Troisième roman de McEwan que je découvre, après "Opération Sweet Tooth" qui m'avait bien plu, et "Solaire", qui par contre m'avait plutôt déçue. Je ne savais donc pas à quoi m'attendre pour cette lecture.
Résumé: À l’âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye
est une brillante magistrate spécialiste du droit de la famille.
Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie
personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire :
Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la
mort. Les croyances religieuses de ses parents interdisant la
transfusion sanguine qui pourrait le sauver, les médecins s’en remettent
à la cour. Après avoir entendu les deux parties, Fiona décide
soudainement de se rendre à l'hôpital, auprès du garçon. Mais cette
brève rencontre s’avère troublante et, indécise, la magistrate doit
pourtant rendre son jugement.
Fiona siège à la Chambre des Affaires familiales, elle doit tous les jours prendre des décisions qui impactent le futur de familles, en prenant toujours en compte l'intérêt de l'enfant en priorité. Trancher entre deux parents dans une affaire de garde sur fond de divergence d'opinion religieuse, décider de la vie ou la mort pour deux bébés siamois, prendre en compte le risque d'enlèvement d'un enfant par son père pour prononcer un jugement, voilà quelques affaires qui occupent Fiona au quotidien, lui faisant oublier sa vie privée, et son mari.
On entame le roman par la crise qui secoue le couple de Fiona: son mari négligé lui pose un ultimatum, qui conduit à son départ du domicile conjugal. En parallèle, elle doit rendre son jugement dans une affaire complexe et très médiatique: doit-elle obliger un jeune Témoin de Jéhova à subir une transfusion, contraire à sa religion, alors que ses parents et lui la refusent, alors que cette transfusion peut lui sauver la vie? Le cas est complexe, le jeune homme est presque majeur, à quelques mois près sa décision n'aurait pas été remise en cause. Fiona décide alors d'aller lui parler, pour se rendre compte par elle-même de sa capacité à décider, et à comprendre ce qui l'attend.
Le jugement que rend alors Fiona va bouleverser la vie d'Adam, le poussant à remettre en question le bien-fondé de sa religion et de ses principes, mais aussi celle de Fiona, qui en le rencontrant en personne donne à Adam l'impression qu'il peut attendre plus d'elle qu'un simple rôle de juge.
Fiona se retrouve donc à la limite de son rôle: faut-il répondre aux attentes d'Adam, qui sortent du cadre de son travail, comment répondre à ses interrogations sans outrepasser ses prérogatives? Quelle place est-elle prête à laisser à ce jeune homme dans sa vie?
Par essence, le rôle de Fiona est profondément humain: ses décisions influencent le destin des familles, des enfants, et même si elle peut d'appuyer sur la loi, ses jugements, basés sur l'intérêt de l'enfant, dépendent aussi de ce qu'elle ressent, de ce qu'elle peut anticiper, prévoir, donc de son humanité. Mais elle reste un juge, qui ne doit pas s'impliquer émotionnellement avec les familles, pour garantir l'impartialité de son jugement, or ce que lui demande Adam, c'est de sortir de ce cadre pour lui accorder conseil et soutien.
Comment agir dans ce cas, et comment garantir "l'intérêt de l'enfant"?
En parallèle, Fiona tente de gérer sa crise conjugale, ce qui lui donne un vrai côté humain: son rôle de juge est l'impartialité, mais dans son couple, elle est partiale, allant même jusqu'à faire ce qu'elle sait condamnable de part son métier, mais qu'elle ne peut s'empêcher de faire. Dans le cadre de sa vie privée, seules ses émotions comptent, prenant le pas sur sa raison.
Petite cerise sur le gâteau, la musique omniprésente dans la vie de Fiona, musique qui bouleverse le destin d'Adam, musique qui apaise Fiona et lui offre une échappatoire par rapport à son métier. Le piano n'a jamais représenté ça pour moi, même si j'ai plaisir à m'y remettre parfois (quand les enfants ne sont pas là pour me pousser et prendre ma place pour taper sur le clavier!), mais mon frère est comme ça, le piano est son refuge, son univers, et je comprends ce besoin de Fiona d'avoir cette ouverture vers autre chose que son quotidien.
Ce roman se lit très vite, mais il m'a laissé une sensation d'inachevé, d'inabouti. Peut-être aurais-je aimé que soit plus creusé le cas d'Adam, ce que son intrusion dans la vie de Fiona lui fait ressentir à elle. Le sujet est presque juste "effleuré", ce qui m'a laissé sur ma faim, mais qui est aussi peut-être une volonté de l'auteur de nous laisser combler par nous mêmes les blancs. Cela dit, cela reste une lecture intéressante!
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Participation au "Mois anglais" 2016.
Je veux depuis longtemps lire cet auteur et puis à chaque fois j'y renonce ....et je ne sais pas pourquoi!
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