lundi 31 août 2015
Lecture: Chambre 2
Pour une fois, roman emprunté au hasard des rayons, sans recommandations, juste parce que la couverture et le résumé me parlaient.
Résumé: Une maternité. Chaque porte ouvre sur l'expérience singulière d'une femme tout juste accouchée. Sensible, vulnérable, Béatrice, qui travaille là, reçoit de plein fouet ces moments extrêmes. Les chambres 2 et 4 ou encore 7 et 12 ravivent son passé de danseuse nue sillonnant les routes à la lumière des projecteurs et au son des violons. Ainsi réapparaissent Gabor, Paolo et d'autres encore, compagnons d'une vie à laquelle Béatrice a renoncé pour devenir normale. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus supporter la violence du quotidien de l'hôpital. Un hommage poignant au corps des femmes, et un regard impitoyable sur ce qu'on lui impose.
Dans ce roman, on alterne la vie de Béatrice, celle d'avant l'hôpital et son travail "normal", et les histoires de la maternité, à travers le regard de Béatrice, celui d'une femme différente, qui écoute toutes celles que croise son chemin, au gré des chambres de la maternité.
Ce qui m'a énormément plu, c'est cette vision de la maternité qui n'est pas que bonheur: il y a les angoisses, il y a les souffrances, les morts, les difficultés des jeunes mamans, parce que ce n'est pas facile d'apprivoiser son bébé, de l'allaiter, de ne pas avoir peur, et parce que tout ne s'apprend pas dans un livre. Je ne suis d'ailleurs pas sure qu'il faille lire ce livre avant d'avoir des enfants, parce que tout ne s'y passe pas bien: on y croise le déni de grossesse, la césarienne d'urgence, la perte d'un bébé à l'accouchement ou pendant la grossesse.... D'un certain côté, j'ai un peu pensé en lisant les chapitres concernant les chambres à l'émission Baby-Boom, que j'aime beaucoup regarder (oui, j'ai des occupations hautement intellectuelles): on y découvre des histoires, des vécus, pas toujours roses (même si dans Babyboom ça finit bien en général...), on voit un peu l'envers du décor, et pas uniquement les jolies photos des magasines de futures mamans, celles où les mamans sont reposées, les bébés calmes....
En parallèle, il y a la vie passée de Béatrice, cette vie d'artiste au fil des routes, sans règles et sans tabous, et qui parfois résonne avec les histoires des femmes qu'elle croise dans les chambres qu'elle visite.
Ce roman est un premier roman, et si j'ai trouvé beaucoup de finesse dans l'analyse de la maternité, je suis restée un peu "sur ma faim", il m'a manqué un petit plus de cohérence d'ensemble: même si au final les deux vies de Béatrice finissent par se recroiser, j'ai un peu eu l'impression de lire deux récits en parallèle. Mais j'en retiendrai une belle leçon sur la maternité, et sur tout ce qui fait de nous des mères.
dimanche 23 août 2015
Ma première Belladone
J'avais commandé il y a un certain temps déjà le patron de la robe "Belladone" de Deer-and-Doe, j'avais complètement craqué sur le décolleté du dos, et j'ai décidé de me lancer, en utilisant du coton noir et du biais à pois dénichés aux Coupons de Saint-Pierre, et déjà utilisés pour une jupe Chardon, de la même boutique.
Première difficulté, adapter le patron pour avoir un 38 en haut, et un 42 en bas (bouhouhou). Ca ne me paraissait pas simple, en particulier pour les pinces du haut, mais finalement en traçant la partie supérieure en 38, et la taille en 42, et en traçant les pinces de la pointe en 38 au bas en 42, ça a fonctionné plutôt pas mal.
Deuxième difficulté, j'ai décidé de border les diagonales du dos avec du biais, pour les raidir, et pour casser le côté noir de la robe. Petit hic, quand j'ai assemblé les parties du haut, soit je me suis loupée sur les coutures, soit j'avais mal prévu le biais, mais les diagonales arrivant sur les côtés s'arrêtaient trop tôt, et on voyait la fin du biais. Du coup, j'ai bidouillé pour rallonger le biais, et qu'il aille se prendre dans la couture du côté. Ce n'est pas nickel, mais au moins ça évite de faire mal fini.
Le patron est très clair, et très facile à suivre, mais au final j'ai eu une différence entre le haut le bas: le bas était plus large de 1 cm de chaque côté que le haut, ce qui m'a un peu gênée pour fermer le dos, et pour poser la fermeture éclair...... qui a été mon cauchemar! Malgré tous les conseils et les tutos trouvés sur le net, je n'arrive pas à faire une belle fermeture qu'on ne voit pas, et qui ne plisse pas....
Cela dit, même si le dos baille un peu en fonction de ma posture, et si il y a quelques ratés qui donnent des plis ou une impression étrange, je suis plutôt contente du résultat, que je vous laisse apprécier en images!
Je trouve que la photo de face ne rend pas justice à la robe (ni à moi, on dirait que je suis énorme), mais je vous la laisse pour vous donner une idée de l'ensemble.
On voit aussi les imperfections du dos, mais je pense que portée "en vrai" et donc en mouvement, ça passera inaperçu (enfin j'espère)!
En tout cas je suis ravie de cet essai, à retenter pour m'améliorer!!!!
jeudi 20 août 2015
Lecture: Meurtres à Pékin
Je ne sais plus comment j'ai choisi ce roman policier lors de mon dernier passage à la bibliothèque, mais je ne regrette pas ce choix qui m'a permis de découvrir un nouvel auteur et un nouvel univers.
Résumé: Pékin, ville baignée de tradition mais avide de modernité, une société qui se rue dans le capitalisme moderne mais profondément marquée par le système communiste. Le cadavre carbonisé d'un homme est découvert un matin dans le parce. Le même jour, deux autres corps sans vie sont trouvés à deux endroits différents de la ville. Pour seul indice, un mégot de cigarette à côté de chacun des trois corps, comme une signature. Margaret Campbell, médecin légiste aux Etats-Unis, spécialisée dans les brûlés, qui se trouve à Pékin pour une série de conférences, va se voir embarquée malgré elle dans l'enquête de Li Yan, fraîchement promu commissaire. L'Américaine rigoureuse et le policier chinois, ironique et énigmatique, choisissent deux approches totalement différentes d'un même objectif. Deux mondes s'affrontent, mais devant la complexité d'une affaire qui cache un secret monstrueux, les deux investigateurs vont devoir taire leurs oppositions et unir leurs talents pour découvrir la vérité, fût-ce au péril de leur vie. Car si les lieux sont exotiques et chargés de traditions, les dangers, eux, sont bien du XXIe siècle menace des OGM et remous dans les milieux politiques.
J'ai beaucoup aimé ce roman à la fois pour la partie enquête policière (même si elle est finalement un peu complexe à mon goût), mais surtout pour le contexte qui lui est donné.
Ce qui est très intéressant dans ce roman, c'est la confrontation de 2 mondes et de 2 cultures, avec pour chacun des deux héros principaux des a priori et des préjugés sur l'autre. Margaret débarque en Chine pour fuir son passé, elle ne sait rien d'autre sur le pays que ce qu'elle a appris, ou vu au travers des médias américains. Elle n'a même pas fait l'effort de lire les documents qui lui ont été fournis, et accumule les maladresses et les gaffes, réussissant à froisser tous les Chinois qu'elle croise.
De l'autre côté, il y Li Yan, lui aussi braqué sur ses opinions, et peu ouvert à coopérer avec Margaret.
Obligés de collaborer pour une enquête, ils vont au fur et à mesure découvrir l'autre, dans un chemin semés d'embûches et de retours en arrière, aidés par des personnages secondaires qui leur permettent de dépasser leurs préjugés.
J'ai en particulier beaucoup aimé l'oncle de Li Yan et la vendeuse de nourriture qui échange des énigmes avec le jeune policier, tous deux victimes du communisme, et en particulier de la Révolution Culturelle, mais qui ont reconstruit une vie sans s'appesantir sur ce qu'ils ont perdu, en regardant vers l'avant.
Au travers des échanges entre Margaret et les autres protagonistes, et des confrontations associés, on peut aussi réfléchir à l'image des autres pays qui est véhiculée par les médias et les politiques, qui peut finalement se révéler loin de la réalité de la vie quotidienne et du ressenti des habitants de ces pays.
Il y a aussi dans ce roman, en toile de fond de l'énigme policière, une réflexion sur les manipulations génétiques (des OGM), et sur les conséquences à court et long terme, qui parfois peuvent se révéler contradictoires. Bien sûr, ce n'est qu'une fiction, mais là encore, cela fait réfléchir.
Ce roman est le premier tome d'une série, j'ai hâte de découvrir la suite des aventures de Margaret et Li Yan!
Effraction
La semaine dernière a été un peu agitée à la Souricière: lundi soir, j'étais toute seule à la maison (Mr Souris était en déplacement pour 3 jours, et les Souriceaux sont chez leurs grands-parents). J'avoue, je suis une grande angoissée, je déteste être seule à la maison, le moindre bruit me fait paniquer ... du coup avant de me coucher, j'avais vérifié que toutes les portes, fenêtres et volets de la maison étaient bien fermées, et j'avais placé entre la porte d'entrée et celle qui monte de la cave 3 chaises pour tout bloquer (ce qui faisait bien rire Mr Souris).
1 h du matin, j'entends sonner à l'interphone. J'émerge difficilement, je me dis que ce sont des plaisantins qui s'amusent à sonner, je me rendors.
1h30: j'entends du bruit, ça me réveille, je me lève un peu en panique, j'essaye d'écouter, mais je n'entends plus rien. Je me dis que j'ai rêvé, je me recouche. Je me rendors moyen quand même.
2h: énorme bruit, mon cœur bat à 2000 à l'heure, je saute de mon lit, téléphone portable à la main, et je descends au rez-de-chaussée en courant. J'entends sans percuter un bruit de cavalcade, mais sur le coup je ne réalise pas. Arrivée au rez-de-chaussée, je vais vérifier mes chaises qui n'ont pas bougé, les portes sont toujours verrouillées, les volets tous fermés....je me dis que j'ai rêvé....mais par acquis de conscience, j'ouvre le volet du salon, et je me penche pour vérifier la porte du garage. Et là, c'est le drame!!!! La porte est ouverte, je referme la fenêtre, et j'appelle le 17, en pleine hystérie, je ne sais même pas si il y a encore des gens dans le garage.
Le policier au téléphone a été très gentil, il m'a gardé en ligne jusqu'à l'arrivée de ses équipes, et j'ai vu débarquer des policiers l'arme au poing dans mon jardin.... Pendant ce temps là j'essayais de joindre Mr Souris, qui dormait tranquillement à l'autre bout de la France.
Après avoir fait le tour du garage et du jardin, pris ma déposition et gentiment annoncé qu'en fait, ma porte de garage ne servait à rien car en PVC (les "voleurs" l'ont défoncé d'un coup de pied), les policiers s'apprêtent à repartir, me laissant seule dans la maison avec la porte du garage ouverte, et le trouillomètre au plus haut. Heureusement, avant de repartir ils m'ont aidé à descendre la voiture contre la porte du garage pour bloquer l'ouverture, m'ont donné le numéro direct du commissariat, et la consigne de rappeler en cas de problème, "mais ne vous inquiétez pas Madame, ils pensaient que la maison était vide, ils ont eu peur, et maintenant qu'ils nous ont vu, ils ne reviendront pas cette nuit" (si vous pensez que ça m'a rassuré...perdu!).
Inutile de vous dire que je ne pouvais pas aller me recoucher après ça, sur les conseils de Mr Souris j'ai appelé l'assurance, qui après m'avoir dit que je n'avais pas de dossier chez eux (!!!) m'a envoyé un vigile (ils ont proposé de m'envoyer un serrurier, mais sans porte ça ne sert à rien!!!). En attendant le vigile, qui n'est arrivé qu'1h30 plus tard, j'ai surveillé par la fenêtre, cherché des réparateurs de porte de garage...
Le lendemain, journée marathon, entre les appels à l'assurance, le relevé des empreintes, la plainte au commissariat, et la trouille qui ne descendait pas, tout ça avec une nuit blanche! Un artisan envoyé par l'assurance est venu "sécuriser" le garage, comprendre visser 2 planches pour refermer le trou. Il a fallu que je me batte pour qu'il en rajoute une, histoire d'éviter qu'on rentre trop facilement. Il a aussi fait le relevé pour le devis de remboursement... sans vérifier toute la porte. Il a donc fallu que Mr Souris rappelle l'assurance en rentrant, pour qu'il revienne chiffrer tout le reste de la porte qui a été abîmé par les coups de pieds!
Comme on était moyen rassurés par la réparation, on a mis devant la porte du garage tout ce qu'il y a de lourd dans le sous-sol (radiateurs en fonte, table en bois, caisses à outils...), histoire d'éviter de faciliter l'entrée....
Au final, plus de peur que de mal, puisqu'ils n'ont accédé qu'au sous-sol et n'ont rien pris....sauf notre tranquillité d'esprit: depuis ce moment-là, j'ai peur quand je suis seule dans la maison, même en journée, je vérifie 50 fois toutes les portes et fenêtres dès que j'entends un bruit, et je garde mes chaises contre la porte la nuit.... Bien sûr, pas question de garder notre porte de garage, maintenant qu'on sait qu'elle est fragile, mais tous les fournisseurs sont fermés (!!!), donc en attendant, on garde notre fortification! Et puis on va faire mettre une alarme (non, on n'en avait pas, je sais, ce n'était pas malin, même si ça n'empêche pas l'effraction, mais ça limite le temps qu'ils passent dans la maison...), ça ne me rassurera pas forcément si je suis dans la maison (puisqu'on ne peut appeler la police que si on constate l'effraction, ce qui sous-entend d'aller voir...), mais au moins ça nous rassurera quand on repartira en congés (enfin si j'accepte de quitter la maison!!!).
On en aura tiré au moins quelques leçons:
- si on sonne au milieu de la nuit, il faut descendre allumer les lumières
- la prochaine fois qu'on choisira une porte de garage (enfin pas celle qu'on va prendre là, mais dans le futur, si on déménage), on vérifiera que c'est le top en terme d'anti-intrusion (d'ailleurs je regrette que le vendeur n'est pas signalé que la porte n'était pas résistante, en plus c'était du sur-mesure, don cher, parce qu'au final on a tout perdu!)
- on aura au moins compris que la maison n'était pas vraiment sécurisée, on va tout faire pour améliorer ça.
Et maintenant, je n'ai plus qu'à essayer de digérer tout ça, de me dire que ce n'est arrivé qu'une fois en 5 ans qu'on est dans la maison, qu'il n'y a pas de raison que ça arrive encore, et qu'il faut que je me remette à vivre normalement ... mais ça ce n'est pas gagné!
mardi 18 août 2015
Lecture: Le diable danse à Bleeding Heart Square
Beaucoup de retard dans mes posts et mes lectures, à cause des travaux dans la maison (Mr Souris avait décidé de repeindre la véranda et l'escalier extérieur), et à cause de mes mésaventures de la semaine dernière (effraction à la maison en pleine nuit alors que j'étais là et toute seule, il faudra que je vous raconte...), je vais essayer de rattraper un peu, et en profiter pour ajouter une participation à "A year in England", grâce à ce roman d'Andrew Taylor.
Résumé: 1934. Londres. Lydia Langstone fuit la haute société anglaise et un mari violent pour trouver refuge dans une petite pension de famille sise Bleeding Heart Square. Privée des privilèges que lui conférait son statut social, elle tente de renouer avec une vie plus modeste, plus indépendante aussi. Mais très vite Lydia se trouve confrontée à d'étranges événements. Qui est cet homme qui semble surveiller nuit et jour les allées et venues dans la maison ? Qu'est devenue Miss Penhow, l'ancienne propriétaire de la pension, mystérieusement disparue ? Enfin, qui envoie des morceaux de coeur en décomposition à Joseph Serridge, le dernier pensionnaire à avoir vu Miss Penhow vivante ? Selon la légende londonienne, le diable danse à Bleeding Heart Square, cette fois il serait plutôt tapi dans l'ombre, en silence, attendant son heure.
J'ai été surprise au départ par la construction du roman, avec les extraits du journal intime de Miss Penhow et les mots de l'auteur adressés à une personne qu'on a du mal à identifier qui viennent s'intercaler à l'histoire, mais ça apporte une touche d'originalité et de suspense supplémentaire à la narration, puisqu'au final ces deux parties se rejoignent pour le dénouement.
Je ne vous parlerai pas du dénouement, bien sûr, sauf pour vous dire que je ne m'y attendais pas le moins du monde, ce qui est fort appréciable dans un roman policier.
Ce roman est à la fois une enquête policière, menée par des amateurs à la recherche de la vérité, mais aussi l'histoire de "l'émancipation" d'une femme de la bonne société anglaise, qui décide de tout laisser derrière elle pour vivre sa vie loin de son mari violent. On y découvre l'envers du décor de cette bonne société, les apparences, les trahisons, les secrets enfouis qui remontent au fur et à mesure...
On y voit aussi en toile de fond la montée du nazisme en Angleterre, avec toute la violence associée.
J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce roman, la pension de famille étrange, les personnages qui sont soit très attachants, soit détestables, les histoires qui s’emmêlent...
Une lecture facile, agréable, parfaite pour se détendre!
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Première participation du mois d'août à "A year in England"
dimanche 9 août 2015
Lecture: Ce sont des choses qui arrivent
Ce roman, c'est grâce à Galéa que j'ai eu envie de le lire, et j'ai eu la chance de le trouver à la bibliothèque en cette période estivale où beaucoup de pépites disparaissent pour deux mois des rayons....
Résumé:1945. Saint-Pierre-de-Chaillot, l’une des paroisses les plus huppées de Paris. Toute l’aristocratie, beaucoup de la politique et pas mal de l’art français se pressent pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme si élégante a traversé la guerre d’une bien étrange façon. Elle portait en elle un secret. Les gens du monde l'ont partagé en silence. « Ce sont des choses qui arrivent », a-t-on murmuré avec indulgence.
Pauline Dreyfus a dans ce roman abordé la vie pendant la seconde guerre mondiale sous un angle atypique, en se plaçant dans le monde de l'aristocratie oisive, pour laquelle la guerre n'a d'impact que parce qu'elle réduit les possibilités de mondanités et modifie les tendances de la mode.
Entre côtoyer des soldats allemands ou cesser d'aller dîner au Maxim's, leur choix a été vite fait, car comment renoncer aux plaisirs d'avant-guerre, même si cela impose d'ignorer l'occupant...à condition de ne pas croiser dans leurs rangs d'anciennes connaissances du même monde.
Natalie de Sorrente est l'illustration de cette aristocratie, cédant à l'adultère pour conjurer l'ennui, ressassant avec regret ce qui faisait sa vie d'avant, sans prendre conscience de ce que d'autres ont perdu dans cette guerre. Mais à la mort de sa mère, sa vie bascule, la poussant à s'interroger sur le sort de ceux qui sont mis au ban de la société, quand ils ne sont que sujets de plaisanterie et de discussion pour ses connaissances. Seuls les intéressent ceux qui, venant de leur monde, doivent justifier de leur non-appartenance à la communauté honnie, mais qui ont toujours de quoi prouver leur "bonne foi".
Ce questionnement, en parallèle de son addiction à la morphine qui va en grandissant, va conduire Natalie à la destruction, incapable de porter un poids que son éducation ne l'a pas préparée à accepter.
A travers ce roman, on découvre la vie mondaine de la période de guerre, les sorties au théâtre, à l'opéra, l'émergence de talents et la fin d'autres, personnages réels qui ancrent le roman dans la vie de l'époque.
Et puis dans ce roman il y a la question de l'adultère, et des enfants nés de cet adultère. Natalie a eu un fils d'un autre homme de son mari, qui l'a malgré tout reconnu, et jamais au cours du roman elle ne semble établir de parallèle entre ce qu'elle a fait et ce que sa mère avait fait avant elle. Et pourtant, ses réflexions la conduisent à tenter de "briser le cycle infernal", afin que ces choses qui arrivent n'arrivent plus.
J'ai aimé la réflexion autour des conséquences de ces adultères, ces ""choses qui arrivent, qui ont brisé l'amour de deux êtres dont les liens étaient plus étroits qu'ils ne le pensaient, qui conduisent à remettre en question les certitudes....
Même si au départ Natalie de Sorrente n'est pas une héroïne attachante, car reflet d'un milieu égoïste, profiteur..., j'ai aimé ses tentatives de révolte, qui, loin des rebellions de provocation de sa jeunesse, sont l'écho d'une réflexion autonome et à contre-courant de ce qu'elle a toujours connu, et du milieu dans lequel elle baigne. Et si elle échoue à répondre aux questions qui la tourmentent, et qui vont la conduire à sa perte, elle a au moins pour moi le mérite de se les être posées.
Au final, une très belle lecture, que je vous recommande!
Résumé:1945. Saint-Pierre-de-Chaillot, l’une des paroisses les plus huppées de Paris. Toute l’aristocratie, beaucoup de la politique et pas mal de l’art français se pressent pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme si élégante a traversé la guerre d’une bien étrange façon. Elle portait en elle un secret. Les gens du monde l'ont partagé en silence. « Ce sont des choses qui arrivent », a-t-on murmuré avec indulgence.
Revoici donc la guerre, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Natalie de Sorrente. À l'heure où la filiation décide du sort de tant d'êtres humains, comment cette femme frivole va-t-elle affronter la révélation de ses origines ?
Les affaires de famille, ce sont des choses qu’on tait. La littérature, ce sont des choses qu’on raconte. Dans ce roman où l’ironie est à la mesure du fracas des temps, Pauline Dreyfus révèle une partie du drame français.
Pauline Dreyfus a dans ce roman abordé la vie pendant la seconde guerre mondiale sous un angle atypique, en se plaçant dans le monde de l'aristocratie oisive, pour laquelle la guerre n'a d'impact que parce qu'elle réduit les possibilités de mondanités et modifie les tendances de la mode.
Entre côtoyer des soldats allemands ou cesser d'aller dîner au Maxim's, leur choix a été vite fait, car comment renoncer aux plaisirs d'avant-guerre, même si cela impose d'ignorer l'occupant...à condition de ne pas croiser dans leurs rangs d'anciennes connaissances du même monde.
Natalie de Sorrente est l'illustration de cette aristocratie, cédant à l'adultère pour conjurer l'ennui, ressassant avec regret ce qui faisait sa vie d'avant, sans prendre conscience de ce que d'autres ont perdu dans cette guerre. Mais à la mort de sa mère, sa vie bascule, la poussant à s'interroger sur le sort de ceux qui sont mis au ban de la société, quand ils ne sont que sujets de plaisanterie et de discussion pour ses connaissances. Seuls les intéressent ceux qui, venant de leur monde, doivent justifier de leur non-appartenance à la communauté honnie, mais qui ont toujours de quoi prouver leur "bonne foi".
Ce questionnement, en parallèle de son addiction à la morphine qui va en grandissant, va conduire Natalie à la destruction, incapable de porter un poids que son éducation ne l'a pas préparée à accepter.
A travers ce roman, on découvre la vie mondaine de la période de guerre, les sorties au théâtre, à l'opéra, l'émergence de talents et la fin d'autres, personnages réels qui ancrent le roman dans la vie de l'époque.
Et puis dans ce roman il y a la question de l'adultère, et des enfants nés de cet adultère. Natalie a eu un fils d'un autre homme de son mari, qui l'a malgré tout reconnu, et jamais au cours du roman elle ne semble établir de parallèle entre ce qu'elle a fait et ce que sa mère avait fait avant elle. Et pourtant, ses réflexions la conduisent à tenter de "briser le cycle infernal", afin que ces choses qui arrivent n'arrivent plus.
J'ai aimé la réflexion autour des conséquences de ces adultères, ces ""choses qui arrivent, qui ont brisé l'amour de deux êtres dont les liens étaient plus étroits qu'ils ne le pensaient, qui conduisent à remettre en question les certitudes....
Même si au départ Natalie de Sorrente n'est pas une héroïne attachante, car reflet d'un milieu égoïste, profiteur..., j'ai aimé ses tentatives de révolte, qui, loin des rebellions de provocation de sa jeunesse, sont l'écho d'une réflexion autonome et à contre-courant de ce qu'elle a toujours connu, et du milieu dans lequel elle baigne. Et si elle échoue à répondre aux questions qui la tourmentent, et qui vont la conduire à sa perte, elle a au moins pour moi le mérite de se les être posées.
Au final, une très belle lecture, que je vous recommande!
mardi 4 août 2015
Lecture: Price
Livre pioché dans le non-challenge des pépites de Galéa, où il était recommandé par Eva, c'est "Price" qui a accompagné mon retour au boulot.
Résumé: Daniel Price, dix-huit ans, a les traits de son père, la belle stature de sa mère, et une âme qui ne sait plus à quel saint se vouer. Tout commence par un combat perdu d'avance, occasion ratée de se tirer d'East Chicago, ville industrielle et prolétaire, où l'avenir se résume à passer sa vie à l'usine. Flanqué d'amis à peu près aussi paumés que lui - Larry, le teigneux, et Billy, la bonne pâte -, Daniel va, au cours de son dernier été d'adolescent, tandis que son père agonise, être emporte par la force dévastatrice d'un premier amour, quand chaque mot et chaque geste prennent des proportions démesurées. Histoire orageuse, parcourue d’égarements, de trahisons et de colère, Price raconte l’odyssée intime d'un garçon projeté brutalement dans la vie adulte, où vérité et mensonge, raison et folie finissent par se confondre. Premier roman maitrisé et fondateur, Price, par ses tensions et ses renoncements, vibre d'une incroyable puissance dramatique et décrit avec honnêteté la lutte intérieure d'un jeune homme pour assumer sa liberté par-delà le désespoir.
L'auteur nous plonge complètement dans l'univers de Daniel Price, banlieue où les jeunes n'ont pour avenir que l'usine, où la réussite des enfants fait la fierté des parents et des voisins qui n'ont jamais fait d'études. J'ai énormément aimé les personnages qui gravitent autour de Daniel, profondément humains, indécis, à la recherche du bonheur, de l'amour, de la réussite, parfois par procuration.
Pendant cet été qui va bouleverser sa vie, Daniel va découvrir l'amour, la jalousie, la souffrance, mais ce premier amour va le pousser à tout abandonner derrière lui: il coupe les liens avec ses amis, s'isole même de sa famille, alors même que cet amour n'est finalement qu'une illusion. A travers cet amour, Daniel se découvre des points communs avec son père, mais des "mauvais points", et son père dans sa déchéance cherche d'une certaine façon à attirer son fils dans son malheur, attisant sa jalousie. J'ai trouvé profondément triste le comportement de Daniel vis-à-vis de son père, en particulier son refus d'aller le voir à l'hôpital, son refus d'aider sa mère jusqu'à ce qu'il y soit contraint et forcé. Cela ne me l'a pas rendu sympathique, et je ne suis pas sure que l'amour puisse justifier ce type de comportement égoïste.
Malgré la magnifique écriture, je n'ai finalement pas vraiment accroché avec ce roman, avec ce "héros" qui ne m'a pas séduite. Peut-être que mon histoire personnelle me rend plus difficile la relation parent/enfant pendant la maladie, peut-être n'ai-je jamais vécu cet aveuglement amoureux qui empêche Daniel de voir la réalité des choses, peut-être aussi que j'attache plus d'importance à l'amitié que Daniel, mais au final ce roman me laisse un goût amer, le regret de n'avoir pas réussi à vivre cet été comme Daniel.
Résumé: Daniel Price, dix-huit ans, a les traits de son père, la belle stature de sa mère, et une âme qui ne sait plus à quel saint se vouer. Tout commence par un combat perdu d'avance, occasion ratée de se tirer d'East Chicago, ville industrielle et prolétaire, où l'avenir se résume à passer sa vie à l'usine. Flanqué d'amis à peu près aussi paumés que lui - Larry, le teigneux, et Billy, la bonne pâte -, Daniel va, au cours de son dernier été d'adolescent, tandis que son père agonise, être emporte par la force dévastatrice d'un premier amour, quand chaque mot et chaque geste prennent des proportions démesurées. Histoire orageuse, parcourue d’égarements, de trahisons et de colère, Price raconte l’odyssée intime d'un garçon projeté brutalement dans la vie adulte, où vérité et mensonge, raison et folie finissent par se confondre. Premier roman maitrisé et fondateur, Price, par ses tensions et ses renoncements, vibre d'une incroyable puissance dramatique et décrit avec honnêteté la lutte intérieure d'un jeune homme pour assumer sa liberté par-delà le désespoir.
L'auteur nous plonge complètement dans l'univers de Daniel Price, banlieue où les jeunes n'ont pour avenir que l'usine, où la réussite des enfants fait la fierté des parents et des voisins qui n'ont jamais fait d'études. J'ai énormément aimé les personnages qui gravitent autour de Daniel, profondément humains, indécis, à la recherche du bonheur, de l'amour, de la réussite, parfois par procuration.
Pendant cet été qui va bouleverser sa vie, Daniel va découvrir l'amour, la jalousie, la souffrance, mais ce premier amour va le pousser à tout abandonner derrière lui: il coupe les liens avec ses amis, s'isole même de sa famille, alors même que cet amour n'est finalement qu'une illusion. A travers cet amour, Daniel se découvre des points communs avec son père, mais des "mauvais points", et son père dans sa déchéance cherche d'une certaine façon à attirer son fils dans son malheur, attisant sa jalousie. J'ai trouvé profondément triste le comportement de Daniel vis-à-vis de son père, en particulier son refus d'aller le voir à l'hôpital, son refus d'aider sa mère jusqu'à ce qu'il y soit contraint et forcé. Cela ne me l'a pas rendu sympathique, et je ne suis pas sure que l'amour puisse justifier ce type de comportement égoïste.
Malgré la magnifique écriture, je n'ai finalement pas vraiment accroché avec ce roman, avec ce "héros" qui ne m'a pas séduite. Peut-être que mon histoire personnelle me rend plus difficile la relation parent/enfant pendant la maladie, peut-être n'ai-je jamais vécu cet aveuglement amoureux qui empêche Daniel de voir la réalité des choses, peut-être aussi que j'attache plus d'importance à l'amitié que Daniel, mais au final ce roman me laisse un goût amer, le regret de n'avoir pas réussi à vivre cet été comme Daniel.
dimanche 2 août 2015
La vie devant eux
Il allait avoir 30 ans,
Il était en couple,
Ils s'étaient installés,
C'était début janvier,
Il y a quelques années,
Pour le premier de l'an, on s'était appelés,
Mais on s'était loupés,
Nos appels s'étaient croisés,
On s'est dit c'est pas grave, on se rappellera ....
Il n'avait pas encore 30 ans,
Il est mort à moto,
C'était le meilleur ami de mon mari,
Son témoin,
Celui qui m'avait fait une place dans son cercle d'enfance,
On s'était dit qu'on avait le temps,
Mais la vie ne le lui a pas laissé.....
Il a 31 ans,
Il est beau, sympa, brillant,
Il a la vie devant lui,
Mais cette vie qui l'attend, il doit la commencer par une bataille,
Parce qu'un accident lui a pris son père et ses jambes.
Il va devoir réapprendre à les faire fonctionner,
Son avenir tout tracé vient d'être bouleversé.
J'avais eu un message en partant en congés,
Pas pressée de répondre, je l'ai fait quand je suis rentrée,
Mais entre temps, sa vie avait basculé....
C'était un collègue avec qui j'ai beaucoup bossé,
Il changé de boulot, on est restés en contact de temps en temps,
Pas au point que je connaisse sa vie privée, ou qu'on se fasse des dîners,
Mais c'est un gars bien, et ce drame m'a beaucoup touchée.
Il a décidé de "relever le challenge", comme il l'a toujours fait,
J'admire ce courage, alors qu'il vient de voir voler en éclat sa vie,
Je lui souhaite de tout mon coeur de réussir, et peut-être qu'on pourra l'y aider...
On est jeunes, on se dit qu'on a tout le temps, qu'on pourra se voir plus tard, s'appeler plus tard,
On laisse le rythme de nos vies nous emporter, mais on oublie qu'il suffit de peu pour qu'elle s'arrête.
On sait que les accidents arrivent, mais quand c'est loin de nous, on ne réalise pas que ça n'arrive pas qu'aux autres.
Parce qu'eux aussi, ils avaient la vie devant eux....
Il était en couple,
Ils s'étaient installés,
C'était début janvier,
Il y a quelques années,
Pour le premier de l'an, on s'était appelés,
Mais on s'était loupés,
Nos appels s'étaient croisés,
On s'est dit c'est pas grave, on se rappellera ....
Il n'avait pas encore 30 ans,
Il est mort à moto,
C'était le meilleur ami de mon mari,
Son témoin,
Celui qui m'avait fait une place dans son cercle d'enfance,
On s'était dit qu'on avait le temps,
Mais la vie ne le lui a pas laissé.....
Il a 31 ans,
Il est beau, sympa, brillant,
Il a la vie devant lui,
Mais cette vie qui l'attend, il doit la commencer par une bataille,
Parce qu'un accident lui a pris son père et ses jambes.
Il va devoir réapprendre à les faire fonctionner,
Son avenir tout tracé vient d'être bouleversé.
J'avais eu un message en partant en congés,
Pas pressée de répondre, je l'ai fait quand je suis rentrée,
Mais entre temps, sa vie avait basculé....
C'était un collègue avec qui j'ai beaucoup bossé,
Il changé de boulot, on est restés en contact de temps en temps,
Pas au point que je connaisse sa vie privée, ou qu'on se fasse des dîners,
Mais c'est un gars bien, et ce drame m'a beaucoup touchée.
Il a décidé de "relever le challenge", comme il l'a toujours fait,
J'admire ce courage, alors qu'il vient de voir voler en éclat sa vie,
Je lui souhaite de tout mon coeur de réussir, et peut-être qu'on pourra l'y aider...
On est jeunes, on se dit qu'on a tout le temps, qu'on pourra se voir plus tard, s'appeler plus tard,
On laisse le rythme de nos vies nous emporter, mais on oublie qu'il suffit de peu pour qu'elle s'arrête.
On sait que les accidents arrivent, mais quand c'est loin de nous, on ne réalise pas que ça n'arrive pas qu'aux autres.
Parce qu'eux aussi, ils avaient la vie devant eux....