mardi 17 juin 2014
En même temps, toute la terre et tout le ciel
Livre choisi à la bibliothèque sur les conseils de Galéa, ce roman m'a emportée (ça tombe bien, ça parle de tsunami!), mais aussi laissée perplexe. Je ne suis pas sure de réussir à mettre en mots ce que j'ai ressenti, on va quand même essayer.
Petit résumé:
Écrivain privée d’inspiration, Ruth découvre sur une plage un sac abandonné. Sans doute un des multiples restes du tsunami de 2011, qui s’échouent régulièrement sur les plages canadiennes.
A l’intérieur, un bento Hello Kitty qui renferme un journal intime, reprenant la couverture originale de À la recherche du temps perdu, mais aussi un vieux carnet et quelques lettres illisibles.
Ruth entreprend de résoudre l’énigme et de traduire le journal. Elle découvre l’histoire de Nao Yasutani, adolescente japonaise de seize ans.
Ruth et son mari, Oliver plongent dans l’intimité d’une jeune fille déracinée qui a dû regagner Tokyo, sa ville natale, terre inconnue dont elle ne maîtrise pas les codes.
Un retour brutal, le début du calvaire pour Nao : humiliée par ses camarades, la jeune fille se réfugie un temps chez son arrière-grand-mère, Jiko, fascinante nonne zen de 104 ans, ancienne anarchiste féministe, qui vit dans un temple près de Fukushima. Là, Nao apprend à être attentive à l’instant présent, à écouter les fantômes. Celui de son grand-oncle, Haruki Ier.
Nao va mieux, jusqu’à ce jour tragique à l’école. Privée de tout lien avec ses parents, la jeune fille dérive de nouveau. Au risque de se perdre complètement…
À des milliers de kilomètres, Ruth n’a qu’une obsession : sauver Nao. Mais comment la retrouver ? De quand date ce journal ? Ce peut-il que la jeune fille ait disparu, emportée par le tsunami ?
Ce roman à 2 voix nous parle de Naoko, jeune japonaise ayant grandi en Californie, et qui se retrouve perdue dans un pays qui n'est pas vraiment le sien, et de Ruth, écrivain en mal de mots réfugiée dans une île, qui se retrouve par hasard plongée dans l'histoire de Naoko.
Comme Ruth, je me suis laissée prendre par le récit de Nao, j'ai voulu savoir ce qui allait se passer, j'ai été touchée par la souffrance de cette adolescente à la dérive, qui ne peut s'appuyer sur ses parents pour traverser les épreuves infligées par ses camarades. On souffre pour cette famille dont le destin a basculé, ce père aimant qui ne sait plus comment vivre, cette mère qui s'éloigne pour porter la famille, et Naoko qui tente de survivre sans faire de vagues.
Au travers du journal de Nao, on découvre aussi sa famille, et l'impact de la Seconde Guerre Mondiale sur le Japon de l'époque. Et je dois avouer que l'arrière-grand-mère nonne qui vit avec internet et un téléphone portable, lien entre le passé et le futur, j'ai beaucoup aimé!
De l'autre côté du roman, il y a Ruth, qui s'est isolée du monde en partant sur une île, et qui cherche ses mots, incapable de se remetttre à écrire, de reprendre son travail. Elle m'a touchée, cette femme qui ne sait plus comment écrire, et qui se noit dans sa peur d'Alzheimer, la maladie qui a touché sa mère.
Finalement, ce livre nous parle de l'importance des mots, mots couchés dans un journal à destination d'un inconnu, mots qui s'effacent, mots étouffés qui font souffrir, car ce sont les non-dits qui génèrent culpabilité et souffrance chez Nao et son père, mots qu'on ne trouve plus, mots cachés et mots dévoilés. Même à l'ère de l'hyper-communication, avec internet, les blogs, les portables....les mots peuvent faire défaut.
J'ai aussi beaucoup aimé les interventions de Jiko, l'arrière-grand-mère de Nao, qui "joue" avec les mots, poussant Naoko et ses lecteurs à réfléchir. Et j'ai aussi beaucoup apprécié l'écriture qui joue sur les mots, comme le jeu sur les pronociations entre Nao et now, qui rappelle le lien de la jeune fille avec le temps.
J'ai par contre moins aimé les théories scientifiques un peu poussées d'Oliver, le mari de Ruth, et la fin m'a un peu laissée perplexe, mais je ne peux en dire plus sans dévoiler l'histoire, ce qui serait dommage.
En résumé, ce livre m'a beaucoup plu, je me suis laissée porter et emporter (merci les déplacements professionnels qui permettent de lire en journée ;-)), encore un grand merci à Galéa pour son conseil!
Hop et un autre sur ma liste!!! Merci Féli!!!!!
RépondreSupprimerDe rien, j'espère que ça te plaira! Bises!
SupprimerRho la la on en a eu la même lecture, je suis d'accord avec toi, il faut qu'Ozeki apprenne à épurer un peu (parfois elle va trop loin dans l'explication scientifique) ceci dit, quel bonheur ce roman, tu résumes ça bien: les mots qui manquent au moment de l'hyperconnexion...je suis vraiment contente.
RépondreSupprimerTu es ma référence littéraire ma Galéa! Pour l'instant tous tes conseils m'ont plu, j'ai encore tous les autres que j'ai trouvés à lire...
SupprimerSi j'arrive à partir à MArseille demain (et à en rentrer...), j'ai 7 h de trajet pour lire devant moi ;-)
Je l'ai adoré ! et j'étais presque déçue que ce soit un premier roman, j'avais vraiment envie de découvrir d'autres textes d'Ozeki !
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