais ce roman nous parle aussi de ce qui a de bon dans l'Homme, de la repentance, ces hommes qui porteront toute leur vie le poids du mal qu'ils ont fait, des hommes et des femmes prêts à se battre pour la liberté, pour la justice....

Mais ce roman parle aussi de l'amour, celui d'Adria et Sara, cet amour qui défie le temps et pousse à se dépasser, celui qu'on ne peut oublier, mais qui fait preuve d'exigence. J'ai aimé la description de cet amour, la tristesse d'Adria au départ de Sara, la recherche de celle qu'il a perdu, les retrouvailles en demi-teinte, les non-dits et les incompréhensions, et ces secrets qui le resteront jusqu'après la mort.
Il nous parle aussi de l'amitié indéfectible, celle qui dure toute une vie, celle qu'on aimerait tous connaître, celle qui ne souffre pas de mensonge, pas de faux-semblants. Un véritable ami, c'est celui qui dit la vérité, même si elle fait souffrir, parce que c'est le devoir d'un ami d'être honnête. Et même si au final, Bernat profite de son ami, il sera à ses côtés jusqu'au bout, tiraillé entre le remord et le désir de gloire, mais toujours là.

Ce roman est tellement riche qu'il est difficile d'en faire le tour en quelques mots, et je pense que chaque lecteur doit trouver sa façon d'y entrer, en fonction de ce qui entre en résonnance avec son propre vécu et son propre ressenti. Pour moi ça a été un vrai coup de coeur, de ceux qu'on ne lâche que quand on a atteint la dernière page, un grand merci encore à Galéa pour ce conseil, sans elle je n'aurais jamais découvert ce livre!

1 commentaire:

  1. oh merci merci, tu sais combien il me fait plaisir ce billet ma Féli.
    En plus tu as raison, et je n'ai peut être pas assez insisté la dessus, il y a aussi le bon côté de l'être humain dans Confiteor avec tous ces repentis qui jalonnent le roman.
    Tu sais je suis vraiment heureuse qu'il t'ait plu parce que vraiment j'avais peur d'être trop enthousiaste et que tu en aies trop attendu. Je suis vraiment contente qu'on soit d'accord sur ce grand livre.
    (et quelle fin punaise!!! hein?)

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