mercredi 26 novembre 2014
Lecture: Meursault, contre-enquête
Ce roman, j'en ai entendu parler, comme beaucoup, à l'occasion des prix littéraires, puisqu'il était présélectionné pour le Goncourt et le Renaudot, en particulier via les commentaires de blogueuses qui attendaient les résultats de ces prestigieuses récompenses.
Je dois avouer que pour ma part, je suis peu sensible aux prix littéraires (je suis déconnectée pour ça), sauf le Goncourt des lycéens par lequel je suis souvent séduite (je dois avoir gardé une âme de jeune fille ;-))
Revenons à nos moutons, ou plutôt à ce roman que j'ai eu la chance de trouver à la bibliothèque (en général les livres médiatiques, je les trouve des années après). J'ai essayé par la même occasion d'emprunter "L'étranger", de Camus, pour faire le lien, mais celui-là manquait à l'appel....et à la maison je ne l'ai pas retrouvé dans mes étagères (il doit probablement se trouver chez mes parents ou l'un de mes frères, quoique ça j'en doute un peu!).
Je m'excuse d'avance du côté un peu "brouillon" de cette critique, pour la première fois j'ai eu vraiment du mal à mettre en mots ce qui fait que j'ai aimé ce roman (parce qu'ill m'a beaucoup plu). Je vous recommande d'aller lire la critique de Val, que je n'ai lue qu'après coup et qui dit bien mieux que moi tout ce que je voudrais vous dire.
Résumé: Il est le frère de “l’Arabe” tué par un certain Meursault dont le crime est relaté dans un célèbre roman du xxe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun, qui depuis l’enfance a vécu dans l’ombre et le souvenir de l’absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l’anonymat : il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée.
Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d’Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d’un dieu, son désarroi face à un pays qui l’a déçu. Étranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin…
Commençons par ce qui m'a déplu dans ce roman: je ne me souvenais pas bien du roman de Camus, ça a un peu pollué ma lecture car le narrateur y fait souvent référence. La deuxième chose qui m'a gênée, c'est le fait que Camus est "gommé": dans le roman de Daoud, c'est Meursault lui-même qui a écrit son histoire. "L'Etranger" en lui-même sert de base, mais c'est sous une forme et un titre modifiés qu'il est introduit par Daoud qui renforce l'importance de Meursault par rapport à sa victime en lui offrant la paternité du récit originel, renvoyant encore plus le frère d'Haroun à son anonymat.
Maintenant que le tour des points négatifs est fait, voilà les points positifs: premièrement, j'ai beaucoup aimé cette idée de donner vie à la victime de Meursault, cet homme sans qui le roman initial n'existerait pas, mais qui n'a pas d'identité réelle dans ce premier opus. Daoud lui construit une famille, un passé, et son meurtre anonyme fait basculer le destin de cette famille, plongée dans la douleur d'un deuil qui n'est pas reconnu en dehors de leur quartier, parce que seul le meurtrier a été identifié, quand sa victime est restée "l'Arabe", sans identité, sans corps, sans reconnaissance.
Sa famille, c'est sa mère, qui après avoir perdu un mari évaporé dans la nature, perd un fils dont le décès n'est pas reconnu, ne lui permettant pas la reconnaissance de la nation pour cette perte. Elle va s'enfermer dans sa douleur, et enfermer son autre fils dans l'ombre de son frère qui n'aurait pas dû disparaître.
Cet autre fils, c'est Haroun, le narrateur, lui qui a suivi sa mère, qui va l'aider à assouvir sa vengeance, mais qui ne trouvera jamais sa place parmi ses semblables.
Une autre force de ce roman, c'est son ancrage dans l'Histoire, dans le bouleversement de l'indépendance de l'Algérie. Ces changements vont influer sur l'histoire d'Haroun et de sa mère, vont permettre la vengeance, mais encore une fois, comme la mort de Moussa, à contre-temps: Moussa est mort trop tôt, ne lui permettant pas d'être reconnu comme martyr, et son frère se venge trop tard, quand son acte devient passible de justice.
Tout cela ajoute à l'impression qu'Haroun n'est pas à sa place, il ne fait pas ce que son pays attend de lui, il ne fait pas ce que ses compatriotes attendent de lui, il ne s'est pas engagé dans le maquis, n'est pas croyant....Il y a d'ailleurs dans ce roman une forme de critique du fanatisme religieux qui rejette les plaisirs de la vie et conditionne les comportements, par les nombreuses allusions d'Haroun à ce qui pouvait être fait par le passé.
Et puis il y a la place du français, et la place du livre de "Meursault": Haroun va apprendre le français, "pour retrouver un assassin" (p.130). C'est en français que sont écrits les deux coupures de journaux narrant le crime de Meursault. Et à partir de ces coupures, Haroun va broder pour sa mère, pour lui offrir ce que la réalité ne lui a pas donné: le récit de la mort de son fils. Mais le véritable récit, ils le découvrent par hasard, et leur univers bascule: "Tout était écrit" (p. 138), mais eux seuls ne le savaient pas. La langue qu'Haroun a apprise pour retrouver le meurtrier de son frère est celle qui a permis à l'assassin de devenir célèbre, d'effacer son crime : "Le premier savait raconter, au point qu'il a réussi à faire oublier son crime..." (p.11). Et ce récit, loin de rendre justice à Moussa, le renvoie encore plus à son anonymat, renforçant la col!re d'Haroun.
Ce livre, il m'a beaucoup plu, mais il est extrêmement riche, trop pour que j'arrive à vous en dévoiler toutes les finesses sans révéler les clés de l'histoire, celles qui font qu'on ne lâche pas ce livre, emportés par le récit de ce narrateur si particulier.
vendredi 21 novembre 2014
Lecture: La voleuse de livres
Ce livre, je l'ai emprunté par hasard, et un peu par défaut, à la bibliothèque. Par hasard, parce qu'il était sur le présentoir à l'entrée, dans les nouveautés, du coup il m'a sauté aux yeux. Il faut dire qu'avec un titre pareil, comment ne pas être attirée..... Par défaut, parce que finalement, le résumé me paraissait moins tentant que le titre, qu'en le feuilletant ça me parlait moins, mais comme je n'avais rien trouvé d'autre à emprunter, je l'ai pris.
En passant à l'enregistrement, la bibliothécaire m'a indiqué qu'elle ne l'avait pas lu, mais qu'elle avait eu des retours extrêmement enthousiastes à son sujet.
Résumé: Narratrice dotée d’un humour noir, sarcastique mais compatissant, la Mort est témoin de la folie des hommes. Face à Liesel Meminger, l’enfant rebelle qu’elle a surnommée la « voleuse de livres », elle accepte de changer les règles. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée. Est-ce sa force qui l’a sauvée ? Ou le secret qu’elle préserve comme le plus précieux des trésors ?
L’histoire de Liesel peut changer la vie de celui qui la lit…
Ce roman m'a plu, c'est indéniable, mais je ne crois pas pouvoir dire que c'est un coup de coeur. Peut-être parce que je suis tellement fatiguée que j'ai eu du mal à lire plus de 5 pages par soir, du coup ça n'aide pas à entrer dans un livre.
Mais ça a quand même été un très bon moment de lecture. D'abord grâce à l'idée originale de faire raconter l'histoire par la Mort, celle qui vient chercher les âmes et associe des couleurs à ses passages sur Terre. Cette histoire se passe en Allemagne sous la domination du nazisme, une période où la Mort est occupée à temps plein par la guerre et l'Holocauste, et je trouve que la transformer en narratrice permet de mettre en mots ce qui n'aurait pas dû arriver.
Deuxième point fort de ce roman: la force des liens entre les hommes. Dans cette période d'horreur, c'est l'amitié, l'amour, l'entraide qui permettent à tous de survivre, et qui rendent l'histoire profondément humaine. Ce sont ces liens qui permettent à Liesel de tenir le coup après la mort de son frère et son déracinement, qui permettent à Max de se raccrocher à la vie, ou à la femme du Maire de reprendre pied.
Et puis surtout, il y a Liesel, et la lecture. Liesel, c'est une petite fille grandie trop vite par les épreuves de la vie, qui se retrouve confrontée au malheur, à la mort, au secret, qui apprend à survivre malgré tout, en particulier grâce aux livres qui parcourent son chemin. Ces livres vont lui permettre de grandir, et de créer des liens avec son entourage. J'ai aimé l'apprentissage de la lecture au sous-sol en pleine nuit, les livres volés avec la complicité de leur propriétaire légitime, lien créé qui sortira Ilsa de son isolement, et donnera à Liesel un soutient quand tout son univers s'effondrera, la lecture dans l'abri anti-bombe pour surmonter l'angoisse de l'attente, lecture pour guérir Max de sa maladie et le faire revenir au monde....
Cette lecture qui soutient Liesel, ça m'a parlé, parce que pour moi aussi la lecture est indispensable pour tenir. C'était le cas quand j'étais une petite fille timide et renfermée, qui passait ses récrés à la bibliothèque, et c'est le cas aujourd'hui quand je veux m'évader du quotidien, en laissant les mots m'emporter ailleurs.
J'ai trouvé que ce roman abordait une période particulièrement dure sous un angle de "douceur", montrant que même en ces temps du pire, les hommes sont capables aussi capable du meilleur.
Alors même si ce n'est pas un coup de coeur, ce fut vraiment un plaisir de lecture, qui me laissera un goût d'espérance dans la nature humaine, et qui conforte mon idée que la lecture permet de dépasser le quotidien et les difficultés.
mardi 18 novembre 2014
Un livre, un lieu
J'ai été taguée par Galéa, sur le thème "Un livre, un lieu". Ce tag est un véritable défi pour moi, d'abord parce qu'à la base j'ai une mémoire de poisson rouge: c'est mon frère qui me sert de disque dur externe pour toutes les souvenirs de notre enfance, genre je ne me souviens même pas de comment était l'appart' qu'on a habité jusqu'à mes 8 ans.....(j'ai des flashs, je sais comment était le papier peint de la cuisine, mais pas du tout comment était ma chambre...). Et puis chez moi la lecture est une sorte de passage dans un monde parallèle, quand je lis plus rien de ce qui m'entoure n'existe (au point de ne pas entendre les gens qui me parlent, ce qui énerve mon cher et tendre). Ajoutez à ça le fait que je ne retiens pas les titres des livres que je lis (la boulette capable d'emprunter plusieurs fois le même livre à la bibliothèque, et qui s'aperçoit au bout d'1 page qu'elle a déjà lu le livre, c'est moi!), et vous comprendrez qu'aller relier des livres et des lieux est un véritable challenge pour moi!
Cela dit, c'est un honneur pour moi d'être taguée par Galéa, je vais donc essayer d'exhumer mes souvenirs! Je vous préviens d'avance, on risque de ne pas rester dans la grande littérature, j'espère qu'à la fin je ne serais pas blacklistée ;-) Et comme j'aime bien justifier ce que j'écris (c'est mon côté scientifique), je vais faire comme Galéa, et vous raconter en partie ma vie avec ;-)
Le premier livre qui me vient, "Félicie la Souris", d'Enid Blyton (eh oui, ça vient de là mon pseudo!): je le lisais à la campagne, dans la maison de vacances de mon enfance. Il était rangé dans la bibliothèque qui était à la jonction entre le salon et la salle à manger, entre les Sylvain et Sylvette et les livres des plus petits, et je le dévorais, assise sur le carrelage dos au mur pendant que mes cousins et cousines jouaient autour. Je ne sais pas ce qu'il est devenu, à chaques vacances j'allais le chercher, un jour je ne l'ai plus trouvé, à mon grand désespoir!
Saut dans le temps pour mon deuxième souvenir: "Le chien des Baskerville", de Arthur Conan Doyle. J'avais une dizaine d'année, mes parents étaient sortis en nous laissant en auto-garde avec mes frères (on avait négocié de rester seuls et d'avoir chacun 10 francs - oui, oui, je suis vieille - plutôt que d'être gardés par un baby-sitter incompétent à qui on avait dû expliquer comment faire cuire la pizza!), et j'ai dévoré tout le livre cachée sous mes couvertures. A chaque bruit dans l'appart' je m'enfonçais de plus en plus dans mon lit, et j'ai bien flippé ensuite quand il a fallu que je sorte de ma chambre pour aller aux petits coins. Ca a duré un certain temps d'ailleurs, c'est ma première grande trouille de polar!
Numéro 3: Classe de 5ème, je suis opérée de l'appendicite, et ma tante m'offre à l'hôpital "Au Bonheur des Ogres" de Pennac, ainsi que les 2 tomes suivants. J'ai adoré, ça reste une de mes lectures favorites, et ça a fait l'unanimité de toute la famille.
J'aurais pu mettre aussi "Aux fruits de la passion" (avant-dernier tome de la série) dans ce thème, puisqu'il m'a été offert par 2 super copains de prépa qui étaient venus à Nantes passer le week-end pour mon 21ème anniversaire! Ce fut un magnifique week-end, j'étais la seule looseuse de la bande à ne pas avoir intégré une école parisienne, et leur visite a été mon plus beau cadeau! Ils ont du coup été les premiers à entendre parler de Mr Souris, que je "fréquentais" depuis un mois ;-)
Toujours dans les souvenirs d'enfance, le 29/12/1993, au Leclerc de mon bled (oui, j'achète mes livres en supermarchés, bouhhhhh), dédicace par Joseph Joffo de "La jeune fille au pair". Deux ans plus tard, au même endroit, il me dédicacera "Je reviendrai à Göttingen". Ce sont les seuls livres dédicacés que j'ai, j'y tiens!
Livre suivant, on repasse dans l'angoisse, avec "Ca" de Stephen King (et mes débuts dans son univers). Je suis incapable de vous donner une date, ni d'ailleurs comment j'avais récupéré ce bouquin, par contre c'était chez mes parents, assise par terre contre mon lit (c'est toujours comme ça que je lisais), et là encore, mon imagination m'a fait éviter les bouches d’égouts pendant un certain temps. Cela dit, j'ai continué à dévorer les romans du même auteur (et à alimenter mes flips, je sais, je suis maso).
Souvenir n° 6: 1993/1994, classe de seconde, "Bel-Ami" de Maupassant: cette année-là quand la prof de français a découvert que j'avais déjà lu toutes les nouvelles de Maupassant (mon père avait
récupéré les 2 tomes de Contes et Nouvelles en La Pléiade que j'avais dévorés d'une traite), elle m'a regardé comme une extra-terrestre (ce que j'étais déjà aux yeux de toutes mes camarades de classe depuis la 4ème, quand elles ont découvert que je lisais 10 livres par semaine....à l'époque je n'avais pas de "concurrente" en terme de lecture ;-)). Du coup, 15 ans après elle se souvient toujours de moi (je l'ai croisé à plusieurs mariage de cousins, c'était une amie d'une de mes tantes), et réciproquement d'ailleurs, elle a été ma meilleure prof de français en 7 ans!
Restons dans les années lycées, quand j'ai quitté les bibliothèques "placard" tenues par des mamans volontaires (à qui il fallait que je prouve chaque année que oui, je pouvais emprunter 10 livres et les rendre lus la semaine suivante), pour accéder à la bibliothèque "officielle" du lycée, tenue par une bonne soeur qui est devenue ma meilleure amie pendant 3 ans! Elle me prêtait les nouveautés directement après les autres religieuses (qui étaient prioritaires), et me conseillait pour mes choix de lecture. Grâce à elle, j'ai découvert (entre autres) "L'enchanteur" de Barjavel. Là encore, ça reste un de mes meilleurs souvenirs de lecture, avec "Le meilleur des mondes" de Huxley, que j'ai dû lire à la même période.
Les années de prépa, ce ne sont pas les romans qui ont laissé des traces, mais des BD, en particulier "Thorgal", qu'on lisait avec mes potes, entassés dans la piaule de celui qui nous les prêtait, pour décompresser entre 2 khôlles de maths ou de physique! C'est de là que vient mon goût pour les séries de BD, goût partagé avec Mr Souris, au point que ce fut le thème des tables de notre mariage!
Après la prépa, 1999, Nantes, premier cadeau d'anniversaire que m'a fait Mr Souris (au bout d'1 mois ensemble): "Combustion", de Patricia Cornwell. Il ne savait pas encore que si j'adore lire, m'offrir un livre sans avoir vérifié si je l'ai lu est un gros risque. Ouf, je ne l'avais pas lu!
Mai 2004: l'Australie en amoureux, 3 semaines entre Sidney et Cairns. Mr Souris ne voulait pas que je parte pour 3 semaines avec 10 tonnes de livres, j'ai dû acheter sur place de quoi m'occuper, et fait mes premiers pas dans la lecture en V.O. avec "Digital Fortress" de Dan Brown. Depuis je ne lis plus qu'en français ;-)
Ca y est, j'ai atteint les 10 livres, en n'allant que jusqu'à 2004! Bien sûr, depuis 2004 j'en ai lu des livres, en creusant un peu je pourrais continuer la liste, mais je crois qu'avec ça vous avez déjà un petit aperçu de moi (si vous n'avez pas lâché l'affaire avant!), et je crois que ce sont ces années-là qui sont les plus révélatrices sur moi, parce que pendant ces années là, la lecture a joué un rôle énorme dans ma vie, pour moi qui étais timide, renfermée.... Depuis j'ai toujours autant besoin de lire, mais la vie de famille me laisse moins de temps, je "cible" plus mes lectures pour ne pas perdre de temps, donc d'un certain côté presque toutes mes lectures sont de "bonnes lectures", mais je n'ai plus autant de "coups de coeur imprévus", donc peut-être moins de chance de garder en mémoire ces livres dans quelques années! RDV dans quelques années!!!
Je ne suis pas très douée pour faire passer les tags, je ne nomine personne, mais n'hésitez pas à vous lancer!
Cela dit, c'est un honneur pour moi d'être taguée par Galéa, je vais donc essayer d'exhumer mes souvenirs! Je vous préviens d'avance, on risque de ne pas rester dans la grande littérature, j'espère qu'à la fin je ne serais pas blacklistée ;-) Et comme j'aime bien justifier ce que j'écris (c'est mon côté scientifique), je vais faire comme Galéa, et vous raconter en partie ma vie avec ;-)
Le premier livre qui me vient, "Félicie la Souris", d'Enid Blyton (eh oui, ça vient de là mon pseudo!): je le lisais à la campagne, dans la maison de vacances de mon enfance. Il était rangé dans la bibliothèque qui était à la jonction entre le salon et la salle à manger, entre les Sylvain et Sylvette et les livres des plus petits, et je le dévorais, assise sur le carrelage dos au mur pendant que mes cousins et cousines jouaient autour. Je ne sais pas ce qu'il est devenu, à chaques vacances j'allais le chercher, un jour je ne l'ai plus trouvé, à mon grand désespoir!
Saut dans le temps pour mon deuxième souvenir: "Le chien des Baskerville", de Arthur Conan Doyle. J'avais une dizaine d'année, mes parents étaient sortis en nous laissant en auto-garde avec mes frères (on avait négocié de rester seuls et d'avoir chacun 10 francs - oui, oui, je suis vieille - plutôt que d'être gardés par un baby-sitter incompétent à qui on avait dû expliquer comment faire cuire la pizza!), et j'ai dévoré tout le livre cachée sous mes couvertures. A chaque bruit dans l'appart' je m'enfonçais de plus en plus dans mon lit, et j'ai bien flippé ensuite quand il a fallu que je sorte de ma chambre pour aller aux petits coins. Ca a duré un certain temps d'ailleurs, c'est ma première grande trouille de polar!
Numéro 3: Classe de 5ème, je suis opérée de l'appendicite, et ma tante m'offre à l'hôpital "Au Bonheur des Ogres" de Pennac, ainsi que les 2 tomes suivants. J'ai adoré, ça reste une de mes lectures favorites, et ça a fait l'unanimité de toute la famille.
J'aurais pu mettre aussi "Aux fruits de la passion" (avant-dernier tome de la série) dans ce thème, puisqu'il m'a été offert par 2 super copains de prépa qui étaient venus à Nantes passer le week-end pour mon 21ème anniversaire! Ce fut un magnifique week-end, j'étais la seule looseuse de la bande à ne pas avoir intégré une école parisienne, et leur visite a été mon plus beau cadeau! Ils ont du coup été les premiers à entendre parler de Mr Souris, que je "fréquentais" depuis un mois ;-)
Toujours dans les souvenirs d'enfance, le 29/12/1993, au Leclerc de mon bled (oui, j'achète mes livres en supermarchés, bouhhhhh), dédicace par Joseph Joffo de "La jeune fille au pair". Deux ans plus tard, au même endroit, il me dédicacera "Je reviendrai à Göttingen". Ce sont les seuls livres dédicacés que j'ai, j'y tiens!
Livre suivant, on repasse dans l'angoisse, avec "Ca" de Stephen King (et mes débuts dans son univers). Je suis incapable de vous donner une date, ni d'ailleurs comment j'avais récupéré ce bouquin, par contre c'était chez mes parents, assise par terre contre mon lit (c'est toujours comme ça que je lisais), et là encore, mon imagination m'a fait éviter les bouches d’égouts pendant un certain temps. Cela dit, j'ai continué à dévorer les romans du même auteur (et à alimenter mes flips, je sais, je suis maso).
Souvenir n° 6: 1993/1994, classe de seconde, "Bel-Ami" de Maupassant: cette année-là quand la prof de français a découvert que j'avais déjà lu toutes les nouvelles de Maupassant (mon père avait
récupéré les 2 tomes de Contes et Nouvelles en La Pléiade que j'avais dévorés d'une traite), elle m'a regardé comme une extra-terrestre (ce que j'étais déjà aux yeux de toutes mes camarades de classe depuis la 4ème, quand elles ont découvert que je lisais 10 livres par semaine....à l'époque je n'avais pas de "concurrente" en terme de lecture ;-)). Du coup, 15 ans après elle se souvient toujours de moi (je l'ai croisé à plusieurs mariage de cousins, c'était une amie d'une de mes tantes), et réciproquement d'ailleurs, elle a été ma meilleure prof de français en 7 ans!
Restons dans les années lycées, quand j'ai quitté les bibliothèques "placard" tenues par des mamans volontaires (à qui il fallait que je prouve chaque année que oui, je pouvais emprunter 10 livres et les rendre lus la semaine suivante), pour accéder à la bibliothèque "officielle" du lycée, tenue par une bonne soeur qui est devenue ma meilleure amie pendant 3 ans! Elle me prêtait les nouveautés directement après les autres religieuses (qui étaient prioritaires), et me conseillait pour mes choix de lecture. Grâce à elle, j'ai découvert (entre autres) "L'enchanteur" de Barjavel. Là encore, ça reste un de mes meilleurs souvenirs de lecture, avec "Le meilleur des mondes" de Huxley, que j'ai dû lire à la même période.
Les années de prépa, ce ne sont pas les romans qui ont laissé des traces, mais des BD, en particulier "Thorgal", qu'on lisait avec mes potes, entassés dans la piaule de celui qui nous les prêtait, pour décompresser entre 2 khôlles de maths ou de physique! C'est de là que vient mon goût pour les séries de BD, goût partagé avec Mr Souris, au point que ce fut le thème des tables de notre mariage!
Après la prépa, 1999, Nantes, premier cadeau d'anniversaire que m'a fait Mr Souris (au bout d'1 mois ensemble): "Combustion", de Patricia Cornwell. Il ne savait pas encore que si j'adore lire, m'offrir un livre sans avoir vérifié si je l'ai lu est un gros risque. Ouf, je ne l'avais pas lu!
Mai 2004: l'Australie en amoureux, 3 semaines entre Sidney et Cairns. Mr Souris ne voulait pas que je parte pour 3 semaines avec 10 tonnes de livres, j'ai dû acheter sur place de quoi m'occuper, et fait mes premiers pas dans la lecture en V.O. avec "Digital Fortress" de Dan Brown. Depuis je ne lis plus qu'en français ;-)
Ca y est, j'ai atteint les 10 livres, en n'allant que jusqu'à 2004! Bien sûr, depuis 2004 j'en ai lu des livres, en creusant un peu je pourrais continuer la liste, mais je crois qu'avec ça vous avez déjà un petit aperçu de moi (si vous n'avez pas lâché l'affaire avant!), et je crois que ce sont ces années-là qui sont les plus révélatrices sur moi, parce que pendant ces années là, la lecture a joué un rôle énorme dans ma vie, pour moi qui étais timide, renfermée.... Depuis j'ai toujours autant besoin de lire, mais la vie de famille me laisse moins de temps, je "cible" plus mes lectures pour ne pas perdre de temps, donc d'un certain côté presque toutes mes lectures sont de "bonnes lectures", mais je n'ai plus autant de "coups de coeur imprévus", donc peut-être moins de chance de garder en mémoire ces livres dans quelques années! RDV dans quelques années!!!
Je ne suis pas très douée pour faire passer les tags, je ne nomine personne, mais n'hésitez pas à vous lancer!
vendredi 14 novembre 2014
Culture musicale
Pour motiver mon fils à ne pas trop prendre la vie au sérieux, je lui avais chanté ça la semaine dernière (enfin juste le refrain, le reste je ne connais pas ;-)):
Pour le refrain, c'est à 1'26
Ca avait beaucoup plu à ma fille, du coup hier pendant qu'ils étaient dans la baignoire, je leur ai fait écouter. Et comme ils réclamaient encore de la musique (en fait ils veulent surtout les images....), je leur ai fait écouter ça, que j'avais beaucoup aimé chanter étant petite:
Oui, ça ne me rajeunit pas, d'autant que moi ce n'est pas 20 ans que j'ai eu en l'an 2001, mais bon... Et je sais, mes goûts musicaux étaient déjà pourris, mais la suite de ce post ne va pas me permettre de remonter dans votre estime ;-)
Parce que comme ils en réclamaient toujours plus, et des chansons qu'ils ne connaissaient pas, je me suis rabattue sur de bons vieux classiques:
et....
Et ben ça les a fait beaucoup rire, surtout la dernière qu'ils ont repris en coeur en se pliant en 2 à chaque fois!!!!
Alors oui, je sais, ça ne vole pas haut, et surtout ne me remerciez pas de vous avoir mis ça dans la tête, mais parfois ça fait du bien!
Bon week-end à tous!
vendredi 7 novembre 2014
Lecture: Vestiaire de l'enfance
Parce que c'est un auteur cher à Galéa, et que je n'avais rien lu de lui, j'ai décidé à mon dernier passage à la bibliothèque de me lancer dans Modiano. J'ai pris un peu au hasard, et j'ai emprunté "Vestiaire de l'enfance". Je précise que c'était avant qu'il décroche le Nobel ;-)
Quatrième de couverture: «Quand je l'ai aperçue, assise près de la grille en fer ouvragé qui sépare le café de la salle de billard, je n'ai pas tout de suite distingué les traits de son visage. Dehors, la lumière du soleil est si forte qu'en pénétrant au Rosal, vous plongez dans le noir.La tache claire de son sac de paille. Et ses bras nus. Son visage est sorti de l'ombre. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Elle ne me prêtait aucune attention.»«Toute personne susceptible de nous donner d'autres détails sur ces sujets est priée de nous écrire.»
Peut-être que ce n'était pas la bonne semaine pour le lire, même si en fait je l'ai commencé il y a plusieurs semaines, posé et repris, mais je n'ai pas accroché avec ce roman.
Rien à dire sur l'écriture, mais je ne suis pas entrée dans cette histoire, je n'ai pas vraiment trouvé de fil conducteur, je n'ai pas compris la fin.
Dès le départ, j'ai été gênée par le personnage principal, on devine des parties de sa vie sans que ce soit très clair, on ne sait pas quelle est cette ville où il vit, on ne sait pas pourquoi il a quitté la France, même si certaines allusions finissent par laisser deviner un secret un peu trouble.
La rencontre avec Marie le fait replonger sans ses souvenirs, on revit une partie de son passé qui se mélange avec le présent, comme le narrateur on se demande si cette jeune inconnue est la petite fille dont il s'occupait par le passé, mais rien ne permet de trancher, et j'aurais eu besoin de savoir, de ne pas rester sur cette incertitude, sur cet inachevé.
Au final, une lecture qui ne m'a pas marquée, un rendez-vous raté avec cet auteur. Je vais essayer de trouver d'autres titres de lui à la bibliothèque pour ne pas rester sur cette impression, pour lui laisser une chance de me convaincre au travers de ses écrits.
jeudi 6 novembre 2014
Tu seras un homme mon fils .. le retour
Mon Souriceau est de base très colérique et très mauvais joueur, je vous l'avais déjà dit (plein de fois....), mais depuis les vacances on atteint des sommets: dès qu'il n'est pas dans l'équipe qui gagne (au foot, à la pétanque, ou même en jouant à la tablette), il part dans des crises épouvantables, pleurant, hurlant....
Du coup ça pose des problèmes à l'école et au centre de loisirs, d'autant que ses copains se moquent de lui, et n'ont plus envie de jouer avec lui. On en a donc discuté avec lui, avec la responsable du centre qui fait tout pour l'aider, et ça semble s'être (un peu) calmé, même si certaines réflexions de mon fils me laissent à penser que non!
Depuis le début de l'année s'ajoute aussi la galère des devoirs. L'an dernier ils en avaient peu, et nous n'avions aucune difficulté à les faire travailler. Cette année, on est passé à la vitesse supérieure, ils ont 10 mots à apprendre chaque semaine pour la dictée hebdomadaire, 1 mot par jour en plus, sans compter les règles de grammaire et d'orthographe, le calcul, les poésies et la lecture. Avec cette rentrée, on a donc basculé en enfer: mon fils a beaucoup de mal à se concentrer (à part pour les maths qui lui plaisent), du coup l'apprentissage des mots de dictée (qu'on fait tout au long de la semaine) est un calvaire (il peut les écrire correctement le premier jour, se tromper le suivant en annonçant qu'il ne les a jamais appris...), la révision des règles d'orthographe aussi, et je ne vous parle pas de la lecture... Dès qu'on lui demande de rester calme, de recopier les mots, de lire, il se met à s'énerver, à pleurer, à faire des colères, exacerbées par le fait que sa soeur, imperturbable, fait ses devoirs à toute vitesse et file jouer....
On avait, suite aux problèmes de récré, discuté avec nos fils, en lui proposant de retourner voir un psy pour l'aider si on n'arrivait pas à trouver une solution tous les 3. Il a accepté d'essayer de se calmer tout seul (il ne veut pas aller chez le psy), ça a plus ou moins fonctionné pendant un temps...Mais avant les vacances on était repartis comme en 40!
Les vacances sont passées, lundi et mardi à part des colères quand on vient le chercher au centre, RAS, mais hier soir, j'ai eu le droit à une crise épouvantable parce que la lecture imposée était trop longue. Il avait déjà eu du mal avec la dictée, il a choisi de lire le premier, mais s'est énervé avant même de commencer. J'ai essayé de rester calme, appelé sa soeur pour lire pendant qu'il hurlait, tapait...jusqu'à ce qu'il se calme enfin, et on a pu faire les devoirs. Et au lieu des 5 minutes de lecture, ça a duré 20 minutes tellement il n'est pas concentré et concerné...
Je dois avouer que j'étais très perturbée après ça, et quand j'en ai parlé à Mr Souris, il a eu la grande gentillesse de me dire que ça devait être à cause de moi que mon fils réagissait comme ça, puisque la veille avec lui, il n'y avait pas eu de souci! Autant vous dire que je ne me suis pas couchée sereine, et en prime on a eu un accident de mon loulou cette nuit, je ne devais pas être la seule perturbée.
Peut-être qu'effectivement c'est à cause de moi qu'il est comme ça, que je l'angoisse (j'ai bien des collègues qui me stressent plus que d'autres quand je bosse avec eux, juste par leur façon à eux de gérer leur stress), il est tellement comme moi (colérique, mauvais joueur, pas sûr de lui..), que peut-être je ne suis pas capable de lui apporter la sérénité dont il a besoin, mais je ne sais vraiment plus comment faire.
Et encore, on a de la chance, parce que malgré ses crises, il réussit à l'école, en règle générale il a des A et des 9 ou 10/10, donc pas vraiment de raison de s'inquiéter, mais je ne crois pas que ce soit une bonne solution de le laisser s'enferrer dans cette spirale négative qui risque un jour de le conduire à l'échec!
Je voudrais pouvoir lui lire le poème de Kipling, lui dire qu'il réussira bien mieux en contrôlant ses émotions, en ne se laissant pas déborder, j'aimerais qu'il comprenne qu'il a tous les atouts en main, qu'il faut juste qu'il apprenne à les utiliser, et que s'énerver ne sert strictement à rien, mais j'ai l'impression que je n'arrive pas à lui montrer le bon exemple.
Corollaire à nos problèmes avec Souriceau, je n'ai plus de temps à consacrer à ma fille le soir, profitant de ses facilités pour me concentrer sur son frère. Résultat, cela fait plusieurs fois qu'en se couchant elle me dit: "Je suis nulle maman", pour qu'on s'occupe d'elle. Il va falloir que j'arrive à rééquilibrer tout ça, c'est tellement compliqué parfois d'être maman!
dimanche 2 novembre 2014
Lecture: Le cercle des femmes
Suite à un petit post de Séverine sur FB, je suis allée poser ma candidature pour participer aux Matchs de la Rentrée Littéraire, organisés par PriceMinister.
Pour une fois j'ai eu de la chance, j'ai fait partie des 800 premiers à répondre, et j'ai donc été sélectionnée!!!! De tous les livres proposés, j'ai choisi "Le cercle des femmes" de Sophie Brocas. Pourquoi ce choix, au lieu de prendre le dernier roman d'Olivier Adam par exemple, dont je connais l'écriture? Parce que le résumé me plaisait, que ça me permettrait de découvrir un nouvel auteur, et parce que c'est un premier roman, et que c'est une façon de donner sa chance à une nouvelle plume.
Résumé: " Je rejoins Maman dans la maison fraîche. Elle poursuit son patient travail de tri : le tas des choses à jeter, le tas des choses à conserver, le tas des choses pour lesquelles on verra plus tard. Qu'est-ce qu'il m'a pris de me mettre à quatre pattes pour regarder sous la grande armoire ? Ma main a tiré à elle une énième boîte à chaussures. J'ai soufflé la pellicule de poussière qui recouvrait son couvercle avant de le soulever. "
Réunies durant quelques jours à la campagne à l'occasion des funérailles de leur aïeule et amie, quatre générations de femmes partagent leur intimité et leur deuil. La jeune Lia découvre par inadvertance un secret de famille jalousement gardé pendant soixante ans. Ces révélations risquent-elles de déclencher un cataclysme au sein de cette tribu très attachante ? Roman initiatique, Le Cercle des femmes explore avec délicatesse les mécanismes inconscients de transmission de mères en filles et nous offre une galerie de personnages aussi touchants que fantasques.
Première chose, ce livre se lit facilement (il m'a fallu une petite après-midi pour en venir à bout). L'écriture est fluide, simple, on rentre sans problème dans l'histoire.
Le début du roman correspondait à ce que j'en attendais, il pose le cadre, on découvre les différentes protagonistes de l'histoire, Lia, la narratrice, la plus jeune de ce cercle de femmes, Agnès, sa mère, Solange, sa grand-mère, Marie, l'amie de toujours de l'arrière-grand-mère, et Alice, omniprésente au début du roman, puisque c'est sa mort qui rassemble les 4 autres. Chacune de ces 4 femmes vit à sa manière le début du deuil, hyperactivité, plongée dans les souvenirs, rangement de ce qui a fait la vie d'Alice.
C'est au cours de ce rangement que Lia tombe sur le secret de sa grand-mère, secret qui bouleverse toutes les descendantes d'Alice, et qui jette un éclairage nouveau sur la vie et les choix qu'ont fait sa fille et sa petite-fille, mais aussi sur la sienne.
Je ne m'attendais pas à cette révélation (je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir par vous même l'élément clé de ce roman), c'est je trouve une bonne idée, et j'ai bien aimé l'analyse des vies de Solange et d'Agnès, qui ont été façonnées par le poids de ce secret, qui a conditionné leurs vies bien plus qu'Alice aurait pu le prévoir, elle qui a cherché à protéger sa fille.
J'ai aimé les liens entre ces femmes, la grand-mère dynamique qui cherche à pousser toujours plus loin sa petite-file, la mère surprotectrice qui étouffe sa fille, l'arrière-grand-mère qui a pour chaque génération modifié son comportement. J'ai aimé les souvenirs qui remontent, l'envie de Lia de retracer l'histoire de son arrière-grand-mère, de comprendre pourquoi elle a passée sa vie seule après avoir perdu le grand amour de sa vie....
Par contre, je suis restée un peu sceptique sur la "violence" de la réaction de Lia. De manière surprenante, c'est elle qui réagit le plus mal à la découverte de ce secret, alors qu'elle est la moins "concernée". Bien sûr, en conditionnant le comportement de sa grand-mère, puis de sa mère, ce secret a un effet sur sa propre vie, mais j'ai un peu de mal à adhérer avec ce poids qui semble peser de génération en génération, cette "incapacité à s'attacher" tout en aspirant à l'idéal représenté par Alice et Pierre.
Du coup, autant la première partie du roman m'a touchée, les révélations, les souvenirs qui émergent, les liens entre les différentes femmes, autant la suite m'a laissée un peu perplexe, à cause des bouleversements dans la vie de Lia qui me paraissent presque disproportionnés.
Seule la fin, où Lia devenue mère accepte enfin son histoire sans en porter le poids, accepte d'être elle-même et non un mélange des femmes qui l'ont précédée rattrape cette deuxième partie du livre.
Au final, j'ai été un peu déçue par ce livre, j'ai regretté que ce cercle de femmes disparaisse dans la deuxième moitié du livre, où il ne reste que Lia, sa colère et son mal-être. C'est un roman facile à lire, une lecture agréable mais qui ne restera pas un grand moment.
samedi 1 novembre 2014
Enfants perdus
Aujourd'hui, je suis allée récupérer mes
Et puis après le tour global, mon père annonce "Faut qu'on vous dise.....". Là, on s'est demandé ce qu'ils allaient nous sortir....Je vous livre l'histoire telle que:
Hier, mes parents sont allés faire les courses au village avec les enfants. Ceux-ci ont commencé à se cacher autour des magasins (mes parents savaient toujours où ils étaient), mes parents sont rentrés dans un magasin, du coup quand les enfants sont sortis de leur cachette, ils n'ont pas vu leurs grands-parents. Ils ont alors cru qu'ils étaient remonté sans eux au chalet, et ont donc décidé de remonter à leur tour. Je précise que pour remonter au chalet, si une partie du trajet est sur des chemins dans les champs, il y a un passage en bord de route, route très fréquentée, et qu'aucun de nos enfants (7 ans, 5 ans 1/2 et 4 ans) n'avait jamais fait de trajet seul!
Arrivés à la maison, ils n'ont évidemment trouvé personne, ont paniqué, mais heureusement, les miens ont eu l'idée d'aller sonner à la porte du voisin (ouf, la porte d'entrée de l'immeuble était ouverte), pour lui demander d'appeler mes parents. Résultat, mes parents qui quant à eux cherchaient partout les enfants dans le village (dans un état de panique totale) ont pu remonter les récupérer. Ils étaient furieux, mais en trouvant les enfants en larmes, ils ont évité de les gronder.
L'histoire s'est bien terminée, les 4 enfants vont bien, mais ça aurait pu mal tourner pendant la remontée, ou ils auraient pu trouver porte close, paniquer et redescendre.... J'en rigole (un peu) parce que tout va bien, mais j'ai bien expliqué aux enfants que jamais leurs grands-parents ne les auraient laissés, et qu'il fallait qu'ils restent là où ils étaient, sans bouger, pour être sûrs qu'on les retrouve! Je précise qu'en creusant un peu, l'idée de l'abandon, et de remonter vient de ma fille (je m'en doutais un peu), je ne vous raconte pas comment ça me donne des sueurs froides qu'elle arrive à penser ce genre de choses, et à en mettre en danger son frère et ses cousins!
Espérons qu'ils ont retenu la leçon!
Lecture: Le coeur régulier
Pour continuer ma découverte d'Olivier Adam, suite à la lecture de "Des vents contraires", j'ai emprunté cette fois-ci "Le coeur régulier".
Résumé: « Vu de loin on ne voit rien », disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là « si parfaite ». Le coeur en cavale, elle s’enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises.
Nathan prétendait avoir trouvé la paix là-bas, auprès d’un certain Natsume. En revisitant les lieux d’élection de ce frère disparu, Sarah a l’espoir de se rapprocher, une dernière fois, de lui. Mais c’est sa propre histoire qu’elle va redécouvrir, à ses risques et périls.
Grâce à une écriture qui fait toute la place à la sensation, à l’impression, au paysage aussi bien intérieur qu’extérieur, Olivier Adam décrit les plus infimes mouvements du coeur et pose les grandes questions qui dérangent.
Ce roman m'a moins emporté que le précédent, et encore une fois j'ai parfois été gênée par les "gros mots" qui émaillent le texte, ou par les énumérations sans virgules, qui perturbent mon besoin de "clarté" dans l'écriture (je suis la reine des puces dans les documents que je rédige ;-)).
Suite au décès de son frère, Sarah bascule, son univers s'écroule, et en partant sur les traces de son frère, elle remonte dans leur histoire, dans leur relation et dans sa relation avec les autres. J'ai été touchée par l'analyse des rapports frère/soeur, par cette relation fusionnelle, "des jumeaux presque", qui se transforme au fil de l'évolution de leurs vies. Même si mes relations avec mes frères n'ont rien à voir avec ceux des personnages du livre, la description de leurs liens a fait écho à mon propre vécu: l'ambivalence des sentiments de Sarah, son envie d'aider son frère, mais son irritation face à son comportement, le fait de se retrouver prise en tenaille entre son mari et son frère, les rapports entre les 3 frère et soeurs, l'impression que notre relation est unique, et accepter que les autres aussi puissent avoir des liens forts, parfois plus forts qu'avec nous, tout ça me parle. Non que l'un d'entre nous ait des problèmes comme Nathan, mais à une moindre échelle, je me retrouve dans les sentiments de Sarah.
Olivier Adam évoque aussi les rapports avec les parents, l'envie du père que les enfants réussissent mieux que lui, qu'ils ne souffrent pas comme lui de ne pas avoir fait d'études, qu'ils mettent de leur côté toutes les chances de "réussir leur vie": "Il était obsédé par la peur que ses enfants subissent le même sort, qu'ils se trouvent entravés par l'absence de diplôme, il voulait pour nous les plus hautes écoles, les formations les plus cotées" (Editions de l'Olivier, p.164). Je comprends ce besoin du père, qui ne voudrait pas être sûr que ses enfants auront toujours un travail, un salaire, la sécurité d'un emploi "stable"....
Et pourtant, finalement Sarah, qui a suivi les souhaits de son père, finira licenciée, victime de la crise, comme quoi on n'a jamais aucune garantie sur l'avenir. Mais le motif invoqué est le manque d'intégration de Sarah dans son entreprise, son manque d'adhésion aux valeurs du groupe, comme si le fait de suivre une voie qui ne lui correspondait pas avait fini par la rattraper. Cela tendrait à dire qu'il ne faut pas choisir en fonction des autres, mais en fonction de soi. Et je pense que c'est vrai qu'il est important de ne pas se laisser imposer sa vie par les autres, par souci de convention, par envie de bien faire ou de faire plaisir. Ma mère a vu passer trop de jeunes largués dans leurs études, échouant coup sur coup en médecine et en pharma, parce qu'ils n'étaient là que parce que Papa et Maman le voulaient....
Mais à l'inverse, Nathan qui lui fait ce qu'il veut de sa vie s'est plutôt laissé emporté par sa révolte. Il a "choisi" sa vie, mais en voulant s'opposer à son père, est tombé dans une spirale qui ne lui permet finalement pas de s'épanouir.
Cette difficulté de communication parents/enfants, l'auteur l'aborde aussi au travers de la relation de Sarah avec ses enfants, mère perdue qui pense que ses enfants n'ont plus besoin d'elle, et qui ne voit pas sa fille sombrer.
Ce livre parle aussi des difficultés d'adaptation: issus d'un milieu modeste, chacun des 3 enfants a vécu à sa manière son intégration dans le monde auquel leurs parents aspirent. Sarah a essayé de se fondre dans la masse, jouant un rôle mais gardant au fond d'elle l'impression de ne pas être à sa place. Nathan quant à lui a rejeté cet univers, plongeant dans l'alcool et la drogue, refusant de céder aux conventions, même au mariage de sa soeur. Et Clara, la benjamine, a tiré parti de erreurs de ses aînés, et s'est immédiatement intégrée dans ce monde, refusant l'isolement de son frère et de sa soeur pour se plonger dans la vie.
En trame de fond de cette introspection de Sarah, le Japon où Nathan a trouvé l'apaisement, où Sarah retrouve sa voie. Je me suis vraiment pendant cette lecture sentie au calme, comme portée par l'esprit zen des lieux et des personnages qui accompagnent Sarah dans sa quête. Ils sont des révélateurs de ses sentiments, et lui permettent de faire remonter à la surface les souvenirs enfouis pour retrouver son chemin.
Au final j'ai trouvé dans ce roman beaucoup de sujets de réflexion, qui me parlent en tant que fille, que soeur, que femme et que mère. Au-delà du plaisir de la lecture, j'y ai trouvé une incitation à voir plus loin, à réfléchir sur mes choix, mes comportements et ceux des autres.... Ce livre, j'ai pourtant eu du mal à rentrer dedans, je n'adhérais pas vraiment avec Sarah, mais c'est après l'avoir terminé que j'ai réalisé que ce n'est pas l'histoire en tant que telle qui me restera, mais tous les thèmes qu'Olivier Adam aborde avec beaucoup de finesse et de justesse.
Résumé: « Vu de loin on ne voit rien », disait souvent Nathan. Depuis la mort de ce frère tant aimé, Sarah se sent de plus en plus étrangère à sa vie, jusque-là « si parfaite ». Le coeur en cavale, elle s’enfuit au Japon et se réfugie dans un petit village au pied des falaises.
Nathan prétendait avoir trouvé la paix là-bas, auprès d’un certain Natsume. En revisitant les lieux d’élection de ce frère disparu, Sarah a l’espoir de se rapprocher, une dernière fois, de lui. Mais c’est sa propre histoire qu’elle va redécouvrir, à ses risques et périls.
Grâce à une écriture qui fait toute la place à la sensation, à l’impression, au paysage aussi bien intérieur qu’extérieur, Olivier Adam décrit les plus infimes mouvements du coeur et pose les grandes questions qui dérangent.
Ce roman m'a moins emporté que le précédent, et encore une fois j'ai parfois été gênée par les "gros mots" qui émaillent le texte, ou par les énumérations sans virgules, qui perturbent mon besoin de "clarté" dans l'écriture (je suis la reine des puces dans les documents que je rédige ;-)).
Suite au décès de son frère, Sarah bascule, son univers s'écroule, et en partant sur les traces de son frère, elle remonte dans leur histoire, dans leur relation et dans sa relation avec les autres. J'ai été touchée par l'analyse des rapports frère/soeur, par cette relation fusionnelle, "des jumeaux presque", qui se transforme au fil de l'évolution de leurs vies. Même si mes relations avec mes frères n'ont rien à voir avec ceux des personnages du livre, la description de leurs liens a fait écho à mon propre vécu: l'ambivalence des sentiments de Sarah, son envie d'aider son frère, mais son irritation face à son comportement, le fait de se retrouver prise en tenaille entre son mari et son frère, les rapports entre les 3 frère et soeurs, l'impression que notre relation est unique, et accepter que les autres aussi puissent avoir des liens forts, parfois plus forts qu'avec nous, tout ça me parle. Non que l'un d'entre nous ait des problèmes comme Nathan, mais à une moindre échelle, je me retrouve dans les sentiments de Sarah.
Olivier Adam évoque aussi les rapports avec les parents, l'envie du père que les enfants réussissent mieux que lui, qu'ils ne souffrent pas comme lui de ne pas avoir fait d'études, qu'ils mettent de leur côté toutes les chances de "réussir leur vie": "Il était obsédé par la peur que ses enfants subissent le même sort, qu'ils se trouvent entravés par l'absence de diplôme, il voulait pour nous les plus hautes écoles, les formations les plus cotées" (Editions de l'Olivier, p.164). Je comprends ce besoin du père, qui ne voudrait pas être sûr que ses enfants auront toujours un travail, un salaire, la sécurité d'un emploi "stable"....
Et pourtant, finalement Sarah, qui a suivi les souhaits de son père, finira licenciée, victime de la crise, comme quoi on n'a jamais aucune garantie sur l'avenir. Mais le motif invoqué est le manque d'intégration de Sarah dans son entreprise, son manque d'adhésion aux valeurs du groupe, comme si le fait de suivre une voie qui ne lui correspondait pas avait fini par la rattraper. Cela tendrait à dire qu'il ne faut pas choisir en fonction des autres, mais en fonction de soi. Et je pense que c'est vrai qu'il est important de ne pas se laisser imposer sa vie par les autres, par souci de convention, par envie de bien faire ou de faire plaisir. Ma mère a vu passer trop de jeunes largués dans leurs études, échouant coup sur coup en médecine et en pharma, parce qu'ils n'étaient là que parce que Papa et Maman le voulaient....
Mais à l'inverse, Nathan qui lui fait ce qu'il veut de sa vie s'est plutôt laissé emporté par sa révolte. Il a "choisi" sa vie, mais en voulant s'opposer à son père, est tombé dans une spirale qui ne lui permet finalement pas de s'épanouir.
Cette difficulté de communication parents/enfants, l'auteur l'aborde aussi au travers de la relation de Sarah avec ses enfants, mère perdue qui pense que ses enfants n'ont plus besoin d'elle, et qui ne voit pas sa fille sombrer.
Ce livre parle aussi des difficultés d'adaptation: issus d'un milieu modeste, chacun des 3 enfants a vécu à sa manière son intégration dans le monde auquel leurs parents aspirent. Sarah a essayé de se fondre dans la masse, jouant un rôle mais gardant au fond d'elle l'impression de ne pas être à sa place. Nathan quant à lui a rejeté cet univers, plongeant dans l'alcool et la drogue, refusant de céder aux conventions, même au mariage de sa soeur. Et Clara, la benjamine, a tiré parti de erreurs de ses aînés, et s'est immédiatement intégrée dans ce monde, refusant l'isolement de son frère et de sa soeur pour se plonger dans la vie.
En trame de fond de cette introspection de Sarah, le Japon où Nathan a trouvé l'apaisement, où Sarah retrouve sa voie. Je me suis vraiment pendant cette lecture sentie au calme, comme portée par l'esprit zen des lieux et des personnages qui accompagnent Sarah dans sa quête. Ils sont des révélateurs de ses sentiments, et lui permettent de faire remonter à la surface les souvenirs enfouis pour retrouver son chemin.
Au final j'ai trouvé dans ce roman beaucoup de sujets de réflexion, qui me parlent en tant que fille, que soeur, que femme et que mère. Au-delà du plaisir de la lecture, j'y ai trouvé une incitation à voir plus loin, à réfléchir sur mes choix, mes comportements et ceux des autres.... Ce livre, j'ai pourtant eu du mal à rentrer dedans, je n'adhérais pas vraiment avec Sarah, mais c'est après l'avoir terminé que j'ai réalisé que ce n'est pas l'histoire en tant que telle qui me restera, mais tous les thèmes qu'Olivier Adam aborde avec beaucoup de finesse et de justesse.