jeudi 15 février 2018

Lecture: L'écliptique


Presque 2 mois sans écrire ici, et pourtant je lis toujours, mais je n'ai plus le temps / le courage / l'envie de chroniquer mes lectures. Même si dans ces lectures il y en a qui mériteraient vraiment de l'être.
Et puis il y a aussi le doute, parce qu'en relisant certains posts je prends conscience que je suis loin d'être une bonne critique littéraire, que ma plume est loin d'être jolie, et qu'il y a bien des blogs plus sympas à suivre (et non, je ne cherche pas de compliments, je suis réaliste sur ce coup :-().
Cela dit, il y a eu dans mes dernières lectures des découvertes que j'ai envie de vous faire partager, en voilà une (qui commence à dater, mais je me lance quand même).

Comme j'avais beaucoup aimé "Le complexe d'Eden Bellwether", je n'ai pas hésité à emprunter son deuxième roman quand je l'ai vu sur le présentoir de la bilbiothèque.

Résumé: 1972, sur l'île de Heybeliada au large d'Istanbul, le refuge de Portmantle accueille des artistes en burn-out. Knell, talentueuse peintre écossaise, y vit depuis une dizaine d'années quand son quotidien est chamboulé par l'arrivée de Fullerton, un nouveau venu instable, qu'elle retrouve bientôt noyé dans sa baignoire. Cet événement l'oblige à considérer d'un œil différent ce refuge régi par des lois singulières. Elle replongera aussi dans sa jeunesse en Ecosse et dans ses années de formation dans le Londres des sixties."

Ce roman nous parle de la création artistique, et en particulier pour la peinture, même si au travers des résidents de Portmantle on aborde aussi la création littéraire ou architecturale. Ce thème de la création artistique se décline quant à lui en plusieurs volets: 
- la naissance d'un artiste, passage d'une création pour soi à une création pour les autres
- comment sont liées l'inspiration, la création, et la vie de ces artistes.
- la création dans la durée, ou comment se renouveler quand on a connu un grand succès
- comment sont liées l'inspiration, la création, et la vie de ces artistes.

Création dans la durée d'abord: les résidents de Portmantle ont un point commun: ils sont connus, ont réalisé des oeuvres ou créations qui ont connu du succès, mais sont arrivés à un point de blocage, feuille blanche ou toile blanche. Dans ce cadre isolé où on les dépouille de leur identité, qui leur garantit un certain anonymat et une certaine tranquillité, on leur offre les conditions pour "remettre en marche" leur créativité. D'une certaine façon ce changement d'identité leur offre aussi un nouveau départ, une façon de laisser derrière soi ce qui a déjà été fait pour se relancer, sorte de renaissance à la création.

Cette vie tranquille que mène Knell, l'héroïne du roman, est bouleversée par l'arrivée d'un jeune homme étrange, qui va la ramener dans son passé, nous permettant de comprendre ce qui a conduit cette femme dans cette retraite isolée.

Knell (en réalité Elspeth) se découvre une passion pour la peinture dans la cour de son immeuble, elle va ensuite entrer dans une école de peinture, d'où elle ne sortira pas diplômée, n'ayant pas su convaincre de son talent. Encouragée par un de ses professeurs, elle va malgré tout continuer dans cette voie, en devenant l'assistante d'un peintre connu. Grâce à une de ses peintures aperçue par hasard par un agent artistique, elle va pouvoir exposer dans une galerie, et accéder à la notoriété.

Mais toute médaille a un revers, et le fait de travailler pour une galerie va brider la créativité de notre jeune peintre: il faut maintenant peindre pour vendre, et ce qui se vend n'est pas forcément ce qu'elle a dans le ventre, ce qu'elle voudrait transmettre. Il faut aussi produire, s'engager sur des dates, des tableaux, faire de la représentation... Knell/Elspeth perd son âme, perd le goût de la peinture, au point presque d'en perdre la raison. On souffre avec Elspeth de ce qui écorche son âme, de cette douleur à ne pas réussir, de cette peur qui l'habite et qu'elle n'arrive pas à évacuer. Elle frôle la folie tandis que d'autres sombreront dans l'alcool, tant le conflit intérieur qu'ils vivent est intense.

Je n'en dirai pas plus sur le fond pour ne pas spoiler ce roman déroutant, dont la fin m'a totalement surprise et déstabilisée....

Sur la forme par contre, j'ai encore été emportée par la plume de Benjamin Wood. Il a réussi à me faire visualiser les peintures d'Elspeth, à m'emmener me promener dans Portmantle avec elle, son écriture stimule sans difficulté mon imaginaire pour me faire entrer dans l'univers qu'il crée.

Petit bémol, il y a des longueurs, des passages où j'ai perdu un peu le fil, mais cela reste une belle lecture qui confirme l'impression que m'avait laissé son premier roman.

1 commentaire:

  1. Moi, j'aime bien les blogs "amateurs" comme le tien (et le mien) ! C'est ce côté artisanal et spontané qui me plaisait lorsque j'ai débuté il y a six ans, et c'est ce que je continue à rechercher dans les blogs que je fréquente. Peu importe que la plume soit quelconque, et que les critiques ne soient pas très fouillées sur le plan littéraire (nous sommes là pour parler de nos lectures, pas pour en faire une analyse approfondie).
    En ce qui concerne Benjamin Wood, j'ai ses deux romans dans ma PAL, mais je n'en ai lu aucun ! Sans commentaire...

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