mardi 3 novembre 2015

Lecture: Le manoir de Tyneford


Encore un très bon conseil de Galéa, reçus à la bibliothèque en même temps que les aventures de Maisie Dobbs.

Résumé: Au printemps 1938, l'Autriche n'est plus un havre de paix pour les juifs. Elise Landau, jeune fille de la bourgeoisie viennoise, est contrainte à l'exil. Elle ne sait rien de l'Angleterre, si ce n'est qu'elle ne s'y plaira pas. Tandis que sa famille attend un improbable visa pour l'Amérique, elle devient domestique dans une grande propriété du Dorset, c'est elle désormais qui polit l'argenterie et sert à table. Au début, tout lui paraît étranger. Elle se fait discrète, dissimule les perles de sa mère sous son uniforme, tait l'humiliation du racisme, du déclassement, l'inquiétude pour les siens et ne parle pas du manuscrit que son père, écrivain de renom, a caché dans son alto. Mais la guerre gronde, le monde change et Elise l'insouciante est forcée de changer à son tour. Elle s'attache aux lieux, s'ouvre aux autres, se fait aimer et provoque même un scandale en dansant avec le fils du maître des lieux lors d'une soirée inoubliable au manoir. Il y a quelque chose d'enchanteur à Tyneford. Elise y apprendra qu'on peut vivre plus d'une vie et que l'on peut aimer plus d'une fois.

En tant que grande fan de Downton Abbey, je ne pouvais que me plaire à Tyneford: le majordome, l'étiquette, les femmes de chambres qui s'agitent dès l'aube, et ne doivent pas sortir de leur rang, l'ambiance de ces vieilles demeures anglaises à l'aube d'un monde qui va disparaître. Parce que comme dans DA, Tyneford voit avec la guerre son destin basculer. Les mentalités changent, les vieilles traditions s'effacent, pour laisser place à d'autres façons de vivre.

Mais la guerre n'a pas bouleversé que le destin de ces vieilles familles anglaises: au travers d'Elise, c'est le destin des juifs en Autriche et en Europe qui est évoqué: la vente des biens familiaux, l'interdiction d'exercer, la nécessité de fuir, quitte à devoir, comme Elise, se mettre à travailler, apprendre à servir comme elle a été servie. Familles dispersées, espoir de revoir un jour les siens, attente insupportable de nouvelles, sans savoir si un jour la vie permettra de retrouver ceux qu'ils ont perdus, Elise vit ce que tant de personnes ont vécu.

Elise n'est pas qu'une jeune juive exilée en Angleterre. C'est aussi la grosse de la famille, celle qui ne réussit pas en musique, celle qui n'a pas de dons artistiques, celle qui va ensuite se retrouver domestique malgré son éducation et son milieu, et qui aura du mal à trouver sa place, amoureuse du fils de la maison auquel son origine pourrait lui prétendre de rêver, mais qui n'est plus à son niveau en Angleterre. Elle va devoir subir le mépris des relations des Rivers, s'accrocher à ses rêves, les voir s'effondrer avant de pouvoir rebâtir. Peut-être que le fait d'être le vilain petit canard de ma famille, la moins douée au piano, la moins brillante dans les études, la seule à galérer à avoir des enfants m'a permis de me mettre à la place de cette jeune femme qui va apprendre à construire sa vie et à croire en elle.

Encore une vraie belle lecture, que je recommande sans hésiter!

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Nouvelle participation à "A year in England"

3 commentaires:

  1. Arrête de me parler de livres que je souhaite lire mais pour lesquels le temps me manque !!! Je le renote dans un coin de ma tête...

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    1. C'est la faute de Galéa ;-) Mais note le bien celui là, il vaut le coup (et puis il se lit vite...)

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  2. Les thèmes m'intéressent, je l'ajoute à ma LAL

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