samedi 1 novembre 2014

Lecture: Le coeur régulier

Pour continuer ma découverte d'Olivier Adam, suite à la lecture  de "Des vents contraires", j'ai emprunté cette fois-ci "Le coeur régulier".

Résumé: « Vu de loin on ne voit rien », disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là « si parfaite ». Le coeur en cavale, elle s’enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises.
Nathan prétendait avoir trouvé la paix là-bas, auprès d’un certain Natsume. En revisitant les lieux d’élection de ce frère disparu, Sarah a l’espoir de se rapprocher, une dernière fois, de lui. Mais c’est sa propre histoire qu’elle va redécouvrir, à ses risques et périls.
Grâce à une écriture qui fait toute la place à la sensation, à l’impression, au paysage aussi bien intérieur qu’extérieur, Olivier Adam décrit les plus infimes mouvements du coeur et pose les grandes questions qui dérangent.

Ce roman m'a moins emporté que le précédent, et encore une fois j'ai parfois été gênée par les "gros mots" qui émaillent le texte, ou par les énumérations sans virgules, qui perturbent mon besoin de "clarté" dans l'écriture (je suis la reine des puces dans les documents que je rédige ;-)).

Suite au décès de son frère, Sarah bascule, son univers s'écroule, et en partant sur les traces de son frère, elle remonte dans leur histoire, dans leur relation et dans sa relation avec les autres. J'ai été touchée par l'analyse des rapports frère/soeur, par cette relation fusionnelle, "des jumeaux presque", qui se transforme au fil de l'évolution de leurs vies. Même si mes relations avec mes frères n'ont rien à voir avec ceux des personnages du livre, la description de leurs liens  a fait écho à mon propre vécu: l'ambivalence des sentiments de Sarah, son envie d'aider son frère, mais son irritation face à son comportement, le fait de se retrouver prise en tenaille entre son mari et son frère, les rapports entre les 3 frère et soeurs, l'impression que notre relation est unique, et accepter que les autres aussi puissent avoir des liens forts, parfois plus forts qu'avec nous, tout ça me parle. Non que l'un d'entre nous ait des problèmes comme Nathan, mais à une moindre échelle, je me retrouve dans les sentiments de Sarah.

Olivier Adam évoque aussi les rapports avec les parents, l'envie du père que les enfants réussissent mieux que lui, qu'ils ne souffrent pas comme lui de ne pas avoir fait d'études, qu'ils mettent de leur  côté toutes les chances de "réussir leur vie": "Il était obsédé par la peur que ses enfants subissent le même sort, qu'ils se trouvent entravés par l'absence de diplôme, il voulait pour nous les plus hautes écoles, les formations les plus cotées" (Editions de l'Olivier, p.164). Je comprends ce besoin du père, qui ne voudrait pas être sûr que ses enfants auront toujours un travail, un salaire, la sécurité d'un emploi "stable"....
Et pourtant, finalement Sarah, qui a suivi les souhaits de son père, finira licenciée, victime de la crise, comme quoi on n'a jamais aucune garantie sur l'avenir. Mais le motif invoqué est le manque d'intégration de Sarah dans son entreprise, son manque d'adhésion aux valeurs du groupe, comme si le fait de suivre une voie qui ne lui correspondait pas avait fini par la rattraper. Cela tendrait à dire qu'il ne faut pas choisir en fonction des autres, mais en fonction de soi. Et je pense que c'est vrai qu'il est important de ne pas se laisser imposer sa vie par les autres, par souci de convention, par envie de bien faire ou de faire plaisir. Ma mère a vu passer trop de jeunes largués dans leurs études, échouant coup sur coup en médecine et en pharma, parce qu'ils n'étaient là que parce que Papa et Maman le voulaient....
Mais à l'inverse, Nathan qui lui fait ce qu'il veut de sa vie s'est plutôt laissé emporté par sa révolte. Il a "choisi" sa vie, mais en voulant s'opposer à son père, est tombé dans une spirale qui ne lui permet finalement pas de s'épanouir.

Cette difficulté de communication parents/enfants, l'auteur l'aborde aussi au travers de la relation de Sarah avec ses enfants, mère perdue qui pense que ses enfants n'ont plus besoin d'elle, et qui ne voit pas sa fille sombrer.

Ce livre parle aussi des  difficultés d'adaptation: issus d'un milieu modeste, chacun des 3 enfants a vécu à sa manière son intégration dans le monde auquel leurs parents aspirent. Sarah a essayé de se fondre dans la masse, jouant un rôle mais gardant au fond d'elle l'impression de ne pas être à sa place. Nathan quant à lui a rejeté cet univers, plongeant dans l'alcool et la drogue, refusant de céder aux conventions, même au mariage de sa soeur. Et Clara, la benjamine, a tiré parti de erreurs de ses aînés, et s'est immédiatement intégrée dans ce monde, refusant l'isolement de son frère et de sa soeur pour se plonger dans la vie.

En trame de fond de cette introspection de Sarah, le Japon où Nathan a trouvé l'apaisement, où Sarah retrouve sa voie. Je me suis vraiment pendant cette lecture sentie au calme, comme portée par l'esprit zen des lieux et des personnages qui accompagnent Sarah dans sa quête. Ils sont des révélateurs de ses sentiments, et lui permettent de faire remonter à la surface les souvenirs enfouis pour retrouver son chemin.

Au final j'ai trouvé dans ce roman beaucoup de sujets de réflexion, qui me parlent en tant que fille, que soeur, que femme et que mère. Au-delà du plaisir de la lecture, j'y ai trouvé une incitation à voir plus loin, à réfléchir sur mes choix, mes comportements et ceux des autres.... Ce livre, j'ai pourtant eu du mal à rentrer dedans, je n'adhérais pas vraiment avec Sarah, mais c'est après l'avoir terminé que j'ai réalisé que ce n'est pas l'histoire en tant que telle qui me restera, mais tous les thèmes qu'Olivier Adam aborde avec beaucoup de finesse et de justesse.

2 commentaires:

  1. Ca me donne terriblement envie de le lire ta chronique car ce sont des thèmes qui me parlent beaucoup. Et je trouve cela touchant comment tu en parles. Une grande fan d'Adam m'a conseillée de commencer par celui-là pour le découvrir et je crois qu'elle a eu raison.

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    1. Vivement ta LC et ta chronique (et celle de Miss Léo)

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