vendredi 15 décembre 2017
Toucher le fond
Je ne sais pas si c'est le lieu pour ça, je ne sais pas si cet article à pour vocation à être définitif ou provisoire, peut-être même ne sera t'il jamais lu, mais j'ai besoin de sortir ce qui me ronge, parce que c'est devenu trop lourd à porter.
Rien de grave, pas d'inquiétude, mais c'est justement ça le problème: je suis devenue tellement angoissée que la moindre petite anicroche devient une montagne impossible à gravir. C'est vrai pour le boulot, c'est vrai pour ma vie perso, et c'est en particulier particulièrement exacerbé pour mes enfants.
Depuis leur naissance, j'ai perdu tout sens de la mesure (en tout cas le peu que j'avais), je suis incapable de relativiser, de ne pas imaginer le pire. Moi qui fut capable de remonter ma mère quand elle a eu son cancer, certaine qu'elle y survivrait, j'ai définitivement oublié comment faire pour ne pas sombrer dans la spirale destructrice de l'angoisse et du stress, celle du négativisme qui fait que tout ce qui peut arriver est noir et catastrophique.
L'an dernier, avec l'accident de mon père, j'ai navigué sur le fil du rasoir, tentant au mieux de rassurer ma mère avant de m'effondrer à la maison, mais cette épreuve a laissé des traces, et je ne peux voir le nom de ma mère s'afficher à des horaires intempestifs sans présager du pire.
Tant que mon angoisse ne concernait que moi, c'était encore tenable. Mais depuis quelques années ma fille montre des signes de puberté précoce, finalement non confirmée, mais chaque nouveau symptôme me plongeait dans un tourbillon de stress. Et loin d'être calmée par les discours rassurants du médecin, je n'écoute des résultats que ce qui conforte mes angoisses au lieu de les apaiser. Ma crainte (totalement stupide, je m'excuse par avance si ça en choque certains) est qu'elle reste petite: elle a toujours été dans les grandes, toujours en haut de sa courbe, mais malgré le démarrage de sa puberté elle ne grandit pas, n'a pas de pic de croissance. Tant qu'elle n'était pas réglée, pas de souci m'a t'on dit....sauf qu'hier soir elle a eu des pertes. Règles ou pas règles, là est la question, a priori cela n'aurait rien à voir (à confirmer ce soir), mais ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que ça m'a complètement fait disjoncter, et que ma fille a fini en pleurs en me disant qu'elle ne voulait pas être "petite et obèse".
J'ai pris en pleine face ce que mon mari me répète à longueur de journée: c'est moi qui stresse mes enfants, qui leur donne des angoisses qui n'ont pas lieu d'être. Je pense qu'à force ils vont devenir complètement fous et mal dans leur peau à cause de moi, alors que je devrais être leur rempart, les aider à accepter ce qu'ils sont et à s'aimer comme ils sont.
Peut-être que comme je ne m'accepte finalement pas si bien, je n'arrive pas à jouer le rôle qui m'est imparti, mais je ne sais plus comment faire.
A mon angoisse sur leur santé, leur avenir s'ajoute donc l'angoisse de les traumatiser à vie, de faire de leur vie future un enfer où tout leur paraîtra hostile et difficile, parce que c'est ce que je leur aurais transmis.
J'ai pris conscience de ça (aidée par mes parents qui m'ont bien secouée), pris le taureau par les cornes, et je vais rendre visite au psy qui m'avait aidé lors de mon passage en PMA, pour essayer d'enfin remonter, et surtout pour donner à mes enfants la mère qu'ils méritent, pour leur donner de l'amour et de la confiance au lieu de ne leur montrer que le noir de la vie.
Je ne sais pas si je vais y arriver, mais je leur dois bien ça, pour qu'ils n'aient plus une mère nocive mais un appui pour grandir.
J'ai honte, je sais qu'on peut penser que je ne mérite pas mes enfants, tant d'articles publiés sur l'éducation bienveillante me renvoient à mes failles, à ce que je devrais être, me disent que je détruis mes enfants en me détruisant. J'essaye de faire de mon mieux, mais ça ne suffit pas, ça ne suffit plus, alors j'espère de tout coeur trouver l'aide pour enfin m'en sortir...
Comme j'aimerais te serrer dans mes bras et te dire "je te comprends". Je crois aussi que c'est pour ça qu'on a besoin d'être deux pour élever des enfants. Cela permet de trouver un équilibre entre les failles des 2 parents. N'oublie pas qu'il faut "être une mère suffisamment bonne" d'après Winnicott. Aucun besoin d'être parfaite, bien au contraire !Quant à la puberté précoce, je suis passée par là avec ma fille. Je me suis aussi inquiétée et elle a été suivie par une médecin. Au final, elle a maintenant 13 ans, elle me dépasse de quelques centimètres et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Alors, oui, être mère ça nous prend aux tripes et ce n'est pas facile tous les jours. Toutefois, je crois que tu as raison de te faire aider maintenant car il y a aussi une étape qui ne sera pas facile à gérer : l'adolescence. Il faudra que tu sois bien armée pour faire fasse à leur tempête. Encore du souci en perspective ! Mais tu vois, tu as déjà trouvé un chemin pour t'apaiser. Tu peux te faire confiance car c'est justement parce que tu te remets en question que tu progresses et tes enfants ne pourront que t'en féliciter. Je te souhaite de joyeuses fêtes. Flo
RépondreSupprimerMerci pour tes gentils mots! Je te souhaite aussi de joyeuses fêtes!
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