J'avais découvert Sophie Divry via "La cote 400", emprunté puisque "La condition pavillonnaire" n'était pas disponible dans ma bibliothèque. Et cette lecture m'avait énormément plu, j'ai donc décidé de continuer sur ma lancée en lisant le premier livre que je visais.
Résumé: La condition pavillonnaire
nous plonge dans la vie parfaite de M.-A., avec son mari et ses
enfants, sa petite maison. Tout va bien et, cependant, il lui manque
quelque chose. L'insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les
exutoires : l'adultère, l'humanitaire, le yoga, ou quelques autres
loisirs proposés par notre société, tous vite abandonnés. Le temps
passe, rien ne change dans le ciel bleu du confort. L'héroïne est une
velléitaire, une inassouvie, une Bovary... Mais pouvons-nous trouver
jamais ce qui nous comble ?
J'ai trouvé ce roman très déstabilisant, à la fois par sa forme et par son contenu. Par sa forme d'abord, parce qu'il est écrit à la deuxième personne, le narrateur s'adresse à M-A, l'héroïne du livre. Ca rend de mon point de vue plus difficile de rentrer le roman, on se demande d'abord si le narrateur va intervenir à un moment dans le roman, tel un personnage qui s'adresse à un autre, mais en fait ce n'est pas le cas, et ça crée une distance entre le lecteur et l'histoire.
Par le contenu ensuite: ce livre retrace la vie d'une femme ordinaire, de son enfance de fille unique dans un petit village de l'Isère à sa mort dans son pavillon dans un autre village de la même région. Tellement ordinaire qu'on s'y retrouve: cette femme, M-A s'enferme progressivement dans une routine de vie, elle trouve un fiancé bien sous tout rapport, elle quitte un stage prometteur pour le suive, ils se marient, ont des enfants, elle travaille, gère la maison, les enfants, les courses, tout est sous contrôle, tout est rodé, sans imprévu. Le roman enchaîne les "banalités" de sa vie, comme une énumération sans fin de ce qui fait le quotidien et le destin d'une femme comme les autres. C'est extrêmement réaliste, et extrêmement perturbant aussi, parce que M-A, c'est nous. Ou en tout cas c'est moi: études, rencontre de Mr pendant mes études, mariage, achat immobilier, enfants, boulot, routine, la vie de M-A me renvoie à la mienne, celle si proche de ce que je souhaitais, et pourtant parfois si loin.
M-A va trouver des dérivatifs: elle va tromper son mari, prête à tout laisser tomber pour un homme qui finalement se contente de profiter de la situation, elle va tenter de surmonter sa dépression par des engagements associatifs, du yoga.... La question qu'on peut se poser, c'est qu'est-ce qui différencie une vie parfaite d'une vie ennuyeuse, une vie idyllique sur le papier d'un enfermement à vie?
Peut-être ce livre tombe t'il mal compte-tenu de ma situation actuelle, de mes difficultés au boulot, et à concilier le boulot et la vie perso, de cette sensation parfois d'être bloquée à une place qui n'est pas la mienne, parce qu'on a besoin de mon salaire, parce que sans moi les lessives ne sont pas faites, la maison pas rangée, que si je change que ce soit de travail ou de comportement l'équilibre de la famille en sera bouleversé, et pourtant il me fait aussi réfléchir, parce que je n'ai pas envie de me dire à la fin de ma vie que j'ai subi et non choisi cette vie! (Je vous rassure, je n'en suis pas à trouver des dérivatifs tels que M-A, mais plutôt à prendre mon destin en main et changer de boulot ;-))
Au final, j'ai préféré "La cote 400", moins proche de la vie réelle, mais ça a quand même été une lecture intéressante!
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